La lutte contre le décrochage scolaire
La lutte contre le décrochage scolaire est une priorité nationale et l’un des objectifs fixés par l’Union européenne en matière d’éducation et de formation pour 2030, dans le prolongement de l’ambition portée par la "Stratégie Europe 2020" visant à réduire le nombre de sortants précoces de formation. Elle articule prévention et remédiation autour d’un objectif central : faire que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société.
Cependant, le décrochage scolaire n’est pas un phénomène uniforme et homogène. Il se matérialise par autant de trajectoires individuelles et d’histoires de vie et s’explique par une combinaison de facteurs de risques internes et externes à l’École. La réponse ne peut donc être univoque.
C'est la raison pour laquelle notre pays s'est engagé à mettre en œuvre une véritable politique partenariale de lutte contre le décrochage scolaire regroupant l'ensemble des acteurs et structures mobilisés pour la formation et l'insertion des jeunes. L'éducation nationale a porté des évolutions importantes notamment sur le plan législatif : le droit au retour en formation pour tous les jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification et l'obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans.
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Vaincre le décrochage, un enjeu de cohésion sociale et une politique portée par l’Europe
La lutte contre le décrochage constitue un enjeu majeur humain, social et économique. Pour y répondre, l'Union européenne a fixé pour objectif de réduire le taux de jeunes quittant prématurément le système éducatif à moins de 9% d’ici 2030.
La France affiche des progrès notables avec un taux d’abandon scolaire à 7,6 % en 2023, contre 11,3% en 2010, 8,2% en 2018 (Repères et Références Statistiques 2024, Depp). Ces résultats récompensent les efforts d’une approche partenariale et d’une mobilisation collective au sein des établissements scolaires notamment.
Il s'agit de réduire les inégalités concernant l’accès au savoir tout en élevant le niveau de qualification et de compétences de l'ensemble de la population scolarisée.
Prévenir, intervenir et remédier : une stratégie globale
En France, la lutte contre le décrochage scolaire repose sur trois axes complémentaires, pensés pour agir à chaque étape du parcours du jeune en difficulté :
- Prévenir : identifier et agir au plus tôt auprès des élèves en risque de décrochage dans la classe notamment. Dans chaque établissement, les enseignants et les Groupes de Prévention du Décrochage Scolaire (GPDS) jouent un rôle clé pour analyser les besoins des élèves en équipe pluriprofessionnelle et apporter, en lien avec les familles, des solutions adaptées aux besoins de chaque élève,
- Intervenir : accompagner les élèves en risque de décrochage en mobilisant les solutions de l’Éducation nationale. Les réseaux Formation Qualification Emploi (FOQUALE) rassemblent sur un territoire l’ensemble des acteurs et des dispositifs de l'éducation nationale tels que les établissements scolaires, les CIO, les Missions de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS), les structures de retour à l'école (SRE) de type microlycée. Les réseaux FOQUALE proposent des solutions concrètes et adaptées pour aider les jeunes à poursuivre leur parcours scolaire.
- Remédier : prendre en charge les jeunes sortis du système éducatif. Pour les jeunes ayant quitté le système scolaire avant l’obtention du CAP ou du baccalauréat, une prise en charge partenariale au sein des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD) est systématiquement engagée. Des dispositifs spécifiques permettent aux jeunes de renouer avec une dynamique de formation ou d’insertion à travers des parcours adaptés.
Un cadre législatif renforcé
L’Éducation nationale a porté des évolutions importantes notamment sur le plan législatif pour consolider le droit des jeunes à une éducation et une formation adaptées :
- Le droit au retour en formation (article L-122 du code de l'éducation) pour permettre à tous les jeunes de 16 à 25 ans sortis du système éducatif sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification de reprendre une formation conduisant à l’obtention d’un diplôme.
- L'obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans (article L-144 du code de l'éducation) assure que chaque mineur de 16 et 17 ans dispose d’une solution : scolarité, formation, emploi, ou engagement citoyen.
L’obligation de formation pour les jeunes de 16 à 18 ans constitue une avancée majeure, introduite par la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance. Cette mesure garantit qu’aucun jeune ne reste sans solution, en lui offrant un accompagnement adapté à ses besoins. Les parcours envisagés ne se limitent pas à la scolarité traditionnelle mais incluent des solutions variées comme l’apprentissage, le service civique ou encore des formations spécifiques dans des structures dédiées et partenariales. Depuis sa mise en place, cette mesure a permis d’orienter des milliers de jeunes vers des solutions concrètes, réduisant significativement les situations de jeunes NEET (ni en étude, ni en emploi, ni en formation). Cette mesure renforce également la collaboration entre les établissements scolaires et les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs, copilotées par les missions Locales et les centres d’information et d’orientation, en lien avec les acteurs de l’insertion professionnelle.
La politique de prévention et de lutte contre le décrochage scolaire menée depuis plusieurs années, produit aujourd’hui des effets avec la baisse sensible du nombre de jeunes qui sortent chaque année sans qualification (en moyenne 76 000 jeunes en 2021 - Repères et références statistiques 2024, Depp) et de ceux qui, ayant abandonné leurs études sans diplôme, ne se retrouvent en situation de NEET. Si le décrochage scolaire n’est en effet pas endigué, cette baisse sensible est due à un meilleur repérage des jeunes et à la mobilisation de l’ensemble des acteurs.
Sécuriser le parcours des élèves jusqu’à la qualification et l’insertion : une priorité de la réforme du lycée professionnel
Dans le cadre de la réforme du lycée professionnel mise en œuvre à la rentrée 2023, la prévention du décrochage scolaire a été significativement renforcée à travers des dispositifs tels que Tous droits ouverts et Ambition emploi. Ces mesures visent à accompagner de manière personnalisée et efficace les élèves en risque de rupture de parcours, en favorisant un repérage précoce et une prise en charge rapide qui associent les partenaires locaux de la formation et de l’insertion des jeunes.
Avec Tous droits ouverts, les élèves volontaires peuvent désormais rejoindre sous statut scolaire une structure de proximité (mission locale, école de la deuxième chance, centre EPIDE, CFA, Afpa avec la promo 16-18, etc.) tout en maintenant l’ensemble de leurs droits. Après quatre mois maximum, ils peuvent choisir de rester dans la structure d’accueil temporaire ou réintégrer leur lycée. Leur place est garantie quel que soit leur choix.
Le parcours Ambition emploi vise à sécuriser l’accès à l’emploi ou à une poursuite d’études pour tous les élèves venant d’achever leur cycle de formation au lycée professionnel. Il s’appuie sur un partenariat avec l’ensemble des acteurs territoriaux de la formation et de l’insertion des jeunes réunis au sein des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD), tout particulièrement la mission locale. La durée du parcours est adaptée aux objectifs définis pour chaque élève et ne peut excéder quatre mois.
Cette approche globale, qui associe les établissements, les familles et les acteurs de l’insertion et de l’emploi du territoire, offre une palette d’opportunités pour soutenir la motivation des jeunes, prévenir leur désengagement et faciliter leur réinsertion dans un parcours de formation ou d’insertion professionnelle.
Une gouvernance partagée Etat/Région
La loi n 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale a confié aux régions, en lien avec les autorités académiques, la mise en œuvre et la coordination des actions de prise en charge des jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ou sans un niveau de qualification suffisant.
Un protocole d’accord entre l’Etat et l’association des régions de France (ARF) relatif à la lutte contre le "décrochage" scolaire a été signé en juillet 2015. Il s’est décliné en 24 conventions "Décrochage", de type Etat-région, signées dans les territoires à la fin 2015.
La région académique constitue l’échelon de mise en cohérence des politiques éducatives régionales en particulier pour les questions requérant une coordination avec la région ou le préfet de région dans les domaines suivants : formation professionnelle, apprentissage et orientation tout au long de la vie professionnelle, définition du schéma prévisionnel des formations des établissements publics d’enseignement du second degré, enseignement supérieur et recherche, lutte contre le décrochage scolaire, service public numérique éducatif, utilisation des fonds européens, contribution aux contrats de plan État-Région. Dans ce cadre, sont nommés auprès des recteurs de région, des délégués régionaux académiques à l'information et à l'orientation (Draio) qui impulsent, coordonnent et accompagnent la politique régionale en matière d'orientation, d'affectation et de lutte contre le décrochage scolaire.
Le repérage des jeunes en situation de décrochage et la formation des acteurs
Le repérage précoce des élèves en risque de décrochage scolaire repose sur la vigilance de tous les professeurs et de l’ensemble de l’équipe éducative, en premier lieu dans la classe puis dans l’établissement avec l’appui des enseignants "référents décrochage scolaire" et du "groupe de prévention du décrochage scolaire" installé dans chaque établissement du second degré.
Une intervention coordonnée de l’ensemble de ces acteurs est visée. Ainsi, des alliances éducatives se développent regroupant les équipes pluri-professionnelles des établissements en lien avec les parents et les partenaires extérieurs de l’école.
L’ensemble de ces actions de prévention, menées en lien avec les parents et les partenaires extérieurs, sont valorisées au niveau académique dans le cadre de la "semaine de la persévérance scolaire".
Par ailleurs, des actions de formation se développent autour de l’objectif de la prévention, pour mobiliser l’ensemble des personnels intervenant dans la lutte contre le décrochage scolaire (enseignants, corps d’inspection, chefs d’établissement, responsables des réseaux "Formation qualification emploi" et "référents décrochage scolaire" en établissement). La formation vise l’amélioration du climat scolaire, l’évolution des pratiques pédagogiques et la sensibilisation des enseignants aux signes précurseurs du décrochage (passivité, modification du comportement, isolement, baisse des résultats scolaires, retards, absentéisme, etc.).
Depuis la rentrée scolaire 2017, un "certificat de professionnalisation en matière de lutte contre le décrochage scolaire" (CPLDS) atteste la qualification des personnels d’enseignement et d’éducation appelés à participer aux missions mises en place dans les services académiques et départementaux, dans les établissements scolaires pour prévenir le "décrochage" scolaire et accompagner les jeunes qui bénéficient du droit au retour en formation initiale.
L’accompagnement et la prise en charge des jeunes sortant sans diplôme ni qualification
Mise en œuvre par l’Éducation nationale
Les réseaux FOQUALE rassemblent les acteurs de l'éducation nationale intervenant dans la prise en charge des jeunes sortis sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification : établissements, Centres d’information et d’orientation (CIO), personnels de la mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS), structures de retour à l'école (SRE) de type microlycée ou lycée de la nouvelle chance.
Les réseaux FOQUALE contribuent à la palette de solutions proposées aux jeunes décrocheurs et/ou relevant de l’obligation de formation au sein des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD).
L’offre des réseaux FOQUALE comprend :
- des actions de remédiation menées au titre de la mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) visant à préparer progressivement le retour en classe ;
- des parcours personnalisés de retour en formation initiale ;
- des actions de formation sous statut scolaire, d’apprenti ou de stagiaire de la formation professionnelle ;
- des actions de formation combinées avec une mission de service civique ou un stage en entreprise ;
- des actions en lien avec une clause sociale de formation sous statut scolaire inscrite dans le cahier des charges des marchés publics au bénéfice des jeunes "décrocheurs"
- l'accueil de jeunes dans des structures de retour à l'école (SRE) de type microlycée.
Au-delà des actions menées dans le domaine de la prévention notamment en appui des GPDS en EPLE, les personnels de la MLDS développent au sein des réseaux FOQUALE une activité de conseil, d’expertise et d’ingénierie de formation. Ils contribuent à l’élaboration des bilans de positionnement et collaborent à la mise en place et au suivi des actions de formation et des parcours individualisés en lien avec les établissements d’accueil. Ils participent, en relation avec les CIO à l’évaluation des besoins de formation et à l’accompagnement des jeunes vers les organismes les mieux adaptés. Ils permettent de clarifier l’offre de formation et de services auxquels les jeunes peuvent accéder. Ils sont en mesure de proposer des solutions dans le cadre des réseaux FOQUALE.
Dans le domaine de la remédiation, les principales actions mises en place sous statut scolaire sont :
- Modules d’information et d’orientation vers des dispositifs de formation partenaires ;
- Actions de remise à niveau et de remobilisation ;
- Modules de préparation à l’examen pour des jeunes ayant échoué aux bacs généraux, technologiques ou professionnels ;
- Modules "SAS" et "passerelles" vers l’apprentissage, prépa apprentissage.
- Modules d’accueil, d’accompagnement et de soutien en "français langues étrangères" pour les jeunes "nouvellement arrivés en France"
Le développement des SRE tels que les "micro-lycées", les lycées "seconde chance", et plus récemment les "micro-collèges" pour les élèves décrocheurs et décrochés, s’est accéléré avec pour résultat un total de 122 SRE dans les voies générale, technologique et professionnelle pour plus de 4000 élèves scolarisés dans ces structures dédiées.
Le développement des SRE permet à des jeunes en rupture de parcours de formation d’être rescolarisés selon des modalités repensées et d’accéder à une diplomation. Mises en place dans la quasi-totalité des académies, ces structures se multiplient, notamment pour contribuer à la mise en œuvre de l’obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans.
Mises en œuvre par des partenaires
Les actions portées par les missions locales
Les missions locales exercent une mission de service public de proximité afin de permettre à tous les jeunes de 16 à 25 ans de surmonter les difficultés qui font obstacle à leur insertion professionnelle et sociale. La loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance dispose que les missions locales assurent le contrôle du respect de l’obligation de formation par les jeunes âgés de seize à dix-huit ans. Les missions locales co-pilotent avec les CIO les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs. Elles repèrent, accueillent, informent, orientent et accompagnent les jeunes en élaborant avec chacun un parcours personnalisé vers l’emploi ou la formation.
Les Écoles de la deuxième chance (E2c)
Les Écoles de la deuxième chance (E2c) proposent une offre spécifique aux décrocheurs de niveau infra-V avec des parcours de 4 à 18 mois pour une remise à niveau en fin de collège et une intégration à la fois sociale et professionnelle avec des périodes importantes de stages en entreprise. Les E2c accueillent 17 000 jeunes avec un taux de 62 % de sorties positives et forment un réseau de 46 écoles sur 110 sites répartis dans l'ensemble du territoire.
L’Epide
L'Epide, établissement public d'insertion dans l'emploi, accueille 4 000 jeunes décrocheurs de 17 à 25 ans sans aucune qualification ni diplôme et leur propose des sessions d'une durée moyenne de 8 mois en internat où la resocialisation est l'objectif principal. Cet organisme possède 20 centres en France métropolitaine. Les stagiaires y suivent des cours de remise à niveau et les valeurs citoyennes y sont importantes.
Le service militaire adapté (SMA) et le service militaire volontaire (SMV)
Relevant du ministère des Outremer, le service militaire adapté (SMA) est un dispositif militaire d'insertion socioprofessionnelle des jeunes ultramarins, de 18 à 25 ans, éloignés du marché de l'emploi. Le service militaire volontaire (SMV) est une contribution du ministère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et professionnelle de jeunes Français de métropole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans exclus du marché de l’emploi. Il s’agit de proposer aux jeunes un parcours d’insertion vers l’emploi, de 6 à 12 mois, au sein d’unités militaires spécifiques. Cette durée variable permettra d’offrir à tous les volontaires stagiaires un parcours individualisé qui s’organisera autour de deux piliers : formation à la vie collective et formation professionnelle.
Ressources pour les professionnels de l’éducation et partenaires de l’École
Mise à jour : décembre 2024