Les collèges connectés : une utilisation plus fréquente des outils numériques par les élèves, associée à une évolution des pratiques pédagogiques des enseignants

Dans les collèges connectés depuis le début de l’expérimentation, la proportion d’enseignants qui font utiliser les outils numériques par leurs élèves est plus développée qu’ailleurs. Cette utilisation est liée, dans la plupart des disciplines, à des pratiques pédagogiques qui incitent les élèves à être acteurs de leurs apprentissages. En revanche, l’utilisation du numérique par l’enseignant seul, plus fréquente dans les collèges témoins, semble aller de pair avec des pratiques plus traditionnelles.

Auteurs : Jeanne Benhaïm-Grosse, Stéphanie Moreau, Pascal Bessonneau, DEPP-B4

L'infographie

Comparaison de l’indice moyen d’activités de différenciation pédagogique déclarées par les élèves en fonction du type d’utilisation du numérique en classe

Tous collèges confondus, l’indice moyen d’activités de différenciation pédagogique est significativement plus élevé lorsque les élèves utilisent les outils numériques en classe, à l’exception de la Langue Vivante 1 (LV1). Par contre, on ne peut établir de différences significatives à ce niveau lorsque l’outil numérique n’est pas utilisé en classe et lorsque seul le professeur l’utilise.

L'essentiel

Le dispositif améliore l’écosystème numérique des collèges, cet écosystème comprenant des éléments qui relèvent du matériel (équipement, ressources et infrastructures réseau), de l’impulsion (pilotage, accompagnement et organisation destinés à stimuler l’intégration du numérique) et de la formation (prise en main des outils numériques et pratiques pédagogiques les intégrant).

Les professeurs des collèges connectés de la première phase sont plus nombreux à faire utiliser les outils numériques en classe par leurs élèves. C’est le cas dans quasiment toutes les disciplines, avec toutefois des écarts plus sensibles dans certaines d’entre elles : 2 points seulement en éducation physique et sportive mais jusqu’à 10 ou 15 points en sciences de la vie et de la Terre (SVT), histoire-géographie-éducation civique, français, langues vivantes et mathématiques.

Cette utilisation régulière des outils numériques en classe par les élèves va de pair avec une mise en œuvre plus fréquente de pratiques pédagogiques « actives », mettant en avant des activités d’expérimentation, promouvant le travail de groupe ou la différenciation.

A contrario, lorsque l’enseignant seul utilise les outils numériques en classe, les méthodes d’enseignement semblent plus relever de pédagogies traditionnelles. Ces professeurs sont moins nombreux dans les collèges connectés de la première phase.

Repères

Qu’est-ce que le dispositif Collèges connectés ?
L’objectif de ce projet est d'identifier les conditions de succès d'un développement pertinent et massif des usages pédagogiques du numérique éducatif. Il cherche à démontrer les apports concrets du numérique pour les élèves, les enseignants et les familles ; intégrer le numérique dans le quotidien de l'établissement et de la communauté éducative ; favoriser les usages massifs et transversaux du numérique propices à la réussite scolaire.

Sur tout le territoire, 72 collèges ont été sélectionnés pour bénéficier d'investissements spécifiques et d’un accompagnement pédagogique pour leur permettre d'intégrer plus largement le numérique dans les enseignements et la vie scolaire. Inscrit dans le cadre de la stratégie « Faire entrer l’école dans l’ère numérique », ce projet est le fruit d'une collaboration entre le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, les académies et les conseils généraux.

L’évaluation du dispositif
La DEPP s’est engagée en 2014 dans une première phase de l’évaluation qui concernait les 23 collèges connectés de la première année du dispositif. Une enquête menée auprès des enseignants, des chefs d’établissement et des élèves de ces établissements visait à obtenir un premier tableau d’ensemble des usages du numérique par les enseignants et les élèves et à déterminer les facteurs favorisant une intégration réussie du numérique. Une Note d’information publiée en janvier 2015 par la DEPP fait état des principaux résultats de cette enquête.

En 2015, la deuxième phase de l’évaluation a été lancée ; cette fois-ci, ce sont les 23 collèges connectés de 2013 et les 49 nouveaux collèges connectés en 2014 qui constituent la cible de l’enquête. À ces 72 collèges s’ajoutent 102 collèges qui ont été tirés au sort en tant que collèges témoins. Cette deuxième phase interroge plus spécifiquement l’usage du numérique dans le cadre scolaire et son lien éventuel avec des pratiques pédagogiques.

Comment ont été construits les différents indices de cette étude ?

L’indice d’écosystème numérique. Une quarantaine de questions posées aux enseignants sur les aides qu’ils ont pu trouver dans leur collège pour intégrer le numérique à leurs pratiques, ont permis de construire un indice synthétique d’écosystème numérique des collèges, constitué de trois axes : le matériel, les impulsions (par exemple, l’inscription explicite du numérique dans le projet d’établissement, une culture d’établissement à propos du numérique entre collègues) et les formations au numérique.

L’indice de pratiques pédagogiques « actives ». Une soixantaine de questions ont été posées aux enseignants sur leurs pratiques durant la séance de cours. Les pratiques appelées ici « actives » favorisent la mise en activité des élèves (expérimentations, travail de groupe et différenciation) : « Je ne donne pas forcément les mêmes tâches à effectuer à tous les élèves » ; « J’essaye d’amener les élèves à résoudre des situations-problèmes avant d’en dégager les lois générales » ; « Je fais travailler les élèves en autonomie » ; « Je fais travailler les élèves en petits groupes homogènes », etc.

L’indice des activités de différenciation pédagogique. Il a été construit à partir des réponses des élèves sur les questions ayant trait aux modalités d’organisation pédagogique en classe : le travail en groupe, l’auto-évaluation, le travail en autonomie, l’individualisation des tâches : « En français, à quelle fréquence réalises-tu les activités suivantes ? Je travaille en groupe avec d’autres élèves. J’évalue mon travail tout(e) seul(e). Je travaille à mon rythme. »

Approfondissement

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Note d'information n° 02, janvier 2016

Note d'information n° 02, janvier 2015

Note d'information n° 01, janvier 2015

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Éducation et formations n° 56, avril-juin 2000