L'histoire de l'hôtel de Rochechouart

Bibliothèque de l'hôtel de Rochechouart - Ministère chargé de l'Éducation nationale

Au début du XVIIIe siècle, le "Pré-aux-Clercs", futur Faubourg Saint-Germain, est un quartier champêtre de la capitale, occupé par des jardins, des vignes, des vergers, et réputé pour l'air non vicié que l'on y respire.

Peu à peu, il se peuple d'hôtels nobles (on en compte vingt en 1720 et plus de deux cents en 1750) qui bordent notamment les rues de Grenelle, de l'Université, de Varenne, Saint-Dominique.Ce mouvement d'urbanisation spectaculaire tient à deux raisons essentielles : le quartier offre l'espace pour bâtir des palais "à l'italienne", clairs, aérés et disposant de vastes jardins attenants, tout en restant à portée des Tuileries et du Louvre grâce à la construction du Pont Royal.

1776

La Marquise de Courteille acquiert une parcelle de terrain rue de Grenelle afin d'y faire construire un hôtel pour sa fille unique, épouse du comte de Rochechouart. La construction est confiée à Mathurin Cherpitel, architecte du roi.

L'hôtel de Rochechouart au XVIIIe

Un passage pavé et planté d'arbres conduisait à la cour d'honneur. De part et d'autre de l'accès s'élevaient deux pavillons incurvés contenant, l'un l'écurie, l'autre les cuisines.

Au XVIIIe siècle, l'entrée principale s'effectuait par le perron de droite qui menait au vestibule et à l'escalier d'honneur avec sa superbe rampe en fer forgé.

1804

La comtesse de Rochechouart vend l'hôtel à Charles François Augereau, duc de Castiglione, maréchal et pair de France.

1829

La veuve du maréchal cède l'hôtel à l'Université et le ministère de l'instruction publique, qui vient juste d'être fondé, s'y installe. Depuis cette date, l'hôtel de Rochechouart est le siège du ministère en charge de l'éducation.

1838

Entre 1838 et 1892 diverses surélévations, constructions et acquisitions permettent l'extension des locaux du ministère : construction de la salle du conseil royal et aménagement de la bibliothèque et de salles de commissions par l'architecte Gisors, acquisition des immeubles des 54 et 56 rue de Bellechasse, achat du 108 et du 112 rue de Grenelle.

Située au premier étage, la bibliothèque a été aménagée en 1847.
Elle abrite une collection complète des journaux officiels de la République. Cette pièce est utilisée pour l'accueil de ministres étrangers ou la signature de conventions. Elle sert de cadre aux plus importantes réunions ministérielles.

Bibliothèque de l'hôtel de Rochechouart - Ministère chargé de l'Éducation nationale

1878

Guy de Maupassant est nommé attaché au cabinet du ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts où il est chargé de la correspondance du ministre.

1879

Jules Ferry est ministre de l'instruction publique et des beaux-arts de 1879 à 1883. Il organise l'enseignement laïque en proclamant la gratuité de l'enseignement primaire (16 juin 1881), la laïcité et l'obligation jusqu'à treize ans de l'enseignement primaire (28 mars 1882), et crée l'enseignement secondaire féminin (21 décembre 1880). C'est ici qu'est née l'école républicaine.

1912

Surélévation du bâtiment de la rue de Grenelle et construction de l'aile de la rue de Bellechasse par l'architecte Gagné.

1935

Édification du bâtiment de style moderne prolongeant le précédent dans la rue de Bellechasse, oeuvre de Lemaresquier.

1937

Les façades sur cour et jardin, le Grand salon doré (actuellement le bureau du ministre), et le petit bureau sont classés monuments historiques.

La façade sur le jardin est composée de neuf travées et de trois avant-corps : un avant-corps central peu saillant, rythmé par trois travées de baies, et deux avant-corps plus étroits aux deux extrémités. Le balcon central, les appuis des croisées et du balcon en fer forgé traduisent un esprit traditionnel.

Exemple typique de l'architecture Louis XVI, la façade sur cour de l'hôtel de Rochechouart se caractérise par une alternance de baies et de pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens. Le mur est en pierres de taille de la vallée de l'Oise (Saint-Leu) en élévation, et du bassin parisien, en soubassement. Le corps de logis s'élève sur quatre niveaux. Le sol de la cour d'honneur est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

1956

Construction du grand escalier du cabinet du ministre et du bâtiment en retour sur la cour d'honneur à gauche par Aublet.

Une galerie de portraits présente les ministres en charge de l'éducation de 1828 à nos jours.

1992

La décoration du Salon devenu des "Aleschinsky" a été confiée, en 1992, au peintre contemporain Pierre Alechinsky. Il a réalisé six panneaux amovibles figurant des arabesques colorées, déclinées à partir du thème de l'arbre.

1993

L'ancien corps de logis du XVIIIe siècle est classé en totalité parmi les monuments historiques.

2002

Début 2002, les 1 300 m2 de jardin ont été entièrement réaménagés.
L'espace est organisé autour du grand platane qui a très certainement été planté lors de la construction de l'hôtel.

En 2002 ont été restaurés :

  • le Grand salon doré
  • le bureau de Maupassant 

Guy de Maupassant est nommé en 1878 attaché au cabinet du ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts où il est chargé de la correspondance du ministre. Le 26 décembre 1878, il écrit à Flaubert : "Enfin je suis installé dans un beau bureau sur des jardins... Une chose me gêne. J'ai déplu au lampiste qui n'a pas encore voulu me donner une lampe. Si cela continue, j'en rendrai compte au chef de cabinet...". Durant cette période, il écrit "Boule de suif".

  • le salon Julie Daubié

Ce dernier salon a été ainsi baptisé en hommage à Julie Victoire Daubié, première femme à obtenir le baccalauréat en août 1861. Cette institutrice d'origine vosgienne, que la faculté des lettres de Paris n'a pas admise à passer le baccalauréat, l'obtient à Lyon et réussit par la suite aux examens de la licence. À cette époque, les femmes bachelières sont peu nombreuses : on en compte quinze entre 1861 et 1873. Les lambris, peintures, dorures et parquets ont été restaurés.

 

Mise à jour : mai 2025