bo Le Bulletin officiel de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports

Le Bulletin officiel de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publie des actes administratifs : décrets, arrêtés, notes de service, etc. La mise en place de mesures ministérielles et les opérations annuelles de gestion font l'objet de textes réglementaires publiés dans des BO spéciaux.

Enseignements primaire et secondaire

Actions éducatives

Soixante-dixième anniversaire de la Résistance, de la libération de la France et de la victoire sur la barbarie nazie (2013-2015)

NOR : MENE1321874N

Note de service n° 2013-135 du 10-9-2013

MEN - DGESCO B3-4

Texte adressé aux rectrices et recteurs d'académie ; aux directrices et directeurs académiques des services de l'éducation nationale

À l'occasion du soixante-dixième anniversaire des combats de la Résistance, des débarquements, de la libération de la France et de la victoire sur la barbarie nazie, des commémorations seront organisées de 2013 à 2015. Il convient d'en souligner la dimension plurielle dans le cadre général de l'unification : dans la Résistance, par la Libération et pour la victoire. Dans cette perspective, les professeurs du premier et du second degré sont invités à mettre en place des projets pédagogiques et éducatifs conformément aux objectifs, aux contenus d'enseignement, aux actions éducatives et aux ressources proposés ci-après.

1 - Objectifs pédagogiques de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la Résistance, de la libération et de la victoire sur la barbarie nazie

Le travail pédagogique reposera sur les objectifs suivants, définis par l'Inspection générale de l'éducation nationale :

1.1 Enseigner la Résistance et les résistances

1943-1944, un triple tournant :

- L'unification des différentes composantes de la Résistance intérieure à compter de la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) du 27 mai 1943, grâce à l'action de Jean Moulin.

- La reconnaissance de la Résistance extérieure, de la France libre et de la France combattante, avec la création du Comité français de libération nationale (CFLN) à Alger, le 3 juin 1943 puis, un an plus tard, du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

- La relation entre la Résistance et « l'insurrection nationale » au moment de la Libération. Elle met en lumière la singularité française au sein d'une Europe occupée où l'unité entre les résistances ne s'est pas toujours réalisée (le caractère pluriel des engagements et des territoires pourront être étudiés dans le cadre de cette thématique).

1.2 Enseigner la Libération et les libérations

Avec, en toile de fond, le quotidien des Français de métropole (le ravitaillement, les bombardements, l'oppression et la répression), depuis la libération de la Corse en octobre 1943 jusqu'à l'hiver 1944-1945 marquant la fin de la libération du territoire mais aussi les mois les plus meurtriers de la guerre, trois grands sujets sont à évoquer principalement :

- la place et le rôle des autorités françaises libres dans ce « moment » politique singulier de la Libération (les relations interalliées, en particulier avec les États-Unis d'Amérique dans le domaine de l'exercice de la souveraineté politique et le rôle et la place des armées françaises et de la Résistance dans la Libération) ;

- la pluralité des espaces géographiques concernés (les deux débarquements ; le « grand chemin » de la 2ème Division blindée de la Normandie à l'Est de la France, passant par la libération de Paris, rejointe par la 1ère Armée remontant depuis la Provence ; les fronts oubliés comme celui de l'Indochine, etc) ;

- la question du rang et de la puissance de la France de 1944-1945, (leurs bases politiques, sociales, culturelles), en mettant l'accent sur la participation présente et future de la France, aux plans politique, diplomatique et militaire, dans le concert des nations et dans le contexte des oppositions croissantes de celles-ci.

1.3 Enseigner la victoire sur la barbarie nazie

On mettra l'accent sur une triple victoire des Français et de la France : sur l'Allemagne nazie, sur le régime de Vichy et sur eux-mêmes.

 - Lors des six premiers mois de l'année 1944, se déroule une forme de guerre entre Français, au sein d'un État milicien à la solde de l'Allemagne, avec des violences, des dénonciations, des silences.

- Avec la victoire se pose la question de l'unité nationale et des forces politiques, sociales et militaires, au-delà du simple cadre chronologique de la libération du territoire. La France libérée réussit une forme d'unité, sinon d'unanimité, qui singularise la situation historique de notre pays au milieu des guerres civiles ailleurs, en cours ou à venir (Yougoslavie, Grèce, etc) dans le contexte tragique du retour des prisonniers de guerre et des déportés.

- L'année 1945 est aussi celle des premières et décisives mesures du gouvernement provisoire destinées à faire entrer dans les faits le programme du CNR et des forces issues de la Résistance. On espère alors que le pays, en partie détruit et en partie divisé, donne naissance à une France nouvelle où la place des résistants et la place de la Résistance dans les reconfigurations politiques se posent.

2. La Résistance, la Libération et la victoire sur la barbarie nazie dans les programmes d'enseignement

La Résistance, la Libération et la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie sont présents dans les programmes dès la dernière année de l'école élémentaire et dans l'enseignement secondaire.

2.1 Lors du « cycle des approfondissements » de l'école élémentaire

Sont étudiés la Seconde guerre mondiale et les repères indispensables, « jalons de l'histoire nationale et base d'une culture commune » (le B.O.EN spécial n° 3 du 19 juin 2008, mentionne : l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 ; Jean Moulin ; la fin de la guerre en Europe le 8 mai 1945 ; le droit de vote des femmes en France dès 1945).

2.2 Au collège

La Seconde guerre mondiale est étudiée en classe de troisième (chapitre II), et la vie politique dans la France contemporaine comprend une analyse de « l'effondrement et de la refondation républicaine de 1940 à 1946 » (chapitre IV).

2.3 Au lycée d'enseignement général et technologique

La Seconde guerre mondiale est étudiée en classe de première (toutes filières et séries) et « Les combats de la Résistance (contre l'occupant nazi et le régime de Vichy) et la refondation républicaine » font l'objet d'un enseignement approfondi. En classe de terminale des séries générales sont étudiés les thèmes « l'historien et les mémoires de la Seconde guerre mondiale en France » et « gouverner la France depuis 1946 ».

Dans les sections internationales des lycées qui préparent à l'option internationale du baccalauréat (OIB) à partir de programmes adaptés, en fonction des langues enseignées et des sections d'appartenance, ainsi que dans les classes préparant aux doubles diplômes (Abibac, Bachibac, Esabac) sont enseignées les thématiques relatives aux sujets de la Résistance, de la Libération et de la Victoire, dans un cadre et un contexte à la fois français et international.

2.4 Au lycée professionnel

En classe de première du lycée professionnel est enseignée la période qui va « de l'État français à la IVème république (1940-1946) », couvrant ainsi les thématiques de la Résistance, de la Libération et de la victoire.

3 - Les actions éducatives

Vous veillerez tout particulièrement, dans le cadre des programmes et du temps scolaire appropriés, à associer les équipes éducatives et les élèves aux dispositifs mis en place à l'occasion de ces commémorations.

3.1 Le concours national de la Résistance et de la Déportation

Le Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) réunit chaque année entre 35 000 et 45 000 élèves sur l'ensemble du territoire. Les élèves de troisième et les lycéens peuvent y participer de manière individuelle ou collective. L'organisation du concours est régie par l'arrêté du 21 décembre 2009 (publié au J.O.RF du 21 janvier 2010).

Pour l'année scolaire 2013-2014, le thème retenu est « La libération du territoire et le retour à la république » (note de service n° 2013-074 du 14 mai 2013 publiée au B.O.EN n°22 du 30 mai 2013). Le choix de ce thème permet de faire le lien pendant l'année scolaire 2013-2014 avec la commémoration des grands événements de la fin de l'année 1943 et ceux de l'année 1944, du soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse à celui des débarquements de Normandie et de Provence.

L'année 1944 est celle des libérations, mais aussi de l'accélération de l'extermination des Juifs, des répressions d'une armée ennemie qui, sentant l'approche de la défaite, combat les sursauts de la Résistance dans certains « maquis » (Vercors, Glières, etc.), commet des actes abominables vis-à-vis de la population civile et se bat contre les armées alliées. Ces éléments pourront bien évidemment être évoqués par les candidats.

Au delà du travail mémoriel, l'objectif de ce concours, depuis sa création en 1961, est également de sensibiliser les élèves aux questions de citoyenneté. Évoquer le rétablissement progressif des institutions républicaines en 1944, avec les jalons posés par le Conseil national de la Résistance, c'est donc offrir à la communauté éducative la possibilité de réfléchir aux valeurs qui fondent la République.

Pour obtenir plus d'informations sur le concours : eduscol.education.fr/cnrd

3.2 Les projets liés aux commémorations nationales et locales

Ce soixante-dixième anniversaire sera certainement le dernier grand moment où la France pourra rendre hommage à un nombre significatif des acteurs de cette page majeure de notre Histoire.

Les équipes éducatives sont vivement encouragées à s'inscrire par l'élaboration de projets adaptés au niveau scolaire des élèves, en privilégiant un axe intergénérationnel, dans l'important mouvement commémoratif que connaîtra la France à compter de la rentrée 2013-2014.

- Les commémorations locales de la Libération, depuis celle d'Ajaccio, première ville libérée de la France métropolitaine au 9 septembre 1943, à la reddition des derniers bastions de l'armée allemande en France après la capitulation du Reich (poche de Saint-Nazaire le 11 mai 1945), en passant par les très symboliques libérations de Paris (25 août 1944) et de Strasbourg (23 novembre 1944), ainsi que de toutes les villes et départements libérés, vont rythmer les années scolaires 2013/2014 et 2014/2015. Les élèves pourront travailler, de manière interdisciplinaire, sur la mémoire de leur territoire en exploitant les ressources locales et en échangeant avec les derniers témoins de l'époque. Les équipes éducatives veilleront à associer les élèves aux cérémonies et manifestations locales ou nationales rendant hommage aux combattants et aux victimes de la guerre lors de ces commémorations. 

- Une attention particulière sera bien évidemment portée aux commémorations nationales portant sur les débarquements de Normandie et de Provence, aux hommages aux victimes des crimes commis par l'occupant nazi (massacres d'Asq, de Tulle, d'Oradour, etc.) et son collaborateur milicien (assassinats de Victor et Hélène Basch, de Georges Mandel, de Jean Zay, etc.) et aux armées françaises dans la guerre.

- On s'attachera également à rendre hommage à tous ceux qui ont risqué et parfois perdu leur vie dans leur combat pour la France et contre la barbarie nazie. On pourra notamment mettre en lumière le rôle des femmes dans la Résistance à travers l'étude de figures connues (Berty Albrecht, Lucie Aubrac, Danielle Casanova, Charlotte Delbo, Germaine Tillion, etc.) ou moins connues.

 
4 - Ressources et partenaires

4.1 Les ressources

- Le CNDP (http://www.cndp.fr/) propose des outils pédagogiques adaptés aux programmes scolaires et aux projets pédagogiques transdisciplinaires, tels le téléfilm « Alias Caracalla, au cœur de la Résistance » (www.cndp.fr/aliascaracalla), le dossier sur les lycées dans la Résistance (http://www.cndp.fr/lycees-dans-la-resistance), le  documentaire « Les Justes » (www.cndp.fr/lesjustes), etc.

- Le portail officiel du Concours national de la Résistance et de la Déportation, mis en ligne le 27 mai 2013, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance et de la Déportation, s'enrichit progressivement de nouvelles ressources dédiées à la libération du territoire et au retour à la république, thème du concours 2013-2014 : www.cndp.fr/cnrd.

- Les ressources et documents d'accompagnement adaptés aux différents niveaux scolaires de la sixième à la terminale qui sont proposés sur le site Éduscol (http://eduscol.education.fr/pid23208/histoire-geographie-education-civique-ecjs.html) ainsi que les Édu'bases (eduscol.education.fr/les-edubases).

- L'établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD) propose de riches fonds iconographiques et un service éducatif adapté à la réception de classes travaillant sur les images de la Seconde Guerre mondiale : http://www.ecpad.fr/.  

- Les équipes pédagogiques sont encouragées à exploiter les nombreuses ressources locales : les centres régionaux et départementaux de documentation pédagogique (CRDP-CDDP), les services pédagogiques des archives départementales ou municipales qui peuvent proposer des ateliers pluridisciplinaires ainsi que les nombreux musées et lieux de mémoire qui peuvent accueillir les élèves. On pourra également se référer aux ressources pédagogiques proposées par de nombreux sites académiques.

4.2 Les partenaires

Les différents projets présentés par les classes, les écoles ou les établissements scolaires pourront s'appuyer sur les partenaires de l'éducation nationale :

- la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la défense soutient des projets pédagogiques destinés à transmettre la mémoire des conflits contemporains (www.defense.gouv.fr/memoire). Elle finance et accompagne des projets éducatifs dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'éducation nationale : eduscol.education.fr/cbcp ;

- l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), disposant d'un réseau sur l'ensemble du territoire, se tient à la disposition de la communauté éducative pour toutes les questions relatives à l'histoire combattante de la France et à la transmission de la mémoire de ses acteurs : http://www.onac-vg.fr/ ;

- les fondations mémorielles liées à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale (Fondation de la Résistance, Fondation pour la mémoire de la Déportation, Fondation de la France libre, Fondation Charles de Gaulle et Fondation pour la mémoire de la Shoah), principaux partenaires du Concours national de la Résistance et de la Déportation, participent activement à ce cycle commémoratif.

Les référents « mémoire et citoyenneté » assureront la coordination et le suivi des différentes actions menées dans les académies.

Afin d'obtenir plus d'informations, les équipes éducatives pourront se référer à la page qui précise la présente note de service sur le site Éduscol du ministère : eduscol.education.fr/70ans-2ndegm.

Pour le ministre de l'éducation nationale
et par délégation,
Le directeur général de l'enseignement scolaire,
Jean-Paul Delahaye