Les panels d'élèves de la DEPP : source essentielle pour connaître et évaluer le système éducatif

Le numéro 95 de la revue Éducation & formations se fait la vitrine des panels d’élèves de la DEPP. Grâce à ses enquêtes sur échantillon d’écoliers ou de collégiens suivis pendant plusieurs années, le service statistique du ministère de l’Éducation nationale observe depuis 45 ans les parcours et les performances des élèves.
L’histoire des panels, leur construction et leurs particularités sont exposées dans le premier article du numéro. Cet article de présentation a pour vocation d’informer tout un chacun des contenus des panels d’élèves en lien avec les grandes réformes du système éducatif qu…

Rédactrice en chef : Caroline Simonis-Sueur

Quarante-cinq ans de panels d’élèves à la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP)

Jean-Paul Caille

Depuis le début des années 1970, le service statistique du ministère de l’Éducation nationale met régulièrement en oeuvre des panels d’élèves à des fins d’études, pour mieux comprendre les parcours scolaires et les conditions de réussite.
Constitués au départ d’un recueil de données essentiellement administratives, ces panels ont accompagné les besoins d’information induits par les fortes transformations du système éducatif des quatre dernières décennies, en enrichissant progressivement leur dispositif par des évaluations standardisées d’acquis et des interrogations directes des élèves et de leur famille. Leur place dans le système d’information statistique d’aujourd’hui est d’autant plus pérenne que l’analyse des carrières et des performances scolaires implique le recueil d’une grande variété d’informations individuelles sur les élèves, leur famille et leur environnement, et nécessite aussi des observations répétées de leurs cheminements dans le système éducatif et de leurs acquis.
La richesse de l’information recueillie a débouché sur de nombreuses études, portant notamment sur l’équité du système éducatif, les scolarités des enfants d’immigrés, le redoublement ou encore la scolarisation à deux ans. Les panels d’élèves jouent également un rôle important dans l’aide au pilotage et à la décision publique, tout en contribuant aussi, en aval de celles-ci, à l’évaluation des politiques publiques.

Les enfants en situation de handicap
Parcours scolaires à l’école et au collège

Sylvie Le Laidier

La DEPP a mis en place en octobre 2013 un panel d’élèves en situation de handicap nés en 2001 ou en 2005 afin de connaître les parcours scolaires de ces enfants et les différents modes de prises en charge dont ils peuvent bénéficier tout au long de leur formation initiale. À la rentrée 2015, les plus jeunes ont effectué l’essentiel de leur scolarité primaire et leurs aînés de quatre ans arrivent en fin de collège. Les parcours de ces élèves tant dans le primaire qu’au début de leur parcours dans le second degré dépendent de la nature de leur trouble et de leur environnement social. Les élèves présentant un trouble intellectuel et cognitif entrent moins souvent à 6 ans à l’école élémentaire et très peu souvent à 11 ans au collège contrairement aux élèves déficients visuels ou moteurs.
Ces différences vont être accentuées pour un même trouble par l’appartenance sociale de l’élève. Ainsi un enfant présentant un trouble intellectuel et cognitif de milieu défavorisé sera moins souvent scolarisé en milieu ordinaire en primaire, et ne le sera presque jamais dans l’enseignement général en fin de collège par rapport à un enfant présentant le même trouble d’une famille très favorisée. Toutefois, à quatre ans d’intervalle, on constate, pour le s plus jeunes et quelle que soit leur origine sociale, une amélioration de l’inclusion scolaire en milieu ordinaire, favorisée par des ouvertures d’ULIS, permettant à ces enfants de rester scolarisés avec leurs pairs.

Qui choisit l’école privée, et pour quels résultats scolaires ?

Denis Fougère, Olivier Monso, Audrey Rain, Maxime Tô

Cette étude aborde la comparaison entre écoles publique et privée sous deux angles. Le premier vise à mieux comprendre le choix du secteur en début de scolarité élémentaire (CP et CE1). Ce choix diffère suivant l’environnement familial, la proximité plus ou moins grande d’une école privée du domicile, et le niveau de l’élève à l’entrée au CP.
Le second vise à juger de l’efficacité du secteur privé pour faire réussir les élèves. Une comparaison directe des résultats entre les deux secteurs n’est pas pertinente, leurs élèves n’ayant pas les mêmes caractéristiques. Pour tenir compte de ces différences, nous mobilisons les informations recueillies dans le panel d’élèves entrés au CP en 1997. L’écart de distance au domicile des parents entre les écoles privée et publique les plus proches est utilisé comme variable instrumentale.
Nous ne trouvons globalement pas d’effet significatif de la fréquentation d’une école privée en CP et CE1 sur les résultats à l’entrée en CE2, en mathématiques comme en français, ni sur la probabilité de redoubler au CP et au CE1.

Éducation prioritaire
Scolarité des élèves au collège de 2007 à 2012

Alexia Stéfanou

La politique d’éducation prioritaire a pour objectif de faire progresser les élèves dans les établissements les plus défavorisés. Le propos de cet article est, à partir des données du panel d’élèves du second degré initié par la DEPP à la rentrée 2007, de caractériser les élèves ayant été scolarisés en RAR (réseau ambition réussite) et d’analyser leur parcours.
Les élèves ayant effectué leur scolarité dans un collège en RAR cumulent les difficultés sociales et ont un niveau initial plus faible que les élèves n’ayant jamais été scolarisés en RAR. Cependant, leur parcours au collège ne diffère pas en termes de redoublement. C’est au moment de l’orientation en seconde et lors du parcours au lycée que des écarts apparaissent. Les collégiens de RAR s’orientent davantage dans le second cycle professionnel. Ils réussissent moins souvent le brevet des collèges.
En ce qui concerne les compétences en fin de collège, il y a de forts écarts entre les élèves ayant été scolarisés en RAR et les autres qui s’« expliquent » par les écarts en sixième et le milieu social.

Le changement d’établissement au collège
Quel effet sur l’évolution des résultats scolaires ?

Claudine Pirus

La mobilité scolaire au collège est une thématique qui fait l’objet, depuis plusieurs décennies, de nombreuses recherches dans les pays anglo-saxons. En France, elle a jusqu’à maintenant peu intéressé le monde de l’éducation. Les panels mis en place par la DEPP représentent une ressource statistique très riche pour mesurer non seulement la mobilité scolaire, mais aussi en comprendre les raisons et les effets.
À partir du panel d’élèves du secondaire entrés pour la première fois en sixième en 2007, le présent article étudie les causes du changement d’établissement au cours du collège et son impact sur le parcours scolaire des collégiens.
Après avoir expliqué les raisons qui motivent les familles à changer leur enfant de collège, nous mesurons ainsi les effets sur le niveau scolaire des élèves en fin de collège. Nous utilisons, ce faisant, l’appariement sur le score de propension. Cette méthode a l’avantage de permettre la comparaison des élèves qui connaissent une mobilité scolaire à ceux qui n’en connaissent pas, en contrôlant leurs profils scolaire et social. Il en ressort que la mobilité scolaire aurait un effet négatif significatif pour les élèves faibles scolairement en sixième ainsi que pour les élèves ayant un bon niveau, mais de manière moins marquée.

La concentration des enfants étrangers dans les classes de collèges
Quels effets sur les résultats scolaires ?

Denis Fougère, Noémie Kiefer, Olivier Monso, Claudine Pirus

La mixité ethnique et sociale est au coeur des réflexions sur le système scolaire français. Cet article est d’abord l’occasion de synthétiser les travaux internationaux relatifs aux effets de la présence d’enfants d’origine étrangère dans les classes. Il permet ensuite de présenter comment cette question peut être examinée à l’aide du panel 2007 d’élèves du secondaire constitué par la DEPP. Ce dernier contient en effet plusieurs mesures de performances scolaires, des informations sur l’origine nationale et sur les caractéristiques socioéconomiques des élèves, ainsi que sur le nombre d’élèves étrangers dans les classes de collège.
La corrélation négative brute que l’on observe entre la concentration d’enfants étrangers dans les classes et les scores des élèves de ces classes aux tests cognitifs passés en classe de sixième et de troisième est grandement réduite, voire annulée, par l’introduction de variables de contrôle ou d’effets fixes.

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