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Le Bulletin officiel

Programmes d'enseignement de l'école primaire

NOR : MENE0813240A

MEN - DGESCO A1-1


Vu code de l'éducation ; art. D.311-5 du code de l'éducation ; D. n° 90-788 du 6-9-1990 mod. ; A. du 9-6-2008 ; avis du CSE du 22-5-2008

Article 1 - Les programmes d’enseignement de l’école primaire sont fixés conformément aux dispositions annexées au présent arrêté.
Article 2 - Les dispositions de l’arrêté du 25 janvier 2002 modifié fixant les programmes de l’école primaire sont abrogées.
Article 3 - Le directeur général de l’enseignement scolaire est chargé de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française et entrera en vigueur à la rentrée scolaire de l’année 2008-2009.

Fait à Paris, le 9 juin 2008

Le ministre de l'Éducation nationale
Xavier Darcos

 

Préambule

Donner à chaque enfant les clés du savoir et les repères de la société dans laquelle il grandit est la première exigence de la République et l’unique ambition de l’école primaire.

Avec l’unification et l’allongement des parcours scolaires, la spécificité de l’école primaire s’est estompée. Elle a cessé d’incarner à elle seule l’idéal scolaire. Mais son rôle n’en est devenu que plus déterminant dans la réussite des élèves jusqu’au terme de la scolarité obligatoire, et au-delà. L’école primaire n’est pas une simple étape de la scolarité : c’est la clé du succès de toutes les autres. Elle construit les fondements d’une formation menant chacun à une qualification, et qui se prolongera tout au long de la vie.

C’est à la lumière de ce constat qu’il convient de tracer un nouvel horizon pour l’école primaire, tout en restant fidèle à la grande inspiration de l’école républicaine : offrir à tous les enfants des chances égales de réussite et préparer, pour tous, une intégration réussie dans la société. L’école primaire doit transmettre et faire acquérir à chaque élève les connaissances et compétences fondamentales qui seront nécessaires à la poursuite de sa scolarité au collège et, au-delà, dans les voies de formation choisies par l’élève. À cet égard, le socle commun de connaissances et de compétences institué par la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005 est la référence indispensable autour de laquelle seront organisés tous les enseignements de ce premier niveau de la scolarité obligatoire.

L’école primaire doit avoir des exigences élevées qui mettent en œuvre à la fois mémoire et faculté d’invention, raisonnement et imagination, attention et apprentissage de l’autonomie, respect des règles et esprit d’initiative.

C’est en proposant aux élèves un enseignement structuré et explicite, orienté vers l’acquisition des savoirs de base, et en leur offrant des entraînements systématiques à la lecture, à l’écriture, à la maîtrise de la langue française et des mathématiques, ainsi que de solides repères culturels, qu’on les préparera à la réussite. Le véritable moteur de la motivation des élèves réside dans l’estime de soi que donnent l’apprentissage maîtrisé et l’exercice réussi. C’est la raison pour laquelle les élèves en difficulté doivent pouvoir bénéficier d’une aide personnalisée et différenciée dès que les premières difficultés apparaissent et avant qu’elles ne soient durablement installées.

Il est également indispensable que tous les élèves soient invités à réfléchir sur des textes et des documents, à interpréter, à construire une argumentation, non seulement en français mais dans toutes les disciplines, qu’ils soient entraînés à mobiliser leurs connaissances et compétences dans des situations progressivement complexes pour questionner, rechercher et raisonner par eux-mêmes. Ils doivent pouvoir partager le sens des mots, s’exprimer à l’oral comme par écrit pour communiquer dans un cercle élargi. L’intégration à la vie collective suppose aussi que l’école fasse une place plus importante aux arts, qui donnent des références communes et stimulent la sensibilité et l’imagination. Il faut également que chaque élève puisse s’épanouir par une pratique sportive quotidienne. L’école primaire développe enfin le respect et la tolérance qui fondent les droits de l’Homme et qui se traduisent au quotidien par le respect des règles de civilité et de politesse.

Les programmes nationaux de l’école primaire définissent pour chaque domaine d’enseignement les connaissances et compétences à atteindre dans le cadre des cycles ; ils indiquent des repères annuels pour organiser la progressivité des apprentissages en français et en mathématiques. Ils laissent cependant libre le choix des méthodes et des démarches, témoignant ainsi de la confiance accordée aux maîtres pour une mise en œuvre adaptée aux élèves.

La liberté pédagogique induit une responsabilité : son exercice suppose des capacités de réflexion sur les pratiques et leurs effets. Elle implique aussi, pour les maîtres, l’obligation de s’assurer et de rendre compte régulièrement des acquis des élèves.

Les programmes de l’école primaire précisent le contenu des savoirs fondamentaux dont l’acquisition est un objectif pour tous les élèves. Les évaluations nationales de C.E.1 et C.M.2 permettront une évaluation régulière des acquis et du niveau des élèves ; elles contribueront à la validation des paliers intermédiaires de maîtrise du socle commun de connaissances et compétences.

L’ambition retrouvée de l’école primaire passe par des programmes plus courts, plus clairs et plus ambitieux : tel est l’objectif des programmes présentés.

 

Présentation

Les programmes de l’école primaire comprennent deux parties distinctes mais indissociables : les programmes proprement dits et les progressions annuelles, qui vont, en français, de la petite section de l’école maternelle au C.M.2 et, en mathématiques, du C.P au C.M.2.

La présentation adoptée répond à l’organisation de la scolarité primaire en trois cycles : cycle des apprentissages premiers, cycle des apprentissages fondamentaux et cycle des approfondissements.

La grande section constitue la dernière année de l’école maternelle tout en appartenant au cycle des apprentissages fondamentaux. Ses objectifs constituent l’aboutissement de ceux de l’école maternelle : préparer tous les enfants à maîtriser, à partir du C.P, les apprentissages fondamentaux. Afin de préserver la spécificité de son approche et de ses méthodes, les objectifs et les progressions de la grande section sont présentés avec ceux de l’école maternelle.

Les programmes de l’école primaire forment un ensemble cohérent et continu avec ceux du collège dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences défini par le décret du 11 juillet 2006, qui en constitue la référence. De façon générale, ils sont centrés sur les contenus (connaissances et compétences) que les maîtres enseignent aux élèves et que ceux-ci doivent maîtriser. Dans la partie “Programmes”, les compétences attendues en fin de cycle de l’école élémentaire pour chaque discipline ou groupe de disciplines sont explicitement référées aux sept grands domaines de compétences du socle commun. Pour l’école maternelle, les compétences attendues sont déclinées par domaines d’activités.
La partie “Progressions”, en français et en mathématiques, a pour but, quant à elle, de fournir aux enseignants des objectifs annuels précis et communs à toutes les écoles.

La présentation des programmes par discipline à l’école élémentaire ne constitue pas un obstacle à l’organisation d’activités interdisciplinaires ou transversales. Par exemple, les activités d’expression orale, de lecture ou de rédaction de textes en français ont évidemment toute leur place en sciences, en histoire et géographie, en histoire des arts et elles interviennent en mathématiques. Cependant, si l’élève s’exprime, lit et écrit en français dans toutes les disciplines, il n’en est pas moins nécessaire de réserver un horaire spécifique à l’apprentissage structuré et explicite du vocabulaire, de la grammaire et de l’orthographe.

La grille horaire de l’école élémentaire présente une nouveauté importante. Elle propose un horaire global annuel pour toutes les disciplines ou groupes de disciplines mais elle reste organisée autour d’horaires hebdomadaires en français et en mathématiques de façon à maintenir un enseignement quotidien de ces deux disciplines. Cette souplesse nouvelle permettra aux enseignants et aux équipes d’école d’organiser l’enseignement de façon globale et éventuellement transversale, en fonction de projets simultanés ou successifs et de blocs horaires adaptés et variables selon les semaines ou les mois.

Ces programmes sont précis et détaillés en matière d’objectifs et de contenus à enseigner tout en étant ouverts en termes de méthode afin de respecter strictement le principe de la liberté pédagogique inscrit dans la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École. Il appartient aux enseignants et aux équipes d’école de s’emparer résolument de cette liberté nouvelle. Le rôle de l’enseignant est en effet d’aider ses élèves à progresser dans la maîtrise des objectifs fixés par les programmes et progressions nationaux : il lui revient de choisir les méthodes les plus adaptées aux caractéristiques individuelles et aux besoins spécifiques de ses élèves. Le professeur des écoles ne saurait être un simple exécutant : à partir des objectifs nationaux, il doit inventer et mettre en œuvre les situations pédagogiques qui permettront à ses élèves de réussir dans les meilleures conditions.

Les programmes qui suivent tentent d’autant moins d’imposer le choix d’un mode d’apprentissage aux dépens d’un autre que chacun s’accorde aujourd’hui sur l’utilité d’un apprentissage structuré des automatismes et des savoir-faire instrumentaux comme sur celle du recours à des situations d’exploration, de découverte, ou de réflexion sur des problèmes à résoudre. L’accès au sens et l’acquisition des automatismes ne sont pas antinomiques : c’est aux enseignants de varier les approches et les méthodes pour lier ces deux composantes de tout apprentissage. Ce que ces programmes excluent absolument, c’est l’affirmation selon laquelle un seul modèle pédagogique devrait être privilégié en toutes circonstances et dans des classes forcément différentes. Ils invitent les enseignants à réfléchir librement aux meilleurs moyens d’atteindre les objectifs de réussite que la Nation a fixés à son école.

Si un maître est d’abord maître du choix de sa méthode, il est au service des progrès de ses élèves par rapport aux objectifs des programmes. C’est pourquoi la liberté pédagogique des enseignants va de pair avec de nouvelles modalités d’inspection des maîtres, davantage centrées sur l’évaluation des acquis des élèves. C’est une nouvelle conception du métier de professeur des écoles qui se dessine : des enseignants pleinement responsables de leurs méthodes, sachant exactement ce qu’ils ont à enseigner à leurs élèves et qui sont prêts à mettre en œuvre, au sein de leur école, les meilleures stratégies pour aider leurs élèves à apprendre.