[ARCHIVE] Résultats des évaluations nationales 2020 en CP, CE1 et 6e

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a mis en œuvre depuis la rentrée 2017 des évaluations nationales des acquis des élèves en français et en mathématiques.

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a mis en œuvre depuis la rentrée 2017 des évaluations nationales des acquis des élèves en français et en mathématiques. Ces évaluations visent deux finalités :

  • proposer aux professeurs des repères sûrs et précis sur les acquis des élèves qu’ils accueillent dans leurs classes ; ces éléments viennent ainsi compléter leurs propres outils d’évaluation et leur permettent, grâce au bilan individualisé dont ils disposent pour chacun de leurs élèves, d’adapter la personnalisation de leur enseignement, d’approfondir ou d’infléchir leurs pratiques pédagogiques pour mieux répondre encore aux besoins de leurs élèves, a fortiori de ceux qui rencontrent des difficultés. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, dans l’enquête de satisfaction menée auprès des professeurs de CP et de CE1, 47 % ont répondu oui à la question "Cette évaluation vous a-t-elle permis de déceler des difficultés ?" ;
  • permettre à notre École de disposer d’éléments consolidés susceptibles d’éclairer les effets des politiques éducatives.

Cette action rejoint la priorité absolue donnée depuis 2017 à l’école primaire, avec une attention aiguë portée à l’acquisition des savoirs fondamentaux.

Au fil des ans, ces évaluations nationales se sont enrichies des retours d’expérience par les professeurs eux-mêmes et du travail approfondi qu’a conduit la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), épaulée par le conseil scientifique de l’éducation nationale, qui a également apporté son expertise tant sur la conception des exercices que sur l’élaboration de documents d’accompagnement. Solides, précises, elles constituent un outil très fiable sur lequel les professeurs peuvent appuyer leur réflexion pédagogique.

Les passations des évaluations nationales des acquis des élèves en 2020 se sont tenues du 14 au 25 septembre pour les classes de CP et CE1, du 14 au 2 octobre pour les classes de sixième.

Les professeurs ont déjà reçu les résultats individuels de leurs élèves et peuvent donc dès à présent les exploiter. Ces repères s’avèrent particulièrement utiles en cette rentrée 2020 : après une année scolaire 2019-2020 lors de laquelle les apprentissages des écoliers ont pu être perturbés, et dans le contexte sanitaire actuel, l’exigence de personnalisation s’impose plus que jamais.

Les premiers résultats nationaux sont disponibles. De manière générale, les résultats, en baisse par rapport à 2019, démontrent très logiquement que, malgré les efforts de tous, les apprentissages des élèves – et plus particulièrement des plus fragiles d’entre eux – ont été affectés par la situation particulière qui a touché notre pays depuis mars dernier.

En classe de CP

En classe de CP, les résultats sont, en français comme en mathématiques, en légère baisse, particulièrement sur les domaines travaillés en fin de grande section de maternelle. Par exemple, le pourcentage d’élèves ayant une maîtrise satisfaisante de la "Connaissance du nom des lettres et du son qu’elles produisent" passe de 80,1 % à 77,8 % ; celui ayant une maîtrise satisfaisante de la compétence "Manipuler des syllabes" (discrimination des sons), passe de 81,3% à 79,3% ; celui ayant une maîtrise satisfaisante de la compétence "Comprendre des mots lus par l’enseignant", de 70,3% à 69,1%.

En mathématiques, le nombre d’élèves ayant une maîtrise satisfaisante de la compétence « Résoudre des problèmes » baisse de 66,1% à 64,4%.

Cette baisse touche tous les secteurs d’enseignement, y compris le secteur privé, en mathématiques et en français. Les écarts entre le secteur hors éducation prioritaire et le secteur de l’éducation prioritaire, s’ils augmentent, sont cependant contenus au regard des circonstances : jamais cette augmentation des écarts ne dépasse deux points sauf dans deux domaines, « Connaître le nom des lettres et le son qu’elles produisent » (+2,9 points) et « Reconnaître des lettres » (+2,8 points). La baisse des résultats est à la hauteur de la hausse acquise en 2019.

Dans l’ensemble des domaines en français et dans la grande majorité des domaines en mathématiques, les filles présentent de meilleures performances que les garçons.

En classe de CE1

En classe de CE1, les baisses sont plus sensibles.

En français, alors que les performances étaient en hausse dans cinq des six domaines comparables en 2019, on observe en 2020 des baisses dans sept domaines sur huit. Ainsi, la proportion d’élèves avec une maîtrise satisfaisante baisse pour la lecture de textes de 4,8 points, pour la lecture de mots de 4,3 points et pour l’écriture de mots de 4,5 points.

Sur les six domaines comparables entre 2018, 2019, et 2020, la hausse de performance était en moyenne de 2,2 points entre 2018 et 2019, tandis que la baisse observée entre 2019 et 2020 s’élève en moyenne à 2,8 points.

Ainsi, pour la proportion d’élèves ayant une maîtrise satisfaisante des compétences suivantes, on constate les baisses entre 2019 et 2020 :

  • "Lire à voix haute des mots" : de 72,6% en 2019 à 68,3% en 2020
  • "Écrire des mots" : de 77,1% en 2019 à 72,6% en 2020.

En mathématiques, en revanche, les performances sont comparables en moyenne entre 2019 et 2020, sauf pour les élèves les plus fragiles. Seul un domaine, "Représenter des nombres entiers", connaît une baisse supérieure à 1 point (-1,2 point).

Cette baisse de résultats en CE1 touche donc tout particulièrement les domaines de la lecture et de l’écriture et ce quel que soit le secteur de scolarisation de l’élève : l’on sait que ces domaines font l’objet d’un travail intense et régulier en classe de CP. Elle touche moins la compréhension et le domaine des mathématiques. Plusieurs explications peuvent être avancées :

  • sans doute une partie de ces compétences était-elle déjà installée avant la période de confinement ;
  • sans doute encore les parents ont-ils pu davantage accompagner leurs enfants en mathématiques et en compréhension qu’en lecture et en écriture, domaines exigeant davantage de précision et de compétences.

Un tel constat confirme, s’il le fallait encore, le rôle capital du professeur, dont l’expertise dans l’apprentissage des fondamentaux de la lecture, est irremplaçable.

La baisse dans les domaines évalués en français concerne tous les secteurs d’enseignement. En mathématiques, seul le secteur de l’éducation prioritaire connaît une baisse.

De manière générale, les écarts entre le secteur hors éducation prioritaire et le secteur de l’éducation prioritaire s’accentuent en 2020 :

  • en français, alors que les écarts étaient stables entre 2018 et 2019 entre les élèves en éducation prioritaire et les élèves dans le secteur public hors éducation prioritaire, on observe entre 2019 et 2020 une hausse des écarts de performance mais qui ne dépasse jamais deux points sauf dans deux domaines : « Connaître le nom des lettres et le son qu’elle produisent » (+2,9 points) et « Reconnaître des lettres » (+2,8 points)
  • en mathématiques, la hausse des écarts entre l’éducation prioritaire et le public hors éducation prioritaire est moins marquée qu’en français. Elle dépasse 3 points dans seulement deux des sept domaines évalués à l’identique en 2019 et 2020 : « Lire des nombres entiers » et « Écrire des nombres entiers » (+4 points pour chacun d’entre eux).

Pour ces mêmes domaines, l’écart REP+/hors EP augmente lui d’un peu plus de 5 points.
Ces données montrent que les élèves issus des milieux les plus défavorisés ont été les plus été touchés par les modifications qu’a entraînées le confinement.

En début de CE1, la proportion de filles présentant une maîtrise satisfaisante en français est comparable ou supérieure à celle des garçons. En revanche, en mathématiques, on observe des écarts parfois très importants au détriment des filles, qui se sont installés en une année scolaire. Ces écarts sont de même de nature que les années précédentes.

En classe de sixième

En classe de sixième, les résultats sont très largement en hausse, en français de 6 points, en mathématiques, de 4 points. Tous les secteurs bénéficient de cette augmentation (en français, 6 points en public hors éducation prioritaire, 5 points en REP, 5 points en REP+, 8 dans l’enseignement privé ; en mathématiques, 4 points en public hors éducation prioritaire, 2 points en REP, 0 points en REP+ et 7 dans l’enseignement privé). Entre 2017 et 2020, les écarts entre les secteurs se sont réduits en français mais augmentent légèrement en mathématiques.

L’on peut donc constater que, dans leur ensemble, les élèves n’ont pas été pénalisés par la situation particulière que nous avons connue lors du second semestre de l’année scolaire dernière. Plusieurs explications peuvent être avancées :

  • les compétences évaluées en début de sixième concernent des compétences progressivement acquises et régulièrement mobilisées depuis le début du CM2 ;
  • en outre, les élèves ont pu bénéficier des dispositifs mis en place, comme les stages de réussite ou les ressources comme "Je rentre en sixième" ;
  • enfin, l’autonomie acquise par les élèves leur a sans doute permis de mieux s’approprier les démarches et les ressources proposées à distance.

Le test de fluence en début de sixième

Pour la première fois en 2020 a été organisé un test de lecture à voix haute individuelle pour les élèves entrant en sixième. Si ses résultats n’ont pas fait l’objet d’une remontée systématique, la DEPP a cependant pu analyser les résultats d ‘un échantillon représentatif de 800 collèges.

Dans l’échantillon analysé, le score moyen est de 124 mots lus en une minute, supérieur donc au seuil fixé à 120 mots qui correspond aux attendus de fin de CM2 ; 53% des scores sont au-dessus de ce seuil. Quelques chiffres sont cependant inquiétants : 15% des élèves se situent en dessous du seuil des 90 mots qui correspond aux attendus de fin de CE2 ; 31% sont en dessous du seuil des 120 mots.

Ce test de fluence révèle des difficultés désormais objectivement confirmées. L’enjeu est considérable car une fluence insuffisante révèle des compétences fondamentales de lecture qui ne sont pas consolidées et qui fragilisent donc tous les autres apprentissages : moins d’automatismes de lecture, c’est une capacité cognitive essentiellement consacrée à des tâches fondamentales de décodage et d’identification plutôt qu’à des tâches de compréhension et d’interprétation.

En résumé

En résumé, l’analyse collective partagée donne des perspectives claires :

  • au début de l’école primaire, les progrès accomplis en 2018-2019 ont été effacés pour l’année 2019-2020. La présence des enfants toute l’année, la personnalisation des parcours à laquelle ces évaluations contribuent et les pratiques pédagogiques efficaces sur lesquelles un recul sera pris, dessinent la voie de la réussite ;
  • à la fin de l’école primaire, les progrès accomplis en 2018-2019 n’ont pas été effacés, bien au contraire. Les premiers effets d’une approche renforcée des savoirs fondamentaux se manifestent de manière très encourageante. Mais il reste beaucoup à faire car la proportion d’élèves en difficultés en français et en mathématiques au début du collège reste trop élevée.

Mise à jour : mai 2022