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Bulletin Officiel du ministère de
l'Education Nationale et
du ministère de la Recherche
 

BO N°31 du 30 août

2001
www.education.gouv.fr/bo/2001/31/encartd.htm - nous écrire
 

ENCART B.O. n°31 du 30-08-2001

DIPLÔME
"UN DES MEILLEURS OUVRIERS DE FRANCE"
N.S. n° 2001-152 du 27-7-2001
NOR : MENE0101138N
RLR : 549-3
MEN - DESCO A6

o Les trois textes, un décret et deux arrêtés, qui viennent d'être publiés au Journal officiel et sont reproduits dans le présent B.O., ont pour objet de rénover le cadre juridique du diplôme "un des meilleurs ouvriers de France" et d'organiser les conditions de sa délivrance.
Il ne s'agit pas, en effet, de la création d'un diplôme ex nihilo mais d'une harmonisation nécessaire de la réglementation régissant un diplôme ancien.

I - Un bref historique du diplôme

Pour retracer brièvement l'origine de ce diplôme, on peut retourner vers le début du XXème siècle : c'est Lucien Klotz, critique d'art et journaliste mais aussi ultérieurement inspecteur départemental de l'enseignement technique qui lance l'idée, dès 1913, d'une exposition nationale du travail afin de valoriser les métiers manuels.
Ce type d'exposition se situe dans un courant de valorisation de l'excellence professionnelle puisque sera organisée, en 1923, une "Exposition des travaux d'habileté professionnelle et des chefs d'œuvre des métiers", initiée par l'association des petits fabricants et inventeurs français qui organisait également le concours Lépine, en collaboration avec la Confédération générale de l'artisanat français, créée en 1922.
Il apparaît donc que l'idée de montrer au public les œuvres des artisans lors d'une exposition a primé. Les textes réglementaires le traduisent bien puisqu'en 1935, un décret crée d'abord une structure - un comité permanent des expositions du travail et un comité d'organisation, organes administratifs placés auprès du ministre de l'éducation nationale - chargée de trouver les œuvres et d'organiser une exposition nationale du travail.
Un arrêté du 25 mai 1935 (dit arrêté Mallarmé du nom de son signataire mais dont le prénom était Alexandre et non Stéphane), texte d'application du décret de 1935, crée véritablement le diplôme précisant que "seuls les lauréats des expositions nationales du travail passées et à venir ont le droit de porter le titre de "un des meilleurs ouvriers de France" et que seuls les titulaires du diplôme de "un des meilleurs ouvriers de France" ont droit au port de l'insigne créé après concours organisé par la direction générale de l'enseignement technique... cet insigne consiste en une médaille en bronze et émail portée au cou par une cravate aux couleurs nationales".
Des expositions ont été organisées de manière quasi continue depuis au moins 1924 avec l'interruption de 39/45. La réglementation traduit bien cette césure car le décret originel a été modifié pour la première fois en avril 1946 puis en 1949 et en 1950.
En 1952, un décret intervient relatif à l'organisation des expositions du travail qui semble remplacer celui de 1935, sans l'abroger cependant. Aucun texte d'application n'est pris et le diplôme continue d'exister par l'arrêté de 1935. Le texte de 1952 a eu six modifications successives.
En 1961, le comité d'organisation des expositions du travail, organe administratif devient une association de même dénomination gardant la charge d'organiser matériellement les opérations de l'examen et l'exposition nationale du travail (www.mof.asso.fr).
Dans la perspective de l'élaboration de la partie réglementaire du code de l'éducation s'imposait donc la clarification du paysage réglementaire.
La nouvelle réglementation a également pour effet de réaffirmer la place originale du diplôme dont on peut relever qu'il représente pour les professionnels ce que le concours général des métiers représente, au niveau national, pour les jeunes en formation initiale (lycéens, apprentis) ou les Olympiades des métiers, au niveau international.

II - Le dispositif décrétal

1 - Le champ du diplôme
Le diplôme, et le titre qu'il confère, sont décernés à un ou une professionnel(le) qui a fourni la preuve de sa compétence de très haut niveau dans son métier. Les réalisations présentées per-mettent de vérifier que ce professionnel maîtrise les techniques que leur exécution implique et possède les aptitudes à les mener à bien.
Comme par le passé, les titulaires du diplôme porteront le titre et la médaille attachée au cou par un ruban tricolore, aucune distinction ne sera faite entre les titulaires du diplôme au titre de l'ancienne réglementation et les nouveaux diplômés. De même le titre de "meilleur ouvrier de France honoris causa" peut être décerné à des personnes qui méritent d'en être honorées par les services éminents qu'elles ont rendus au comité d'organisation des expositions du travail ou aux meilleurs ouvriers de France. Il donne droit au port d'une médaille du même modèle.
Une nouveauté consiste à permettre aux diplômés d'arborer un col aux couleurs nationales sur le vêtement de travail.
Le décret ne change ni la nature ni le rythme de délivrance du diplôme qui demeure délivré au nom de l'État, tous les trois ans, par le ministre chargé de l'éducation.
En application des dispositions actuelles du code de l'éducation (art. L. 335-6), ce diplôme est homologué de droit puisque délivré par le ministre chargé de l'éducation et classé au niveau III de la nomenclature interministérielle des niveaux de formation.
2 - L'accès au diplôme
Toute personne âgée de 23 ans, au moins, à la date de clôture des inscriptions, peut se présenter, à titre individuel ou au titre d'une équipe, aucune condition de nationalité ou de durée d'exercice de la profession n'est requise. Auparavant, les non-nationaux devaient avoir exercé 5 ans sur le territoire français avant de pouvoir se présenter.
(À titre de comparaison : pour le concours général des métiers peuvent se présenter les élèves de terminale de baccalauréat professionnel, ils ont en moyenne 20 ans, l'âge maximum réglementaire est 25 ans ; pour les Olympiades des métiers les candidats doivent avoir moins de 22 ans, ils sont issus de lycées pro, de CFA, d'associations professionnelles).
3 - Les modalités de délivrance du diplôme
Il est prévu un double niveau de jury à l'égal de ce qui existe déjà : un jury de classe et un jury général.
Le jury de classe, c'est ainsi que sont dénommées les professions dont les membres sont nommés par le ministre chargé de l'éducation, fait connaître au jury général, dont les membres sont également nommés par le ministre, le nom des candidats retenus à l'issue des épreuves et le jury général, après contrôle, est seul habilité à proposer au ministre la nomination des lauréats.
Les jurys de classe et le jury général sont composés d'enseignants ou de professionnels de haut niveau.
Le président du jury général est un inspecteur général de l'éducation nationale, expressément chargé de contrôler l'ensemble des opérations de l'examen, de l'élaboration des sujets à la délivrance des diplômes.
L'organisation matérielle de l'examen - qui est dénommé en référence à l'appellation ancienne un concours mais demeure juridiquement un examen - tant au niveau local que national ainsi que celle de l'exposition nationale du travail sont confiées au comité d'organisation des expositions du travail. Cela signifie notamment, et c'est précisé dans l'arrêté relatif à l'organisation, que c'est ce comité qui sera chargé de recevoir les candidatures, de convoquer les candidats, les jurys, d'assurer l'exposition des œuvres à l'issue de l'examen.
4 - Les épreuves
Les épreuves pourront être organisées en deux groupes, selon les classes, et par décision expresse du ministre chargé de l'éducation, principalement en fonction du nombre de candidats.
Il y aura toujours une ou plusieurs épreuves pratiques matérialisées par la réalisation d'une œuvre ou de plusieurs œuvres à partir d'un sujet imposé ou d'œuvres libres incluant des contraintes techniques. En fonction des classes, pourront être ajoutées, soit une épreuve théorique ou technologique, soit la réalisation d'un dossier.

III - Le dispositif réglementaire d'application

Il s'agit de deux arrêtés d'application du décret.
1 - Le premier arrêté fixe le nombre de groupes de métiers et classe et reprend l'existant :19 métiers et 122 professions.
2 - Le second arrêté fixe les modalités d'organisation de l'examen et le fonctionnement des jurys.
a) S'agissant du jury général :
Il est prévu que son président exerce un rôle de police générale de l'examen, puisse déléguer certains des membres du jury pour participer aux travaux des commissions de choix de sujet et des jurys de classe et, en tant que de besoin, puisse faire appel à des experts extérieurs.
Par ailleurs, il a été prévu un nombre minimum de 6 personnes en deçà duquel le jury général ne peut valablement délibérer.
b) S'agissant du jury de classe :
Ce jury qui concerne 122 professions a un rôle exclusivement de proposition et sera convoqué par le comité d'organisation des expositions du travail.
c) S'agissant du déroulement de l'examen :
Les commissions de choix de sujet seront également convoquées par le comité d'organisation des expositions du travail.
Il est notamment prévu que les épreuves seront notées de 0 à 20 en points entiers. Dans la mesure du possible, les œuvres, pour une même classe, seront rendues anonymes.

IV - Pour mémoire

Le diplôme concerne plus de 200 secteurs professionnels répartis en 19 groupes de métiers et intègre dorénavant des métiers actuels comme l'imagerie numérique.
Les meilleurs ouvriers de France assurent la sauvegarde du patrimoine national : restauration de tapisseries, entretien des tapisseries d'Aubusson qui ornent le Palais de l'Élysée, hors des frontières, restauration de la statue de la Liberté...
Quelques chiffres
7906 titres ont été délivrés à ce jour, dont 321 au titre du XXIème concours, l'âge moyen des candidats est de 35 ans, le délai de réalisation de l'œuvre est de 18 mois et les MOF femmes représentent 11 %.
Le XXIème "concours", dont l'exposition nationale du travail a eu lieu à Strasbourg en novembre 2000, a clos la période d'examen 1997-2000. Il y a eu 3 412 candidats et 321 lauréats. L'exposition nationale du travail a été inaugurée par M. Lang, ministre de l'éducation nationale. Elle a attiré 50 000 visiteurs en 11 jours.
Les médailles ont été remises aux lauréats le 13 mars 2001, en Sorbonne, par M. Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel puis, comme le veut la tradition puisque tous les présidents de la République depuis Albert Lebrun sont "MOF honoris causa", M. Chirac a reçu les meilleurs ouvriers de France à l'Élysée.
L'organisation du XXIIème "concours" commence dès à présent pour se terminer au cours de l'année 2004 par l'exposition nationale du travail.

Pour le ministre de l'éducation nationale
et par délégation,
Le directeur de l'enseignement scolaire
Jean-Paul de GAUDEMAR