Grenelle de l'Éducation [synthèse d'atelier] : Numérique

Consultez la synthèse des ateliers "Numérique" du Grenelle de l'Éducation.

Cet atelier répond en partie aux différentes remarques, observations et questions soulevées au cours et à l’issue du premier confinement, où tous les élèves et tous les professeurs de France se sont retrouvés connectés sur différentes plateformes numériques en substitution des cours en présentiel en salle de classe.

Nous sommes ici confrontés à un sujet majeur dans la garantie de l’égalité de chaque élève à réussir, dans des conditions similaires assurées ici par le numérique. Dans cette idée nous sommes également confrontés à une question importante, celle des bonnes conditions de travail des professeurs à travers un accompagnement dédié. Nous avons appris de ce premier confinement grâce à de nombreuses données statistiques sur tout le pays. 

De ces analyses et des différents constats et retours d’expérience, un travail doit être réalisé pour agir en faveur d’un numérique éthique, compris de tous, efficace, pertinent et visionnaire pour construire en confiance l’école de demain. Cela passe bien évidemment par l’équipement, la connexion, les compétences, mais aussi les ressources numériques pédagogiques de manière générale. 

Le travail de l’atelier se résume dans ces différents points :

Le numérique a été regardé de façon à dégager les conditions de ses usages à des fins :

  • d’augmentation (au sens numérique) des pratiques des enseignants,
  • d’amélioration des résultats et des compétences de chaque élève.

L’atelier a posé la question des environnements numériques des enseignants, de leurs élèves et de leurs familles, dans et hors du cadre scolaire lorsque l’élève réalise du travail personnel, ou que le professeur travaille sans la présence de ses élèves.  
L’atelier a pris en compte la place du numérique dans l’accompagnement des enfants par leurs responsables légaux ainsi que dans les relations entre les enseignants et les parents.
Il a été également impératif de porter attention à la montée en compétences des élèves, de leurs familles et des enseignants. Compte tenu de l’importance prise par l’internet et les réseaux sociaux, l’éducation aux médias et à l’information étaient aussi dans le champ de l’atelier.
De manière évidente, l’atelier a considéré les équipements individuels et collectifs, personnels ou non, de même que la question des supports, des ressources, des outils et des services numériques, tant dans leur diversité, leur éthique, leur profusion, leur portage, ou encore leur harmonisation. 
Enfin, l’atelier dans le cadre du levier « ouverture » a abordé le numérique de l’avenir, en ayant pour objectif de rester au service de la qualité des apprentissages (en lien étroit avec les travaux de recherche et la EdTech), de la question du lien de l’intelligence artificielle avec l’enseignement ainsi que du sujet de l’analyse des traces d’apprentissage,

L’atelier a fait le choix de ne pas aborder la question des données relatives aux parcours des élèves, mais s’est concentré sur les usages et les pratiques dans l'exercice du professeur, l’apprentissage de l’élève et l’accompagnement des représentants légaux.

Démarche suivie 

Les participants ont été destinataires en amont :

  • d’un dossier décrivant chaque problématique et chaque sujet abordés au cours de chacune des 4 séances ;
  • d’un glossaire proposant une définition des notions importantes en lien avec le sujet et potentiellement mentionnées au cours des discussions, afin de construire un registre de langue commun et un vocabulaire compris de tous ;
  • d’un dossier offrant différentes données (observations et préconisations) relevant de l’éducation nationale ou d’une coopération interministérielle, de la cour des comptes ou du sénat, de l’IFE, du conseil scientifique et du CNESCO, de la recherche et de l’international. Chacune des séances a été initiée par un apport expert et par un état des propositions d’ores et déjà existantes dont celles des états généraux du numérique. 

Les participants ont pu travailler lors de 5 séances de 2 heures (10, 16, 17 et 24 novembre ; 7 décembre) en plénière et en deux groupes d’échanges. Chaque séance proposait un axe de questionnement (voir ci-après) et conduisait au moins à 4 propositions. 
L’atelier a été construit selon une progression, du thème le plus concret (les équipements) vers le thème le plus abstrait (les outils numériques et l’intelligence artificielle), en passant par les compétences et la transformation du métier de professeur. Tout participant absent ou ayant manqué de temps de parole pouvait envoyer sa contribution après la séance. 
Lors d’une séance supplémentaire (la 5ème) des témoignages de terrain ont permis d’éclairer certaines propositions et un sondage en direct a permis de les classer par ordre de préférence et de manière anonyme (ce sondage a été réitéré quelques jours plus tard afin de le proposer à tous les participants). Les propositions sont donc proposées ci-dessous selon les quatre axes de réflexion choisis et par ordre de préférence (les propositions sont numérotées en fonction de cet ordre). 

Axe 1 : Comment équiper de manière équitable, pertinente et durable chaque élève, chaque professeur, et chaque lieu d’apprentissage ?

On entend par « équiper », le matériel individuel comme le collectif, les ENT, les systèmes d’exploitation, l’accessibilité à des logiciels bureautiques et à des services numériques spécifiques, la connexion et le débit. On prend en compte aussi des solutions comme la télévision, le Bluetooth, l’offline …  

Pour répondre aux urgences telles qu’elles se posent aujourd’hui, la première attente est de connaître et donc évaluer l’équipement des élèves par un sondage lors de leur inscription en école et en EPLE, renouvelable chaque année (car inclus dans un carnet numérique unique des élèves et de leurs familles) afin d’identifier les besoins spécifiques en termes d’achat ou de prêt ou de mettre en place les précautions techniques indispensables en cas d’utilisation de dispositifs personnels. L’atelier a également discuté de l’équipement des personnels, dans le cadre de la création d’une prime d’équipement informatique annuelle, proposition discutée dans le cadre du Grenelle de l’éducation. Il faut fournir un référentiel d’équipement (hard et soft) pour orienter les enseignants vers un socle minimal qui leur permette d’utiliser leur matériel à la maison et en classe. 

La deuxième priorité est de mettre à niveau de manière pertinente et efficace l’équipement indispensable des écoles et des EPLE (socle numérique) à condition d’en organiser une cohérence locale prenant en compte : les besoins réels des personnels ; la maturité numérique de l’école ou de l’EPLE ; la répartition optimale l’équipement donc l’ergonomie de l’école ou de l’EPLE ; la complémentarité donc une accessibilité optimisée aux équipements numériques entre les établissements scolaires et les espaces extra scolaires (tiers-lieux solidaires et numériques pour les parents et les enseignants).

L’ensemble des écoles du premier degré et des établissements du second degré sont potentiellement concernés, et ce sur l’ensemble du territoire français, en fonction de leur niveau actuel d’équipement. Priorité doit être donnée au 1D, en particulier pour doter toutes les écoles d’un ENT si possible partagé avec les collèges. Il faut en tout cas que les enseignants puissent donner leur avis et que l’ENT embarque les outils dont ils ont besoin (ce qui pourrait englober des outils dédiés au premier degré et d’autres spécifiques au second degré).

Cette mise à niveau est indissociable d’une autre demande qui est celle d’assurer la durabilité de l’équipement scolaire, en mettant en place une maintenance à deux niveaux : 

  • Locale et rapide (pendant le cours ou entre deux cours)
  • Territoriale (à l’échelle d’un réseau) et planifiée

Le groupe prend en compte que la collectivité territoriale finance la part dévolue aux équipements et à leur maintenance, mais appuie sa recommandation sur le dispositif de cofinancement notamment proposé dans le cadre du plan de relance visant à soutenir et accompagner les collectivités compétentes.
Le manque de mobilisation et d’engagement des équipes pédagogiques ou bien encore l’insuffisante formation des enseignants (de façon à les rendre autonomes quant au choix de leurs outils et pour donner du sens aux usages), constituent les principaux risques d’échec de la mesure proposée. 

Co-concevoir au niveau national un référentiel de services numériques déclinable en académie et dans les établissements scolaires afin de les centrer au mieux sur les besoins des utilisateurs (élèves et professeurs). En particulier il faut répondre aux besoins locaux et éclairés de la communauté éducative (à l’échelle d’une circonscription, d’un réseau d’écoles, de collèges et de lycées), récupérer les besoins énoncés à partir de référentiels nationaux et par des personnels formés, en particulier en permettant des achats directs de ressources pédagogiques (par exemple, en dotant les équipes d’enseignants à l’intérieur d’un établissement ou d’une école d’une carte-achat pour l’achat de ressources pédagogiques numériques, afin de s’assurer que les crédits dédiés aux ressources numériques sont adaptés aux besoins et entièrement consommés). 

Le groupe a, en dernière proposition, souhaité que l’Institution privilégie la mise à disposition d’ordinateurs avec des systèmes d’exploitation libres et Open Source qui :

  • sont gratuits,
  • nécessitent peu de maintenance, 
  • sont plus simples d’utilisation, 
  • ont un risque faible vis-à-vis des virus informatiques

On notera que ce serait également une belle mise en avant des compétences françaises reconnues dans le développement des systèmes d’exploitation libre.

Axe 2 : Comment faire monter en compétences les élèves, les professeurs et les parents ?

L’atelier n’est pas revenu sur les avancées d’ores et déjà apportées par :

  • La spécialité numérique et sciences informatiques (NSI)
  • La préparation du CAPES informatique
  • L’enseignement Sciences Numériques et Technologie (SNT).

L’atelier insiste sur le besoin de solutions pratiques et concrètes afin de former à grande échelle les acteurs du triangle élèves-professeurs-parents et d’éviter toute exclusion numérique. Le numérique constitue une compétence mais il doit aussi être envisagé comme vecteur de formation.  Durant le confinement, dans le premier degré, plus de deux tiers des enseignants ont bénéficié d’une formation à distance. 

La formation des enseignants doit permettre le développement de leur culture et de leur éthique numériques et le développement de leurs compétences numériques, dont le développement de la pensée informatique afin de permettre à chaque enseignant de développer un positionnement critique et éclairé face au numérique dans la société mais aussi dans son intégration en classe et d’être en disposition d’intégrer de manière effective des usages du numérique dans des activités d’apprentissage dans sa discipline. 

La première priorité doit être donnée à la création, la formation et l’animation d’un réseau d’acteurs numériques pédagogiques locaux. Dans le 1er degré, à ce titre les eRUN ont à porter cette formation de proximité, à condition qu’on leur reconnaisse plus facilement un rôle pédagogique. 

Concernant le second degré, d’autres ateliers du Grenelle peuvent converger sur ce point, tant sous l’angle d’une évolution de carrière vers du pilotage que sous l’angle d’une valorisation de compétences acquises au cours de la carrière : il s’agirait de proposer au sein des EPLE à un enseignant une évolution de ses missions sur tout ou partie de son service qu’il consacrerait au pilotage du projet numérique de l’école ou de l’EPLE. 

La précaution sera d’animer ces réseaux, de les outiller, de les former régulièrement afin qu’ils conservent un temps d’avance et que leur expertise ne soit pas démentie dans la durée.

La deuxième priorité porte sur des modalités de formation au numérique, par le numérique via une plateforme ouverte et collaborative. Si on permettait aux enseignants, plus précocement (formation initiale), plus fréquemment (formation continue permanente) et plus aisément de se former via le numérique, cela changerait leur regard sur l’apprentissage et sur l’hybridation. Cela pourrait passer par la mise en place d’une plateforme d’accès à des parcours de formation, unique, ouverte et collaborative conjuguant une ligne éditoriale et des appels à contributions même extérieures à l’éducation nationale. Cette action, dans son acception la plus basique mais aussi la plus élargie permettrait d’offrir aux enseignants un portail unique référençant des parcours d’ingénierie pédagogique à distance pouvant exister par exemple à l’université ou au sein d’organismes de formation afin d’hybrider l’offre de formation du ministère avec ces contenus. Aujourd’hui pour un enseignant dans sa classe cette cartographie n’existe pas.

Mais l’atelier tient à mettre cette proposition en lien avec le fait que le compte personnel de formation n’est pas en euros pour les enseignants, lesquels doivent donc toujours se former via l’Institution et que l’open badge a été un dispositif mal perçu. Il s’agit ici de valoriser tout temps de formation.

Faire de PIX un outil systématique et obligatoire d’auto positionnement, de formation et de certification des compétences numériques des personnels et des élèves, afin de favoriser la progression des compétences numériques. 

Enfin, il a été choisi comme dernière priorité de mettre en place des lieux collaboratifs à destination des parents, associant les professeurs et les élèves pour améliorer la co-formation et remédier à l’illectronisme. On peut aisément rapprocher cette proposition de celle des espaces scolaires et des tiers-lieux par exemple, évoqués précédemment.  

Axe 3 : Comment le numérique peut-il et va-t-il changer le métier d’enseignant ? 

L’atelier tient à positionner la réflexion relative aux deux prochains axes au fait que l’école est   confrontée à un sujet majeur dans la garantie de l’égalité de chaque élève à réussir, dans des conditions similaires assurées ici par le numérique, et dans les bonnes conditions de travail des professeurs à travers un accompagnement dédié. Nous avons appris de ce premier confinement grâce à de nombreuses données statistiques sur tout le pays. 

Pour inverser les tendances néfastes à l’égalité des chances et des réussites, il convient de choisir une action rapide immédiate, par le numérique, au-delà de l’équipement et la formation, mais par une transformation possible du métier d’enseignant et des ressources numériques.

Il s’agit de travailler en concertation avec les professeurs à co-construire un référentiel métier décrivant les compétences numériques adaptées aux évolutions induites par le numérique. L’atelier a pris en compte la façon dont le métier d’enseignant a déjà changé, à la faveur de l’introduction contrainte des outils numériques dans le contexte de la crise sanitaire et du confinement. Mais les participants ont vu aussi dans cette réflexion un moyen de donner l’opportunité aux professeurs eux-mêmes de redessiner les contours de leurs missions.

Les opinions s'agissant de l’intérêt du numérique sont particulièrement positives en ce qui concerne la possibilité de rendre les cours plus attractifs et préparer des séquences pédagogiques. Mais elles reculent dès lors qu’il s’agit de favoriser l’autonomie, de faire progresser l’élève ou encore d’accompagner le travail personnel de l’élève. 

Face à ces craintes, ce qui a été exprimé par les enseignants et les membres du collège des syndicats, en toute première proposition, c’est de travailler en concertation avec les professeurs à construire un référentiel décrivant finement les compétences numériques éducatives professionnelles et les gestes professionnels adaptés aux évolutions induites par le numérique et qui en tirent parti. Cela permettrait de dépasser les croyances ou les peurs concernant le développement de ces usages dans les classes tant dans ses usages sociaux, leur transposition dans l’univers professionnel ou les usages en termes d’apprentissages disciplinaires. 

Ce besoin de clarifier avec les enseignants ce métier qui tire parti du numérique croise deux autres propositions moins choisies lors du sondage (positions 3 et 4) : 

Clarifier avec entre autres l’aide des chercheurs et des inspecteurs, les limites et les apports du numérique aux apprentissages, définissant les conditions et la nature des apprentissages.

Promouvoir une ingénierie pédagogique en appui sur ce qu’apporte le numérique à une meilleure connaissance des élèves, par l’introduction de l’IA, l’analyse des traces d’apprentissage, dès la formation initiale des professeurs. Ces tâches pouvant être réalisées via ces outils numériques (personnalisation, parcours adaptatifs, …), le professeur assure des missions de transmetteur et d’accompagnant en présence de ses élèves en classe. Cette ingénierie pédagogique réfléchie permet aussi de dégager du temps à consacrer aux élèves à besoins particuliers ou spécifiques dans le groupe classe.

L’autre priorité dégagée est de créer une communauté de recherche - co-conception, co-élaboration, co-évaluation - par des appels à projets nationaux (AAP), impulsés par la DNE et la DGESCO, intégrant dès la genèse du dépôt du dossier, des établissements et écoles partenaires ; les laboratoires s’engageraient à mettre à disposition des équipes mobilisées les résultats de la recherche ; cet engagement des enseignants seraient reconnus par l’éducation nationale. L’intérêt de ces dispositifs n’est pas en doute, en particulier pour une montée en compétences des enseignants. Mais un biais peut exister néanmoins dans la mesure où les chercheurs ont avant tout pour but de publier, ce qui peut les conduire à ne pas rechercher l’aboutissement concret d’un outil pour la réussite des apprentissages dès lors que leurs objectifs peuvent être atteints à un stade intermédiaire de développement de ces outils.

Ces propositions sont le résultat d’un constat que la recherche en numérique s’accélère avec une translation plus rapide et plus simple des résultats de recherche vers l’industrie. Ce qui impactera donc inévitablement le développement dans l’éducation des  apports de l’Edtech. La proposition de développer un marché public de l’Edtech permettant aux éditeurs de développer les outils en accord avec les besoins des enseignants trouve donc toute sa place ici et ne sera pas reprise dans le quatrième axe. 

Il est donc important que le monde de l’enseignement et de la recherche se rapprochent pour co-concevoir et co-tester afin de garantir une meilleure translation des résultats de recherche vers le milieu éducatif. 

Axe 4 : Quels potentiels faut-il envisager et développer dans les outils, les ressources et les usages numériques en classe et hors la classe ?

Au cours de la séance discutant de cet axe, outre les participants habituels, l’atelier a accueilli Célia Rosentraub et Valérie Barthez, respectivement présidente et directrice des Editeurs de l’éducation.

Il faut trouver une économie pour développer, mettre à jour et diffuser les outils mis en place dans le cadre de programmes de recherche. Le chiffre d'affaires des activités numériques est encore très faible au regard du secteur de l’édition et même par comparaison avec celui de l’enseignement scolaire. De même, les ressources numériques ne représentent qu’un tiers du marché du numérique éducatif, les deux tiers restants étant occupés par les ENT.

Durant la première période de confinement, les classes virtuelles du CNED et les sites académiques ont été beaucoup utilisés. En revanche, l’exploitation des BRNE ou des cours Lumni a été très limitée alors que ces ressources sont extrêmement utiles pour les enseignants. Les ressources telles que CanoTech et Etincel, qui font pourtant partie du paysage scolaire, ont été délaissées, ce qui peut aussi constituer une piste d’interrogation. 

Le groupe a jugé nécessaire de revenir sur la co-conception des prochaines générations d’outils et de ressources par les développeurs, les enseignants, les chercheurs, les éditeurs, voire les parents, un apport du numérique pouvant certainement résider dans le suivi personnalisé des apprentissages, en aidant les familles dans le suivi scolaire.

Ces outils ont été jugés utiles mais perfectibles, étant entendu qu’ils doivent faire l’objet d’une vigilance particulière en termes de protection des données. Ansi la proposition 4.4 vise à assurer la protection des données personnelles et des données d’éducation dont le caractère sensible n’est pas suffisamment appréhendé vis-à-vis des risques d’utilisation à des fins commerciales ou à des fins dangereuses à mesure que les outils se complexifient dans le temps. 

Deux propositions émergent spécifiquement dans cet axe que l’on présentera dans cet ordre :

La mise en place d’une plate-forme gratuite, nationale, interactive et actualisée permettant un accès aux ressources en assurant leur curation, leur évaluation et leur actualisation.
Cette idée de « Netflix de l’éducation » est une demande très forte de la part des enseignants. On sait sa mise en œuvre complexe puisque déjà testée et ayant conduit à un échec. Mais l’idée de cet accès resserré est à croiser avec des demandes formalisées dans les autres axes de réflexion où les enseignants souhaitaient mutualiser leurs scenarii pédagogiques et accéder à des parcours de formation clairement identifiés. Il s’agit de voir dans cette demande la nécessité de privilégier la l’intégration des ressources dans des parcours pédagogiques créés par les enseignants, en les valorisant et en les rémunérant. Il faut de toute façon prendre en compte cette demande et si elle n’aboutit pas, travailler à une meilleure communication autour du potentiel de l’ensemble des ressources publiques, privées, co-construites ou non, produites nationalement ou localement. 

Donner de l’autonomie aux enseignants éclairés car formés et face à des ressources et des services bien identifiés, dans le choix des ressources numériques qu’ils souhaitent utiliser, en leur permettant de gérer des budgets spécifiques. Généralement, ses premiers critères de choix sont la gratuité de la ressource et la conformité avec le RGPD (règlement général de protection des données personnelles). Il devient donc crucial d’élargir les possibilités de choix des enseignants en les dotant de budgets spécifiques, selon un principe très simple, un peu comme des « comptes PayPal » qu’ils pourraient utiliser afin d’outiller leur classe. A défaut de la création de ce marché, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) risquent de prendre la place.

Pour être complet, nous signalons, une proposition (4.5.) qui engage une nouvelle approche, permettant de favoriser la continuité entre le temps de l’enseignement et le « hors la classe ». Il s’agirait de mettre en place une agora éducative embarquant des outils adaptés, jouant un rôle nouveau d’accélérateur pour les devoirs, l’auto-évaluation, l’accompagnement des familles, l’ouverture sur le monde, les projets, l’enjeu de l’engagement par le mentorat des élèves plus âgés... Dans ce moment d’agora éducative, des rencontres avec les chercheurs et les innovateurs industriels serait un optimum en matière de découverte. Dans cet ensemble, les enseignants prendraient la place qu’ils décideraient en fonction des sujets abordés. Les personnels de direction et les directeurs d’écoles, en seraient les coordinateurs, pour articuler au mieux cette dynamique sur les territoires scolaires concernés.

Mise à jour : janvier 2021

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports engage en 2021 une évolution profonde du système éducatif et des métiers des personnels de l'Éducation nationale.

Mobilisation d'experts, retours d'expériences, concertations, ateliers, agenda social : d'octobre 2020 à février 2021, suivez le Grenelle de l'éducation.

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