bo page d'accueil

Bulletin Officiel
de l'Education Nationale
 

supplément au N°23 du 10 juin

1999

www.education.gouv.fr/bo/1999/sup23/SCOB9901255X.htm- vaguemestre@education.gouv.fr


LA MUTATION DES COLLÈGES : UN COLLEGE POUR TOUS ET POUR CHACUN

o J'ai voulu prendre pour le collège le temps et les moyens d'un état des lieux sans complaisance, évaluer objectivement les dispositifs mis en place jusqu'à aujourd'hui et donner la parole à celles et ceux qui vivent et font vivre ce maillon essentiel de notre système scolaire. À travers la restitution publique des résultats collectés par François Dubet et son équipe, on constate l'abondance et la franchise de la parole enseignante pour dire l'inconfort des situations vécues mais aussi l'exigence malgré tout maintenue. Le niveau monte mais l'écart se creuse entre les établissements et, au sein des collèges, entre les élèves. C'est cela qu'il faut prendre à bras le corps pour créer les conditions d'un collège plus juste.

Les organisations représentatives associées à cette réflexion collective (syndicats, mouvements pédagogiques, fédérations de parents d'élèves) ont salué l'honnêteté de la démarche et la qualité des témoignages recueillis. Leurs propositions, avec naturellement les inflexions propres à chacun, dessinent des priorités souvent partagées. Je me suis attachée à en tenir le plus grand compte. D'ailleurs le comité de suivi qui les rassemble reste en place dans cette nouvelle phase, celle de l'action.

Nous voici donc en possession d'un bilan contrasté, images assez fidèle de la réalité. Celle-ci, en effet, n'est ni uniformément radieuse ni désespérément sombre et, en tout cas, rétive aux simplifications abusives. Je tiens ici à préciser, une nouvelle fois, le fond de ma pensée sur le collège unique : j'en assume sans réserve l'ambition originelle, la promesse égalitaire et démocratique. C'est pourquoi je crois à l'évolution nécessaire de ses formes pour une prise en compte beaucoup plus attentive de la diversité des collégiens. Car le collège pour tous doit être en même temps celui de chacun si l'on ne veut pas que l'égalité formelle continue de masquer trop d'inégalités réelles. Le collège uniforme doit laisser place à un collège capable de tendre la main, au bon moment, à chaque élève tel qu'il est. C'est la seule façon de conduire tous les collégiens, sans les lasser ni les casser, sur le chemin des apprentissages nécessaires.

La consultation nationale le montre bien : le collège n'est pas victime d'une crise mais appelé à une mutation. Son salut n'est pas dans le repli réactif et défensif mais dans une évolution maîtrisée, seule façon de garantir ce droit essentiel de tous les adolescents de notre pays à une éducation commune et de qualité qui ne fasse l'impasse sur
aucun. Il s'agit de leur droit à un socle de compétences qui leur permette de se situer dans une histoire et dans une culture partagées qui les aide à trouver leurs marques et à construire leur avenir dans un monde qui bouge, qui conjugue les connaissances nécessaires et la capacité de faire, l'autonomie pour être et l'aptitude à vivre ensemble.

Difficulté de l'exercice mais noblesse de la tâche : les professeurs en sont les premiers conscients. C'est même au nom d'une haute idée de leur métier qu'ils pointent ce qui, dans le collège d'aujourd'hui, leur semble faire obstacle à l'accomplissement de leur mission. Ils ne tiennent pas là le discours de la plainte. C'est pourquoi victimiser les enseignants serait, au fond, les trahir. Car ils ne cherchent pas des alibis pour baisser les bras mais des points d'appui pour agir plus efficacement.

C'est sûr, le monde a changé et avec lui les conditions d'exercice du métier d'enseignant. Faire classe est moins facile qu'avant, dès lors que la nation a fait le choix d'accueillir au collège ceux dont, jadis, les parcours scolaires ne se croisaient pas. Rien dans les classes n'est donné d'avance : ni le sens des études ni les règles communes. Les adolescents sont sans doute plus durs à convaincre et à tenir, peut-être même à comprendre. L'engagement requis est plus intense, les situations plus déroutantes, le métier plus exposé.

La mission des enseignants n'est donc pas de tout repos car il leur faut aller à l'encontre de tout ce qui voudrait que le destin d'un adolescent soit scellé d'avance et l'école une simple gare de triage reflétant la naissance. Cela mérite considération et soutien. J'ai bien entendu que les professeurs n'attendent pas de solutions toutes faites, mais des temps de concertation et de respiration, ainsi que des outils, dans un système dont les performances peuvent et doivent être améliorées. Je veillerai à ce que ces attentes ne soient pas déçues. L'enjeu n'est pas simplement scolaire car réussir la mutation du collège engage l'idée que notre pays se fait de lui-même.

C'est aussi l'affaire des parents. Je comprends le souci que chacun se fait pour son enfant ; la hantise que demain il ne trouve pas sa place, l'espoir parfois démesuré que l'école réponde à tout et celui, légitime, qu'elle arme, du mieux possible, pour affronter un avenir incertain. Les parents, tous les parents, doivent être reconnus pour ce qu'ils sont : des co-éducateurs auxquels le collège doit, sans empiètement de l'un sur le domaine de l'autre, dire plus clairement ce qu'il attend des élèves, en quoi consistent ses règles et à quel dialogue régulier il s'engage.

Les premiers concernés sont les collégiens qui doivent trouver aux études qu'ils poursuivent un sens qui ne se limite pas à l'obligation de scolarité. Ce sens, sans lequel il n'est pas d'effort possible ni de réussite à la clef, c'est à eux de le construire mais à nous de les y aider. Tout, ici, doit converger : la définition du bagage utile, de bonnes conditions de vie au collège, les coups de main "sur mesure" donnés à temps à ceux qui décrochent ou peinent à s'accrocher. L'ennui et l'apathie en classe, si souvent évoqués dans la consultation nationale, au moins aussi souvent que les problèmes de violence, ne doivent pas grand chose à la fatalité et certainement pas tout à l'environnement extérieur. Faire en sorte que les élèves soient heureux d'apprendre, c'est aussi le rôle du collège.

Les décisions que je présente ici n'ont pas germé dans la cervelle de quelques-uns mais s'efforcent de répondre concrètement aux attentes exprimées à l'occasion du débat sur le collège. Elles tirent en même temps parti de ce qui, dans nombre de collèges, se met en place avec une longueur d'avance sur les fonctionnements ordinaires. Leur ambition : que la démocratisation quantitative de la fréquentation du collège se prolonge par une démocratisation qualitative des voies et des chances de réussite.

Parmi les actions que je vais mettre en place, certaines sont destinées à tous et d'autres plus ciblées. Un collège capable de s'adapter à chacun pour éviter de reléguer les uns sans freiner les autres : c'est ainsi que les intérêts des élèves les plus en difficulté comme ceux des meilleurs peuvent non pas s'opposer mais converger. Certaines dispositions sont d'application immédiate. D'autres nécessitent une montée progressive en puissance. Je ne commenterai ici que celles que je considère comme les principaux leviers des changements introduits au collège. Cette mutation nécessaire du collège s'ordonne autour de 3 objectifs complémentaires :

1 - Prendre en considération des élèves différents dans un collège pour tous.
2 - Diversifier les méthodes d'enseignement pour aiguiser l'appétit d'apprendre
et accompagner la conquête de l'autonomie.
3 - Mieux vivre dans la "maison collège".


I - EN 6ème : DÉMARRER DU BON PIED
Un effort tout particulier est fait au bénéfice de la 6ème , cette première marche de l'escalier qui peut être la zone de tous les dangers ou de tous les envols.

1 -Les collégiens en herbe, propulsés sans transition du CM2 à la 6ème , se trouvent souvent
déroutés par leur nouvel environnement. Il faut les aider davantage à s'acclimater et à démarrer du bon pied. C'est la fonction du nouveau livret d'accueil du collégien, "Mon Journal de 6ème", qui sera distribué à chacun dès la rentrée. Ces disciplines nouvelles, à quoi ça me sert ? Le collège, comment ça marche ? Et moi là-dedans, comment je m'y prends ? Un petit guide que j'ai voulu résolument non
rébarbatif, ayant valeur de rite d'intégration dans la "maison collège".

Pour favoriser l'adaptation au collège des élèves issus du primaire, je crois également nécessaire, comme cela se fait d'ailleurs dans de nombreux collèges, que toute classe de 6ème puisse disposer de sa salle à elle, point d'ancrage et territoire dont l'appropriation, la personnalisation même, seront facteurs d'intégration scolaire.

2 -Partir des collégiens tels qu'ils sont pour les mener à bon port, cela veut dire ne pas fermer
pudiquement les yeux sur ceux, trop nombreux, qui arrivent en 6ème sans maîtriser les bases nécessaires en lecture, écriture, expression orale et en mathématiques. Ceux-là risquent de s'emmurer dans l'échec. De subir leurs années collège comme une contrainte vide de sens ne leur permet même plus l'estime de soi.

Ceci, bien sûr, oblige à renforcer l'efficacité de l'enseignement élémentaire. J'ai annoncé, lors des États généraux de la lecture et des langages à Nantes les 4 et 5 mai 1999, les dispositions que je compte prendre pour réduire, en amont, la source de ces difficultés (définition plus précise des objectifs de l'école maternelle, relance et rénovation de la politique des cycles, ateliers lecture-écriture pour tous, amélioration des évaluations nationales et de terrain, etc.). Il reste que le collège doit, lui aussi, trouver des réponses adaptées qui conjuguent refus de la relégation et individualisation de l'aide nécessaire.

C'est tout l'objectif des heures de remise à niveau, qui seront mises en place dès la rentrée, dont bénéficieront désormais les collèges qui en ont besoin pour organiser le rattrapage de ce qui n'a pas été acquis et remobiliser les élèves en variant les modes d'apprentissage dans de petits groupes à géométrie et à durée variables. Je souhaite indiquer avec fermeté le but à atteindre tout en laissant, sur le terrain, la souplesse requise pour des solutions ciblées. Cet effort de remise à niveau (jusqu'à 6 heures en 6ème et 3 heures en 5ème) sera mis en place dès la rentrée prochaine. Il nécessite un renforcement très net de la coopération entre maîtres du primaire et professeurs des collèges -comme cela se fait d'ailleurs dans de nombreux collèges que j'ai visités- au bénéfice non seulement d'un diagnostic
précoce mais d'une meilleure continuité pédagogique et éducative CM2-6ème, ainsi que des rencontres, une information réciproque, des projets communs. Il requiert de même une collaboration transversale des professeurs des différentes disciplines, la création d'un véritable diagnostic des compétences à l'entrée en 6ème, un dialogue avec l'élève et sa famille.

Ouvertes à tous et assurées par des professeurs de la classe, les études dirigées permettent d'épauler pédagogiquement le travail personnel des élèves de 6ème et de 5ème. Je les crois tout à fait bénéfiques pour de jeunes collégiens en phase d'acquisition de méthodes de travail (notamment documentaires) et, de ce fait, à développer résolument.


II - TOUT AU LONG DE LA SCOLARITÉ, PRENDRE EN COMPTE DES ÉLÈVES DIFFÉRENTS DANS UN COLLÈGE POUR TOUS
Tous les collégiens ont en commun un même statut d'élève mais cette identité partagée ne les fait pas identiques. L'élève virtuel ne doit plus faire écran à l'élève réel, celui auquel les enseignants ont affaire. Cette prise en compte plus effective de la diversité des collégiens est une condition de l'efficacité des apprentissages, une question également de simple justice.

Il ne s'agit donc pas de renoncer aux classes hétérogènes mais de passer d'une hétérogénéité
subie, parfois vécue comme laissant sombrer les uns et empêchant les autres d'avancer, à une hétérogénéité maîtrisée, tenant mieux compte des besoins de chaque élève, de ses rythmes, de ses centres d'intérêts, de ses lacunes et de ses points forts. Telle est, là où la mixité n'est plus d'usage, la condition de sa reconquête.

Avant d'en venir aux conséquences pédagogiques qui en résultent pour tous, il faut évoquer quelques dispositions spécifiques. La méthode, encore une fois, s'inspire de celle mise en oeuvre dans les ZEP et leurs réseaux d'éducation prioritaire : donner plus à ceux qui ont moins mais cette fois-ci sur l'ensemble du territoire et sur l'ensemble des collèges. Les ZEP, sous la pression des difficultés, montrent qu'on peut inventer d'autres façons de faire. Elles administrent aussi la preuve que la remobilisation scolaire est possible et qu'il vaut mieux, pour tirer l'ensemble, viser l'excellence. J'ai augmenté le nombre de collèges classés en ZEP et je suis résolue à poursuivre la relance de la politique de l'éducation prioritaire. Mais il faut aussi s'attaquer aux écarts qui se creusent au sein de chaque collège et cela vaut pour tous les quartiers, pour les zones urbaines comme pour les zones rurales.

1 -Je souhaite généraliser en 4ème, pour tous ceux qui en ont besoin, les groupes "nouvelles technologies appliquées" : ce dispositif souple permet aux élèves d'expérimenter à travers un projet la cohérence des différents enseignements disciplinaires, et aux enseignants de diversifier leur pédagogie dans le cadre d'un travail en équipe. Je crois que chacun s'est aperçu à l'usage que la suppression des 4èmes technologiques, quand elles étaient autre chose que des classes de relégation, était une erreur. Les moyens dont elles disposaient et le meilleur de leur expérience doivent être réinvestis dans ces groupes.

2 -Ce suivi plus attentif et plus individualisé des élèves, je souhaite qu'il dépasse le strict champ des apprentissages et permette, en priorité à ceux qui rencontrent des difficultés de tous ordres (scolaire, familial, relationnel...), de bénéficier d'un tutorat. L'enfant ou l'adolescent pourra ainsi, au sein même du collège, établir une relation privilégiée avec un adulte-tuteur auquel il pourra parler en confiance, qui le suive et qui fasse le lien avec la famille, avec le professeur principal et toute autre personne utile. C'est un dispositif souple, ponctuel ou durable - là aussi repéré dans des collèges - selon les besoins d'accompagnement et les problèmes de comportement éventuellement posés.
3 -Un collège accueillant à tous doit aussi s'ouvrir davantage aux élèves handicapés. J'ai
tenu à ne pas exclure cette préoccupation à l'occasion du chantier global sur les collèges. Ces élèves sont encore trop souvent orientés, sans nécessité, vers des établissements spécialisés voire déscolarisés : de nouvelles Unités Pédagogiques d'Intégration seront ouvertes, afin de favoriser la continuité éducative en milieu ordinaire. Il est de même nécessaire que l'assouplissement des façons d'enseigner permette un meilleur accueil des enfants atteints de maladies chroniques dont les contraintes pourront être mieux prises en compte afin qu'ils suivent, eux aussi, une scolarité aussi normale que possible. Et j'entends que des collèges exemplaires, de ce point de vue, soient connus afin que leurs actions soient reproduites. Cela, dans le cadre des schémas départementaux d'intégration que j'ai mis en place.


III - DIVERSIFIER LES MÉTHODES D'ENSEIGNEMENT POUR AIGUISER L'APPÉTIT D'APPRENDRE ET ACCOMPAGNER LA CONQUÊTE DE L'AUTONOMIE
Diversifier les méthodes d'enseignement réunit l'intérêt des élèves en difficulté et de ceux qui ne le sont pas, des collégiens qui ont du mal à suivre et de ceux qui excellent au collège. Aucune classe en réalité, fût-ce la plus "homogène", ne constitue un agrégat d'élèves uniformes calés, un an durant, sur les mêmes rythmes d'apprentissage et les mêmes raisons d'apprendre. Les méthodes d'enseignement doivent s'adapter davantage à cette réalité.

1 - Je souhaite à cet égard que chaque élève de 4ème puisse s'investir, avec plaisir et détermination et même avec passion, dans la réalisation de "Travaux croisés", projets pluridisciplinaires valorisants et formateurs, prolongeant et systématisant les "parcours diversifiés" expérimentés en 5ème. Il s'agira pour chaque collégien de mener à bien une production (artistique, scientifique, etc.) correspondant à un vrai centre d'intérêt et mettant en oeuvre, sur quelque support que ce soit, des savoirs complémentaires de différentes disciplines : son "chef d'oeuvre", en quelque sorte, réalisé avec
l'aide d'enseignants des diverses disciplines concernées, dont la notation sera à terme prise en compte dans les épreuves du diplôme national du brevet.

2 -Dans le domaine, fondamental parce que socle de tout le reste, de la maîtrise des langages, les préoccupations exprimées lors de la consultation nationale collège rejoignent celles des États généraux de la lecture et des langages. Je compte agir dans trois directions :

- la mise en place d'ateliers lecture pour tous car l'incitation à la lecture est une priorité ; il s'agit là d'inscrire à l'emploi du temps de tous les élèves une heure de lecture hebdomadaire obligatoire sous forme de 2 demi-heures prises en charge successivement par les enseignants de toutes les disciplines. En effet, on peut lire aussi bien - quoique pas la même chose - avec le professeur d'EPS ou celui de français, de technologie ou d'histoire et apprendre, ce faisant, à diversifier utilement ses stratégies de lecteur. Je sais bien qu'il se fait déjà en bien des endroits beaucoup de choses sur ce front, c'est pourquoi je crois possible de systématiser une obligation minimum et de généraliser à toutes les disciplines la responsabilité de faire lire les élèves. Cela s'accompagne de la montée nécessaire des objectifs de lecture, en qualité et en quantité, notamment dans le travail personnel des élèves ;

- les pratiques de l'oral (expression, argumentation, écoute...), très insuffisamment travaillées au collège jusqu'à présent mais expérimentées avec succès par certains établissements. Il s'agit de partager plus équitablement ce "pouvoir de dire" qui est aussi pouvoir de penser et de défendre un point de vue face aux autres. Pour inscrire durablement ce travail de l'oral dans les pratiques scolaires, il convient de tendre vers l'intégration concertée de l'évaluation de l'oral (réalisée dans le cadre du contrôle continu) dans le diplôme national du brevet ;
- l'éducation à l'image participe de la même préoccupation de la maîtrise des langages : prise en compte de connaissances élaborées par les élèves hors l'école pour développer des compétences spécifiques (de compréhension et de production) mobilisant les différentes disciplines.

3 -Lecture et écriture, articulation texte/image, recherches documentaires. L'ordinateur est un outil dont le collège ne peut plus se passer : je souhaite donc, en liaison avec les conseils généraux,
accélérer l'équipement informatique des établissements pour que chaque élève ait effectivement
accès à ces technologies et que toutes les disciplines en fassent le levier de leurs apprentissages.

4 -Admettre la diversité des élèves en tenant ferme sur le droit de tous à une éducation commune oblige à rompre avec une conception trop normative de l'évaluation et trop négative de l'orientation.

L'évaluation est encore centrée sur la sanction du manque, la mesure de l'écart par rapport à la norme. Les compétences des élèves sont loin d'être toutes prises en compte, leurs progressions apparaissent peu. C'est pourquoi j'ai décidé, à l'instar de ce qui se fait dans certains collèges, une modification du bulletin trimestriel dans le sens d'une plus juste mesure des progrès accomplis et des points positifs de l'élève, ainsi que d'une meilleure lisibilité. La création d'un Livret des compétences, en complément, doit permettre une mise en valeur plus équitable des différents talents que tout élève manifeste dans la vie au collège et une appréciation plus juste de l'ensemble de ses capacités.

Enfin, il faut que le collège cesse d'opposer, comme c'est encore la tendance dominante, culture
savante et culture technique ou professionnelle, savoirs abstraits et capacités de faire, de fabriquer. Pierre-Gilles de Gennes a bien rappelé de quelles affinités entre la main et le cerveau procède tout le développement intellectuel de l'humanité. Il est temps, en effet, de mieux montrer aux collégiens que les cultures techniques et professionnelles ne sont pas des pis-aller mais une dimension essentielle de notre époque et de l'équilibre des savoir-faire.


IV - MIEUX VIVRE DANS LA "MAISON COLLÈGE"
Dans ce collège où ils étudient tous, les adolescents passent aussi une grande part de leur temps. La qualité de leur vie et celle des enseignants dans l'enceinte du collège influe sur le climat et la mobilisation scolaires. Je compte donc agir à plusieurs niveaux pour que les collégiens et les collégiennes puissent réellement s'épanouir dans leurs établissements et y vivre, dans toute la mesure du possible, des "années collège" heureuses.

1 -La vie au collège, ça se construit. Un beau collège, bien conçu, bien agencé et bien équipé, pensé pour ses usagers en liaison avec les équipes éducatives, ni trop fermé ni trop ouvert à son environnement, c'est un atout pédagogique. C'est aussi un signe de respect, pour les collégiens et pour les professeurs, qui favorise le respect en retour.

C'est pourquoi, outre la partition de quelques gros collèges de plus de 1000 élèves situés dans des zones en proie à de graves difficultés, j'ai lancé (en liaison avec l'assemblée des départements de France) l'élaboration d'une Charte de qualité des constructions et rénovations scolaires. Désormais, les équipes pédagogiques seront associées aux choix qui seront faits.

Dimension également décisive de la qualité et de l'équilibre de la vie collégienne : les activités physiques et sportives qui ont, à mes yeux, rang de véritables pratiques sociales, civiques et culturelles. Comme le disait Antoine Blondin, "le sport est le seul domaine où on peut avoir un prix
d'excellence sans être tout le temps le premier de sa classe"... Encore faut-il que les équipements soient mis à disposition de l'ensemble des collèges.
2 -La nécessité d'une concertation pédagogique plus étroite entre enseignants d'un même niveau, le besoin - aux deux extrémités du collège - de lier davantage CM2/6ème et, en 3ème, de mieux préparer l'orientation m'ont conduite à souhaiter la mise en place d'un professeur coordonnateur par niveau qui soit, à cette échelle, chargé des mises en synergie pour une meilleure efficacité du collège.

La mission des principaux et de leurs adjoints est essentielle, leur influence majeure sur l'ambiance du collège. Je connais aussi leur capacité d'entraînement, le temps donné, les soucis de la responsabilité : nous y reviendrons lors des décisions qui suivront le rapport du recteur Blanchet remis récemment à Claude Allègre et à moi-même.

Je souhaite également que le dialogue avec les parents des élèves soit renforcé, au-delà de la traditionnelle réunion de rentrée. Cela signifie des rencontres collectives au moins trimestrielles, des rendez-vous individuels plus fréquents et un effort tout particulier en direction de ceux qui, pour une raison ou une autre, hésitent à franchir le seuil du collège. Dans beaucoup d'établissements, on a su trouver l'art et la manière.

3 -La vie au collège, ça se parle et les CPE ont, sur ce plan, tout leur rôle à jouer, rôle que j'entends valoriser. C'est la fonction de "La vie de la classe", une heure inscrite à l'emploi du temps des élèves (en moyenne, 1 heure tous les 15 jours de la 6ème à la 3ème), qui doit fournir l'occasion d'aborder des questions relatives au fonctionnement du collège, de s'exercer au débat et au règlement des conflits, d'évoquer (en 3ème) les problèmes d'orientation.

Porte-paroles des collégiens, les délégués de classe doivent recevoir, pour exercer pleinement leur mandat et favoriser une participation élargie des élèves, une formation plus soutenue dont chaque établissement devra élaborer le plan.

De nouvelles initiatives (guide pratique relatif au traitement des violences scolaires, parcours
civiques, éducation préventive à la santé et à la sexualité, mallettes pédagogiques...) complèteront celles déjà mises en œuvre en matière de lutte contre les violences au collège. Mais la clef de voûte de règles acceptées par tous, c'est le règlement intérieur. Je souhaite que ce document soit plus explicitement établi dans son rôle de texte fondamental du civisme scolaire et complété, dans les classes, par une Charte des droits et devoirs du collégien à l'élaboration de laquelle les élèves doivent être étroitement associés. Vous le savez, ce chantier-là, dans les collèges, est déjà largement entamé.

Soins, dialogue, éducation à la santé, repérage d'élèves en situation de danger... Je voudrais
insister sur le rôle des infirmières au collège qui doit être renforcé, leur nombre si possible augmenté, leur affectation à un établissement de rattachement et leur intégration dans l'équipe éducative plus systématiques. De même, interlocuteurs de proximité des élèves, les aide-éducateurs doivent aussi être associés à la mutation du collège. Sans doute est-il temps de lever un tabou : celui de leur présence dans la classe, expérimentée avec beaucoup de bonheur par certains collèges, pour des tâches confiées par le professeur.

4 - La vie au collège, ça s'évalue : audits des établissements, observatoires régionaux des pratiques pédagogiques, valorisation des innovations et aussi adaptation des formations initiales et continues aux situations concrètes vécues par les enseignants (accent à mettre sur la connaissance des adolescents, l'analyse de l'hétérogénéité des publics, la maîtrise des langages, le travail en équipes inter-disciplinaires...). François Dubet, dans le prolongement du travail qu'il a effectué, sera chargé de réfléchir aux formes que pourraient prendre des audits contribuant efficacement à l'auto-évaluation par les collèges de leurs propres pratiques et résultats. De l'amont à l'aval, je souhaite que les personnels engagés dans la mutation du collège y soient préparés, que les démarches mises en œuvre soient suivies, expertisées, diffusées au bénéfice de tous. Sur le Web, le site "collège" amorce une mutualisation des pratiques, sous la houlette du CNDP, qui indique, à mon sens, la voie à suivre.



Pour qu'un collège avance, il ne faut pas seulement que tout le monde soit sur le pont. Il faut que tous fassent effectivement équipe : les enseignants, les CPE, les personnels techniques, ouvriers et de service, les conseillers d'orientation psychologues, les documentalistes, les médecins, les infirmières, les assistantes sociales, les surveillants, les aide-éducateurs, sous l'animation et l'entraînement des principaux de collège et de leurs adjoints. Les collégiens ont un flair infaillible pour repérer les défauts de la cuirasse et voir où le front des adultes se fissure. Là où chacun s'isole dans sa spécialité et tient les autres à distance, le collège a parfois des allures de bateau ivre. Là où des équipes solidaires portent un projet collectif pour leur établissement, les résultats sont au rendez-vous. C'est pourquoi les performances des collèges peuvent, dans des contextes socio-économiques équivalents, être si contrastées. Je voudrais saluer ici l'engagement des principaux de collège et de toute leur équipe qui savent, le moment venu, remonter le moral ici, mobiliser là, engager le dialogue avec les familles. Bref, définir l'humeur d'un établissement, celui qui porte à la cohésion d'une équipe éducative, à la cohérence pédagogique et à la réussite des élèves.

"Si l'école ne permet pas de gommer les inégalités sociales, moi, je change de métier !" : cette phrase entendue lors de la consultation m'a touchée, elle met la barre très haut et témoigne, chez ce professeur, d'un engagement fort. Pour réussir la mutation du collège, certaines rigidités doivent tomber, le respect des initiatives pédagogiques doit être garanti et le pouvoir d'impulsion l'emporter sur le pouvoir d'empêchement. Accompagner, conseiller, encourager, animer : c'est toute une conception du pilotage du système qui se transforme, dont participe également l'évolution nécessaire des pratiques d'inspection qui doivent se tourner davantage vers l'évaluation des équipes sur leur terrain et stimuler l'aptitude à travailler ensemble.

"Enième débat sur le collège..." ai-je parfois entendu. Ses résultats ont, je l'espère, eu raison de quelques scepticismes. Enièmes annonces aujourd'hui ? Pas davantage. Plutôt une mise en mouvement. Des voies sont tracées, des premières décisions sont prises, un processus est lancé. Je compte sur les enseignants pour l'enrichir, chemin faisant, de leurs pratiques : j'y serai attentive. Je souhaite également que les organisations (syndicales, parentales, pédagogiques) qui, au sein du Comité de suivi, ont participé à la réflexion, continuent d'être associées à l'effort de vigilance que requiert l'engagement pris aujourd'hui pour la mutation du collège. Je les convie donc à poursuivre l'exercice pour que nous allions ensemble vers un collège plus juste.

Assuré de sa tâche, accueillant à tous et attentif à chacun, ancré dans le réel sans soumission au désordre des choses, fort d'une véritable identité, c'est ainsi que je vois ce collège plus juste. Plus juste pour les collégiens qui veulent, à raison, être compris et guidés sur leur trajet. Plus juste pour les enseignants qui y mettent beaucoup d'eux-mêmes. Plus juste pour les parents qui partagent une forte espérance scolaire pour leurs enfants. Plus juste, le collège sera aussi plus efficace.

Ségolène Royal
Ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire



PRENDRE EN CONSIDÉRATION DES ÉLÈVES DIFFÉRENTS DANS UN COLLÈGE POUR TOUS

  • Anticiper en primaire
  • Liaison CM2-6ème
  • Création d'heures de remise à niveau en 6ème et 5ème
  • Le journal du collégien en 6ème
  • Tutorat de l'élève par un adulte référent
  • Étendre les groupes "nouvelles technologies appliquées" (NTA)
  • Scolarisation des élèves handicapés
  • Positiver l'orientation des élèves après la 3ème : création
    d'un livret des compétences
  • Évolution des SEGPA
  • Le dispositif d'aide et de soutien en 4ème
  • La classe de 3ème d'insertion



Anticiper en primaire
o Un grand nombre des difficultés que rencontrent les élèves au collège trouvent leurs racines dans une scolarité primaire défectueuse.
L'école primaire est à la base de tout, et les retards que l'on y prend sont difficiles à rattraper.

Pour améliorer son efficacité, il faut procéder à :
- une relance des cycles ;
- une rénovation du processus d'évaluation, en organisant des évaluations
au début et à la fin de chaque cycle ;
- la mise en œuvre des douze actions arrêtées lors des Etats généraux
de la lecture et des langages.

De nouvelles orientations pédagogiques en maternelle vont être définies. Le point central en est la maîtrise des langages qui est au cœur du processus de la réussite scolaire.
À la fin du cycle 3, lors de l'année de CM2
Un bilan est effectué en début d'année en français et en calcul, afin que durant l'année scolaire, toutes les mesures de soutien puissent être mises en œuvre.
Si des difficultés demeurent après le diagnostic établi à la fin du second trimestre, ce diagnostic est discuté avec les enseignants de 6ème afin de mettre en œuvre immédiatement le nouveau dispositif de remise à niveau.

Il est rappelé que si l'enfant n'a pas encore de retard une solution de redoublement doit être proposée après dialogue avec les parents.

Des actions de soutien pendant les vacances d'été seront recherchées (Ecole ouverte, travail avec les associations).


Liaison CM2-6ème
Il s'agit de consolider et de préciser méthodiquement cette articulation pour renforcer la continuité pédagogique et éducative entre l'école élémentaire et le collège en favorisant le travail en commun des professeurs des écoles et des enseignants de 6ème :

Pour cela, il faut :
- faire évoluer positivement les représentations réciproques, comparer les attentes ;
développer une meilleure connaissance des pratiques pédagogiques, des programmes respectifs et des compétences attendues ;
- inciter les enseignants à élaborer des projets communs ;
favoriser le travail en équipe des enseignants au sein d'un même niveau.
Modalités de mise en œuvre
L'IEN et le principal organiseront ces rencontres avec le concours du professeur coordonnateur.
Elles porteront soit sur des thèmes de travail (évaluation 6ème et difficultés d'apprentissage des élèves, programmes respectifs, maîtrise de la langue, méthodologie, éducation à la citoyenneté et cohérence éducative...), soit sur l'élaboration et le suivi de projets communs (défi-lecture, défi-maths, projet culturel...).

Elles seront renforcées par l'organisation de stages communs sur site.


Création d'heures de remise à niveau en 6ème et 5ème
Objectifs
- Prendre en charge l'hétérogénéité des élèves et les remettre à niveau.
- Apporter une aide individualisée aux élèves qui présentent des lacunes dans la maîtrise des langages et du calcul.
- Proposer d'autres modes d'apprentissage et remobiliser pour le travail scolaire en valorisant les atouts de chacun.
- Redonner confiance en eux aux élèves en créant une relation plus directe avec les professeurs.
Modalités
- Diagnostic en CM2, rencontre professeurs des écoles CM2/professeurs de 6ème en fin d'année pour repérer les élèves en difficultés.
- Groupes à géométrie et à durée variables, pris en charge par des enseignants de disciplines diverses.
- Une brochure guide distribuée dans tous les collèges pour donner des méthodes de travail pour les élèves les plus en difficulté.


Le journal du collégien en 6ème
o Distribué à la rentrée à chaque élève, "Mon journal de 6ème" permet à chaque collègien de mieux comprendre le collège et ce qu'il y fait.
Objectifs
- Permettre à l'élève de comprendre ce que se passe en 6ème à travers des situations vécues par étapes (début et cours d'année).
- L'aider à se situer dans le collège.
- Lui donner les moyens de s'interroger sur sa façon de travailler, de se comporter, seul ou avec les autres.
- Et surtout, lui donner le contenu et le sens des programmes et des compétences attendues de lui.

Le journal du collégien est utilisé notamment pendant l'heure de vie de la classe.

Tutorat de l'élève par un adulte référent
Descriptif
Le collégien peut trouver dans son établissement un adulte référent (tuteur) dès lors qu'il rencontre un besoin provisoire ou permanent de dialogue et d'accompagnement ou de recadrage de comportement.
Objectifs
- Permettre à l'élève de parler de lui-même, de ses difficultés scolaires ou de tout autre problème qu'il rencontre.
- Permettre à l'élève de reprendre confiance en lui et de mieux s'intégrer à la classe.
- Restaurer l'estime de soi chez des élèves qui traversent un moment difficile.
- Trouver des solutions adaptées à chaque élève pour remédier à ses difficultés scolaires.
- Prévenir les problèmes de comportement dans le collège, de démotivation et d'absentéisme.
- Le tutorat est également mis en place en cas de sanctions disciplinaires contre un élève.
Modalités
- Le tutorat doit être un dispositif souple répondant aux besoins d'un élève sur un temps donné.
- Le tuteur peut être un enseignant, ou tout autre adulte de l'établissement. Il est proposé à l'élève par le chef d'établissement en liaison avec le CPE.
- Le tuteur peut prendre appui sur l'équipe pluriprofessionnelle mise en place dans l'établissement.
- Il définit avec l'élève et sa famille les méthodes de suivi.

Remarque : Le tutorat peut être étendu, à l'exemple de ce qui se fait dans certains collèges, aux élèves de 3ème prenant en charge un élève de 6ème ou à d'autres adultes, en liaison avec le collège (association de soutien scolaire, retraités de l'éducation nationale).

Exemple : Collège Villeneuve, Grenoble, Isère
Les 650 élèves du collège ont un tuteur au moins une fois dans leur scolarité, selon leurs
besoins. Les enseignants assurent ce tutorat pour apprendre aux élèves à organiser le temps de travail individuel, à prendre la parole face à un adulte et à respecter les autres dans le dialogue. Les enseignants décèlent les difficultés particulières, créent un climat de confiance, apportent une aide individualisée et établissent des relations régulières avec les familles.
Chaque année, les nouveaux enseignants-tuteurs reçoivent une formation interne, spécifique à leur niveau de classe. Le chef d'établissement et l'administration veillent à ce que tous les enseignants soient tuteurs.


Étendre les groupes "nouvelles technologies appliquées" (NTA)
Les élèves qui relevaient des 4ème et 3ème technologiques du collège ont besoin d'une pédagogie adaptée, centrée sur la réalisation d'un projet concret faisant appel à plusieurs disciplines. Les groupes NTA ont vocation à répondre à ce besoin. Créés à la rentrée 1998, ils seront étendus à la rentrée 2000 à tous les collèges où des élèves en auraient besoin. Leurs moyens seront augmentés et clairement identifiés.
Objectifs
- Permettre d'atteindre plus facilement les objectifs de la classe de 4ème en privilégiant l'utilisation de la technologie et des nouvelles technologies.
- Motiver les élèves par une approche plus concrète.
- Mettre en oeuvre une démarche de projet pour permettre aux élèves de comprendre la cohérence et la complémentarité des différents enseignements.
Modalités
- L'ensemble des disciplines doit contribuer à la réussite des élèves qui participent aux groupes "technologies appliquées".
- Le travail des enseignants doit s'inscrire dans une démarche de projet élaboré en commun.
- Ce projet détermine le choix des réalisations proposées à un élève ou a un groupe d'élèves.
- Les acquis réalisés dans ces groupes "nouvelles technologies appliquées", en termes de connaissances, d'organisation et de méthode seront réinvestis dans les différentes disciplines.


Scolarisation des élèves handicapés
La mission conjointe des inspections générales de l'éducation nationale et des affaires sociales a mis en évidence les carences en matière de scolarisation des adolescents handicapés, que ce soit en intégration individuelle ou en structure d'intégration collective : disparités territoriales, discontinuités des cursus scolaires, problèmes d'accessibilité des locaux...

Ainsi, quatre ans après la création des unités pédagogiques d'intégration, structure spécialisée devant assurer la continuité scolaire à la sortie des classes d'intégration scolaire (CLIS) pour les jeunes handicapés mentaux, seules 52 étaient ouvertes accueillant moins de 500 élèves.
Par ailleurs, très peu de collèges prennent le relais de l'accueil des enfants souffrant d'autres handicaps. Trop d'adolescents handicapés sont orientés par défaut vers les établissements spécialisés ou se retrouvent déscolarisés.

Objectifs et modalités de mise en oeuvre
- Le plan de relance en faveur de la scolarisation des enfants et adolescents handicapés présenté en conseil des ministres le 3 février 1999 va permettre d'inverser la tendance constatée, et en premier lieu d'assurer une continuité éducative.
- De nouvelles unités pédagogiques d'intégration (UPI) vont être créées pour répondre aux besoins existants et pour assurer une continuité avec les CLIS pour enfants handicapés mentaux implantées dans les écoles élémentaires.
- Par ailleurs, le champ de prise en charge des UPI va être élargi aux élèves souffrant de déficiences sensorielles et motrices. De nouvelles UPI vont être créées pour offrir une continuité éducative en milieu ordinaire aux élèves scolarisés dans les CLIS 2 (déficiences auditives), 3 (déficiences visuelles) et 4 (déficiences motrices).
- L'intégration individuelle sera facilitée par le recours à des auxiliaires d'intégration, et diverses mesures d'accompagnement sont engagées en direction des enseignants accueillant des élèves handicapés (actions de formation, outils pédagogiques...).
- Les schémas départementaux de scolarisation des élèves handicapés mettent en œuvre cette politique.


Positiver l'orientation des élèves après la 3ème : création d'un livret des compétences
Objectifs
- Rendre l'orientation positive en aidant l'élève à prendre conscience de ses compétences et à envisager positivement sa formation future.
- Permettre aux élèves de 3ème d'effectuer leur choix d'orientation.
- Faciliter la transition des élèves vers le lycée d'enseignement général et technologique et le lycée professionnel.

Modalités
- Création d'un livret de compétences qui suivra l'élève tout au long de sa scolarité au collège : c'est à partir des compétences acquises et recensées dans ce livret que les conseils pour l'orientation seront donnés ­ et non comme c'est trop souvent le cas, à partir de ses déficits.
Ce livret pourra être rempli avec les élèves durant l'heure de vie de classe qui sera en 3ème essentiellement consacrée à l'éducation à l'orientation.
- Dans le même esprit, le bulletin trimestriel fera apparaître les progressions et compétences des élèves.
- Les collèges organisent des actions visant à développer l'articulation entre les classes de troisième et de seconde des lycées d'enseignement général et technologique et des
lycées professionnels, notamment grâce à l'intervention de professeurs et d'élèves de lycée professionnel au cours de l'heure de vie de classe en 3ème.
- Pour introduire davantage la culture professionnelle au collège, des conventions de partenariat seront passées entre les collèges et les lycées professionnels (notamment pour les 3ème à option technologique, les SEGPA, les 3ème d'insertion).
- Cette heure permettra ainsi de faire se rencontrer des acteurs économiques de proximité, des enseignants et des élèves.

Exemple : Collège Les Courlis, Nevers, Nièvre
14 collèges urbains et ruraux ont travaillé pendant 5 jours avec 36 entreprises du Nivernais. C'est au total 36 professeurs principaux de 3ème qui ont rencontré les chefs d'entreprise, croisé les informations entre le monde du travail et celui de l'école. Les enseignants ont passé deux jours en entreprise, les chefs d'entreprise ont redécouvert le collège pendant une journée. Ils y ont suivi des cours, rencontré les équipes éducatives. Cet échange entre adultes a permis d'organiser une remarquable journée "entreprise" destinée aux 546 collégiens des 4ème et 3ème de la région.


Évolution des SEGPA
Objectifs
- Intégrer les SEGPA à la vie des collèges.
- Mettre en réseau les collèges et les lycées professionnels au sein des bassins de formation et d'emploi ou des districts.
- Renforcer l'accès à la qualification des élèves de SEGPA et accroître l'offre de formation.
Modalités
- Favoriser les échanges d'enseignants entre collège et SEGPA dans les disciplines générales.
- Encourager les échanges de services entre les professeurs pour faciliter les interventions de PLP de LP en SEGPA.
- Informer pour élargir le choix de l'offre de formation en encourageant les possibilités pour un élève d'effectuer, dès la classe de 4ème, un stage dans une autre SEGPA ou dans un lycée professionnel.
-Ouvrir les SEGPA aux enseignements et aux pratiques artistiques.
- Mieux intégrer les locaux au collège, associer les élèves aux activités éducatives du collège (CDI, activités culturelles, sorties scolaires).
- Élaborer une carte des formations visant à la convergence des champs professionnels, par la mise en réseau des établissements (SEGPA, LP, CFA) et par un travail précis sur les critères d'affectation en lycée professionnel.

Les dispositifs d'aide et de soutien en 4ème
Objectifs
- L'objectif du dispositif d'aide et soutien en 4ème est de préparer les élèves à rejoindre un cursus de formation. A l'issue de ce dispositif, l'orientation doit être largement
ouverte et la plus ambitieuse possible.
Modalités
- La 4ème d'aide et de soutien reste ancrée sur les objectifs du cycle central. La formule d'aide et soutien peut être organisée sous deux formes :
. regroupement partiel d'élèves de différentes classes pour une partie des enseignements ;
. classe spécifique lorsqu'un nombre significatif d'élèves est concerné,
cas d'un gros établissement ou politique de bassin.
- L'équipe des enseignants met en place un projet pédagogique approprié aux élèves. Ce projet pluridisciplinaire exploite des situations concrètes et s'appuie sur une démarche de projet.
- Le projet est un support, un "prétexte" pour mettre en évidence la cohérence entre tous les champs disciplinaires et favoriser ainsi la remise à niveau des connaissances des élèves. Il doit aussi les aider à élaborer leur projet personnel de formation.
- Les effectifs doivent permettre de mettre en œuvre une pédagogie personnalisée et individualisée pour remettre l'élève en confiance et l'aider à élaborer son projet de formation.
- L'élève doit être associé à sa propre formation par un engagement de progression personnalisée.
- Des stages doivent être organisés en milieu professionnel ou en lycée d'enseignement professionnel sur une durée d'une à huit semaines. L'élève doit être préparé à ces
séquences qui s'inscrivent dans le projet pédagogique de la classe. Il sera suivi par un tuteur et un enseignant, les activités en milieu professionnel seront des supports d'activités lors des périodes dans l'établissement scolaire.


La classe de 3ème d'insertion
Le fonctionnement de ce dispositif est maintenu.
Objectifs
- Préparer l'insertion des élèves dans une formation qualifiante (CAP, BEP).
- Permettre d'établir des relations privilégiées entre élèves et enseignants grâce aux effectifs réduits (aide, écoute, remise en confiance des élèves et parcours d'apprentissage individualisés).
- Favoriser les innovations en matière de diversification des pratiques pédagogiques. Les enseignants ont recours à des méthodes actives et à l'utilisation de supports concrets.
- Ouvrir sur le milieu professionnel pour contribuer à la construction du projet de
formation.
Modalités
- La formation repose sur un projet pédagogique, établi en fonction des besoins des élèves, articulant formation dans l'établissement et stages en milieu professionnel.
- Les stages en milieu professionnel sont intégrés étroitement au projet pédagogique. L'alternance de périodes de formation en lycée professionnel et en entreprise doit être gérée et exploitée au plan pédagogique par toutes les disciplines. Les stages contribuent à aider les élèves à mesurer l'importance des savoirs scolaires dans la vie professionnelle, à comprendre les règles de vie sociale et à préparer leur projet d'orientation.
- Leur durée peut aller de six à quinze semaines, si possible dans des entreprises différentes jusqu'à ce que l'élève se sente à l'aise dans une situation professionnelle et précise son choix de formation. L'élaboration d'un dossier de suivi de stage revêt une importance particulière dans le cadre de la préparation du certificat de formation générale.



DIVERSIFIER LES MÉTHODES D'ENSEIGNEMENT POUR AIGUISER L'APPÉTIT D'APPRENDRE ET ACCOMPAGNER LA CONQUETE DE L' AUTONOMIE

  • Bulletins trimestriels modifiés et création d'un livret des compétences
  • "Travaux croisés", réalisations pluridisciplinaires en 4ème
  • Donner à tous accès à la micro-informatique
  • Des ateliers-lecture pour tous
  • L'apprentissage de l'oral
  • Études dirigées en 6ème et 5ème
  • Éducation à l'image
  • Heures d'éducation à la santé/sexualité
  • Pôles d'excellence dans les REP et les ZEP
  • Regroupement des disciplines expérimentales
  • Moduler la durée des cours en fonction des exercices et disciplines


Bulletins trimestriels modifiés et création d'un livret des compétences
Objectifs
1 ­ Bulletins trimestriels

- Modifier la forme et le contenu du bulletin trimestriel pour indiquer à l'élève ce qu'il fait et doit faire, de préférence à ce qu'il est.
- Expliciter l'évaluation des compétences scolaires de l'élève.
- Évaluer l'élève dans sa globalité par la prise en compte de compétences autres que les performances scolaires (sens de l'initiative, autonomie, prise de responsabilité, travail fourni...).
- Évaluer systématiquement la progression de l'élève et apporter des conseils précis pour l'améliorer.
- Mettre en évidence les points forts sur lesquels il peut s'appuyer pour progresser.

2 ­ Livret des compétences

Création d'un livret des compétences qui suivra l'élève tout au long de sa scolarité au collège : c'est à partir des compétences acquises et recensées dans ce livret que les conseils pour l'orientation seront données ­ et non comme c'est trop souvent le cas, à partir de ses déficits.
Modalités
- Il convient de concevoir de nouveaux bulletins qui présentent en terme de configuration, plus d'espace pour les appréciations :
. distinguer sur les bulletins trimestriels, ce qui relève du constat et des conseils à l'élève pour progresser ;
. faire figurer, pour chaque discipline, les notes extrêmes attribuées aux élèves de la classe, la note moyenne de la classe, les notes moyennes attribuées aux diverses divisions d'un même niveau de classe ;
. indiquer le nombre de devoirs ou contrôles qui ont permis le calcul de la moyenne de l'élève ;
. mettre l'accent sur les aspects positifs du travail et des résultats des élèves ;
. préciser les exigences scolaires qui leur sont posées.

Le bulletin trimestriel peut faire l'objet d'une analyse de son contenu avec l'élève, au cours d'un entretien, si besoin en présence des parents. Ce bilan visera, d'une part à mieux faire comprendre à l'élève et à sa famille les appréciations, les commentaires, et d'autre part à repérer, identifier ses difficultés pour la mise en place de remédiation.

- Le livret des compétences pourra être rempli avec les élèves durant l'heure de vie de classe qui sera en 3ème essentiellement consacrée à l'éducation à l'orientation.

"Travaux croisés", réalisations pluridisciplinaires en 4ème
Objectifs
- Valoriser la réalisation, la fabrication, la production, d'un projet impliquant plusieurs disciplines.
- Favoriser un travail pluridisciplinaire pour assurer une plus grande continuité et
cohérence des savoirs.
- Entraîner les élèves à mener un projet jusqu'à sa réalisation finale, développer leur
autonomie.
- Encourager le travail d'équipe des enseignants de disciplines différentes.
- Prolonger les parcours diversifiés de 5ème en les renforçant.
Modalités
- En classe de 5ème, dans les parcours diversifiés, l'élève aura déjà mis en place les bases d'un travail autonome (individuel ou en groupe) dans une approche pluridisciplinaire. Il aura également pris l'habitude de travailler avec plusieurs enseignants et de construire des passerelles entre les enseignements. Les "Travaux croisés" en classe de 4ème lui permettront d'affirmer les compétences déjà développées en 5ème.
- Les réalisations demandées aux élèves peuvent être de différentes natures : enquête, expérience ou fabrication d'un objet scientifique, ateliers d'écriture, création artistique,
audiovisuelle, musicale, théâtrale, actions sur le patrimoine, l'histoire, l'environnement.
- Les moyens utilisés sont ceux prévus actuellement pour les parcours diversifiés de 4ème qui ne sont guère mis en place aujourd'hui, comme le constate le récent rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale.
- La notation des travaux croisés sera prise en compte à terme dans les épreuves du
diplôme national du brevet.
- Les établissements sont invités à mettre en œuvre les travaux croisés au cours de l'année 1999-2000. Ces travaux seront obligatoires à la rentrée 2000.

Donner à tous accès à la micro-informatique
L'usage des technologies d'information et de communication dans les collèges sera développé.
Technologies d'information et de communication, outils d'enseignement
L'usage des technologies d'information et de communication s'intègre aux pratiques disciplinaires. Les utilisations sont diversifiées.
Les tâches d'enseignement s'effectuent le plus souvent dans le cadre de classes et dans les situations où l'enseignant offre à ses élèves des connaissances selon un ordre
soigneusement réfléchi, prenant en compte les difficultés du sujet, les obstacles qu'il connaît et que les élèves doivent surmonter...
Dans cette perspective, les technologies nouvelles renforcent l'action pédagogique ; elles peuvent lui donner un caractère plus vivant, en rendant plus attractives les situations ou en déclenchant une participation plus forte des élèves.

Elles sont notamment un soutien efficace pour les actions de maîtrise des langages et la réalisation des "travaux croisés" en lycée professionnel.
Technologies d'information et de communication, outils d'apprentissage
Grâce aux technologies d'information et de communication, les élèves peuvent
davantage apprendre par eux-mêmes. Face à un développement formidable des connaissances, le système éducatif doit se donner comme priorité de rendre l'élève
capable d'apprendre par lui-même. Les technologies d'information et de communication constituent un moyen essentiel d'accès à la connaissance.

L'école doit permettre l'accès à ces ressources d'une double manière :
- en possédant une collection d'outils numériques ;
- en fournissant aux élèves les moyens d'accès aux lieux et aux ressources.

Avec Internet, ce sont des ressources à distance qui s'offrent. Il convient d'apprendre aux élèves à savoir chercher les ressources utiles. L'apprentissage de la démarche documentaire est fondamental.

Ces apprentissages nécessitent des espaces de travail adaptés : ordinateurs en nombre au centre de documentation et d'information, salle multimédia, l'ensemble étant organisé en réseau avec l'accès à Internet.
Technologies d'information et de communication, outils bureautiques
Les technologies d'information et de communication sont des outils de base qui permettent l'écriture et la communication. Tout élève devrait maîtriser des outils tels qu'un traitement de texte et l'usage d'Internet avant l'entrée au lycée.

Dans le cadre des plans académiques triennaux, les rapprochements avec les Conseils généraux seront accélérés afin que chaque collégien puisse disposer pleinement de l'usage de cet outil.


Des ateliers-lecture pour tous
Objectifs
- Développer les compétences des élèves dans le domaine de la lecture.
- Donner le goût, l'habitude et le plaisir de lire à tous les élèves.
- Les rendre capables de développer des stratégies de lecture très variées.
- Guider chaque élève, vers une pratique autonome, personnelle de la lecture et l'amener à utiliser les lieux de lecture qui sont à sa disposition (CDI, bibliothèques municipales).
- Favoriser dans la classe les échanges autour de la lecture.
- Impliquer l'équipe d'enseignants dans la maîtrise des langages, conformément aux programmes.
Modalités
- Une demi-heure de lecture deux fois par semaine d'abord en 6ème et en 5ème : chaque demi-heure sera prise en charge par un enseignant de la classe, à raison de deux disciplines par semaine. Toutes les disciplines seront concernées, chacune pour une période de six semaines consécutives. Le documentaliste sera associé à cette démarche.
- En continuité avec cette action, le travail à la maison comprend obligatoirement des lectures.
Il pourra s'agir de :
. lecture silencieuse ou lecture à voix haute par le professeur ou par un élève.
ll pourra être fait appel ponctuellement à un conteur ou à un comédien ;
. support imposé ou support libre (y compris apporté par les élèves), utilisation des manuels scolaires ;
. types d'écrits variés adaptés aux goûts et aux compétences des différents élèves.
- Discussion autour des textes lus, travaux d'écriture.
- Tout projet d'établissement doit comporter une dimension maîtrise de la lecture et des langages.
- Développer différentes situations de prise de parole des élèves : exposé, dialogue, débat, entretiens...
- Le projet d'établissement doit intégrer ces objectifs.

L'année 1999-2000 sera l'année de mise en place du développement de la pratique de l'oral. Après un bilan, une évaluation pour le diplôme national du brevet pourra être envisagée dans le cadre du contrôle continu.

L'apprentissage de l'oral
Objectifs
- Construire un véritable apprentissage des pratiques de l'oral pour tous.
- Changer les représentations sur la pratique de l'oral, leur faire prendre conscience que c'est un travail nécessaire et exigeant.
- Développer les capacités d'écoute des élèves et les initier à des pratiques langagières variées et complexes.
- Conduire chaque élève vers la maîtrise de soi et le respect de l'opinion d'autrui par l'apprentissage des règles de la parole en groupe.
- Faire acquérir à chaque élève la confiance en soi nécessaire pour s'exprimer face aux autres.
- Faire découvrir le pouvoir de la parole et ses enjeux sociaux.
- Travailler l'écoute et la prise de parole dans tous les cours et dans différentes situations de la vie au collège.
Modalités
- Ménager des moments d'échanges entre professeur et élèves, et entre élèves, pour la verbalisation des démarches adoptées par les élèves dans la réalisation d'une tâche donnée. Formulation de questions par rapport à un objet d'apprentissage. Formulation d'hypothèses concernant la résolution d'un problème, confrontation de résultats.
- Utiliser des supports variés pour travailler sur l'écoute et les pratiques langagières orales : enregistrement audio et vidéo, jeux de rôles, exercices théâtraux.


Études dirigées en 6ème et 5ème
Ce dispositif a fait ses preuves. Il sera progressivement renforcé.
Objectifs
- Donner aux élèves les moyens d'apprendre à travailler seuls ou en groupe ; les aider à organiser et réaliser leur travail personnel.
- Apporter une aide pédagogique aux élèves dépourvus de suivi et de soutien familial.
Modalités
- Ces études doivent :
. mieux cerner et analyser les difficultés des élèves ;
. réfléchir sur les procédures de travail personnel intellectuel des élèves ;
. s'habituer à travailler en concertation.
- Ces études dirigées doivent être assurées par les enseignants de la classe.


Éducation à l'image
Objectifs
- Changer les représentations des enseignants sur l'image auxiliaire de la langue en la construisant comme objet spécifique d'enseignement et d'apprentissage.
- Prendre en compte la réalité culturelle des élèves et les connaissances qu'ils élaborent hors de l'école par les images et les écrans.
- Développer des compétences de repérage des divers types d'images et de leurs fonctions dans différents types de texte ;
- Travailler l'articulation écrit/oral/image tant en lecture qu'en production.
- Diversifier des situations de classe pour installer des démarches de compréhension et de maîtrise propres aux différents types de discours (cinéma, télévision, affiches,
publicité, textes scientifiques).
- Conduire les élèves vers la notion d'œuvre et d'auteur, en particulier dans l'écriture audiovisuelle et filmique.
Modalités
- Chaque enseignement disciplinaire comprend régulièrement un temps de travail sur les représentations et les images proposées par la discipline (français, histoire/géographie, sciences de la vie et de la terre, technologie, arts plastiques...).
- Varier les situations mises en place : analyse d'images, reformulation orale ou écrite, légendage. Travailler la fonction des images dans la construction des connaissances.
- Inclure des ateliers d'images dans les pratiques, en particulier dans les parcours diversifiés.
- Articuler la maîtrise des langages (écrit, oral, image) sur le développement de la lecture d'écrans (télévision, cinéma, multimédia).
- Des outils pédagogiques seront mis à disposition des élèves.

Exemple : Collège Pablo Picasso, Reims, Marne

Les élèves de 5ème lisent, analysent et critiquent les journaux télévisés et la presse écrite, la publicité ou d'autres productions des médias. Sept enseignants travaillent en coordination : on écrit des scenarii, on choisit des images, on met en page, on enregistre, on filme, on réalise des expositions.... Du français à la musique, en passant par l'histoire et les mathématiques, toutes les disciplines se mêlent pour aboutir à une réalisation commune.


Heures d'éducation à la santé/sexualité
Objectifs
- Renforcer la politique de prévention dans le domaine de la santé des jeunes.
- Aider les jeunes à faire des choix conscients et prévenir les conduites à risque.
- Développer l'estime de soi et le respect des autres.
- Apporter un repère sur les valeurs et sur les lois : lutter contre les violences.
Modalités
- L'éducation à la santé, définie par la circulaire du 19 novembre 1998, prévoit un horaire moyen de 30 à 40 heures obligatoires pour les quatre années de collège.
- Cet horaire inscrit dans l'emploi du temps des élèves est réparti entre les niveaux selon le choix de l'établissement.
- Des rencontres éducatives nécessitent une fréquence régulière tout au long de la scolarité au collège pour permettre aux jeunes d'intégrer au mieux les attitudes de responsabilité et de prévention au cours de leur développement.
- L'heure de vie de classe peut servir de cadre propice à cette démarche.
- L'encadrement peut être assuré par les personnels de la communauté éducative formés à cet effet : enseignants, CPE, médecins, conseillers d'orientation, psychologues, infirmières, assistantes sociales.
- Les partenaires extérieurs agréés peuvent être sollicités et intervenir sous la responsabilité des personnels de l'établissement.
- Les classes de 4ème et 3ème intègrent l'éducation à la sexualité. Une mallette pédagogique sera diffusée à tous les collèges.


Pôles d'excellence dans les REP et dans les ZEP
Descriptif
Mise en place d'activités éducatives d'excellence de type sections sportives, classes musicales à horaires aménagés, ateliers de pratiques artistiques, rencontres avec des personnalités, jumelage avec les institutions culturelles (musée, conservatoire, orchestre), sportives, universitaires, scientifiques...
Objectifs
- Valoriser et conforter l'identité de ces établissements scolaires, donner à leurs élèves ce qu'il y a de meilleur.
- Mobiliser les acteurs et motiver les élèves au sein des REP et dans les ZEP. Des partenariats avec un établissement d'enseignement supérieur ou de recherche de la même académie ou d'une académie voisine seront activement recherchés (sciences, langues, technologie...). Dans le même esprit, des relations avec les entreprises s'établiront.
Modalités
Le contrat de réussite définit les modalités de fonctionnement avec les pôles d'excellence et envisage les actions à mettre en place ainsi que les différentes phases d'évaluation.

Exemple : 5 collèges de Toulouse, Haute-Garonne
5 + 5 = Réussite ! Cinq collèges en ZEP à Toulouse signent une convention de parrainage avec les universités. Le collège Bellefontaine et l'Institut national polytechnique de Toulouse, le collège Stendhal et l'université des Sciences sociales , le collège La Cepière et l'université du Mirail, le collège Lalande et l'université Paul Sabatier , le collège La Reynerie et l'Institut national des sciences appliquées.

Au total, 2 000 collégiens apprendront avec leurs aînés, dès la rentrée, ce que sont la réussite, la citoyenneté, la créativité graphique ou plastique, les mathématiques...

Deux de ces collèges signeront en outre un protocole d'échanges avec l'association d'entreprises "Toulouse Ouest Partenaires". Ce partenariat permettra de donner aux collèges du matériel informatique, d'organiser des visites et des séjours d'élèves en entreprises.

Regroupement des disciplines expérimentales
Il s'agit de donner la possibilité à l'équipe enseignante de regrouper une partie des horaires des disciplines mettant en oeuvre une démarche expérimentale : sciences de la vie et de la terre, technologie et physique-chimie, sans modifier le volume horaire de chacune d'entre elles.
Objectifs
- Permettre aux élèves de prendre conscience de la complémentarité des démarches d'observation et de réalisation développées en sciences de la vie et de la terre, technologie et physique-chimie.
- Développer conjointement chez les élèves le raisonnement scientifique et les compétences expérimentales.
Modalités
- Mettre en place dans chaque collège une réflexion commune des enseignants de sciences de la vie et de la terre, technologie et physique-chimie sur leurs programmes respectifs et les relations qu'ils entretiennent .
- Définir les emplois du temps de ces disciplines en fonction des projets pédagogiques élaborés par les enseignants (regoupements des heures de cours sur une période ; plages horaires communes pour des observations, des recherches, des réalisations ; interventions conjointes des enseignants).


Moduler la durée des cours en fonction des exercices et des disciplines
Il s'agit là d'une possibilité ouverte aux équipes pédagogiques dans le cadre de l'autonomie des collèges, sans diminution du volume horaire des disciplines.
Objectifs
- Adapter l'unité de temps de la séquence de cours aux spécificités de la discipline.
- Moduler également l'unité de temps en fonction des exercices proposés.
- Mettre en place un emploi du temps plus souple et plus en adéquation avec les besoins.
- Diversifier les activités proposées aux élèves et disposer du temps nécessaire pour celles-ci.
Modalités
- Deux possibilités sont ouvertes :
. élaboration d'un emploi du temps annuel avec des unités de temps différentes
selon les disciplines et les exercices ;
. variation au cours de l'année scolaire des unités de temps en fonction
des besoins ponctuels des enseignants ;

- Les choix d'emploi du temps seront faits en cohérence avec le projet d'établissement.



MIEUX VIVRE DANS LA "MAISON-COLLÈGE"


  • Un professeur coordonnateur par niveau
  • Vie de la classe
  • Une Charte de qualité pour les collèges
  • Une salle à soi pour chaque classe de 6ème
  • Formation des délégués-élèves
  • Lieux d'écoute
  • Lutte contre les violences
  • Travail sur le règlement intérieur et Charte des droits et devoirs
  • Réduction de la taille des établissements
  • Développement des internats et des foyers du collégien
  • Une rencontre par trimestre avec les parents
  • Renforcement du rôle des infirmières



Un professeur coordonnateur par niveau
- Il favorise le travail en commun des enseignants d'un même niveau.
- Il permet aux enseignants d'avoir une approche plus globale de chaque niveau de l'établissement.
- Il facilite les relations entre la direction et l'ensemble des enseignants.
- Il facilite les échanges entre les enseignants et d'autres personnes intervenant auprès des élèves : emplois jeunes, surveillants, tuteurs...
- En sixième, il anime la liaison CM2-6ème. En troisième, il participe à la coordination des actions d'orientation.
- Il fera partie d'un conseil pédagogique qui assurera, avec le chef d'établissement, l'animation pédagogique du collège.
- Les professeurs coordonnateurs seront mis en place sur la base du volontariat des équipes pédagogiques, dans le cadre de l'autonomie des établissements.


Vie de la classe
Objectifs
- Permettre une prise de parole des élèves et un dialogue avec un ou plusieurs adultes.
- Aborder des questions qui ne peuvent trouver leur place dans les cours : problèmes d'actualité, de société, de citoyenneté, de vie au collège.
- Prévenir les problèmes de comportement.
- Éduquer au respect des autres, à la maîtrise de l'écoute des autres, apprendre à articuler les arguments.
- Dialoguer sur le règlement intérieur et élaborer une Charte des droits et des devoirs au collège et/ou dans la classe.
Modalités
- Une heure est inscrite à l'emploi du temps des élèves pour la vie de la classe, en moyenne tous les quinze jours, de la 6ème à la 3ème.
- L'organisation de cette heure est confiée au professeur principal avec la possibilité d'interventions d'autres adultes : autres professeurs, conseiller principal d'éducation, conseiller d'orientation psychologue, intervenants extérieurs...
- En 3ème, cette heure sera consacrée plus largement à l'éducation à l'orientation et aux choix d'orientation de chaque élève. Les interventions de conseillers d'orientation psychologues seront donc les plus fréquentes possibles. Des personnes parlant de leurs
activités seront sollicitées, ainsi que les contacts avec des élèves et des enseignants des lycées (notamment techniques et professionnels).

Exemples :

Collège Henri Barbusse (situé en ZEP), Vaulx-en-Velin, Rhône
Un dispositif de vie de classe est mis en place à l'échelle de tout l'établissement. Deux heures de cours, de 10h à 12h, sont banalisées cinq fois dans l'année. Pendant la
première heure, chaque classe est prise en charge par son professeur principal. Pendant la deuxième heure, seuls restent les délégués de classe qui sont réunis avec les adjoints, par niveau, pour faire la synthèse de leur classe. Pendant ce temps, un bilan du déroulement de la séance avec la classe est fait par les professeurs principaux. Une synthèse générale par niveau est établie puis communiquée à la classe par le professeur principal et les délégués. L'objectif de cette action est double : donner un espace de parole aux élèves pour prévenir la violence et mettre les délégués en situation de porte-parole des élèves de leur classe, au niveau de l'établissement.

Collège Les Vernes, Givors, Rhône
L'action a concerné l'ensemble des classes de 5ème. Elle a été menée par les professeurs principaux et coordonnée par la CPE. Une heure par quinzaine y a été consacrée. L'objectif de cette action était d'améliorer la communication professeur/élève et élève/
élève en décodant discours et attitude et en apprenant à gérer ses émotions. Au premier trimestre, un travail sur les règles de la classe et sur les problèmes administratifs a été mené, puis il a porté sur l'ambiance et la préparation d'un projet de sortie. Le deuxième trimestre a marqué le début du travail sur les émotions : l'outil vidéo a été utilisé pour une prise de conscience du fonctionnement du groupe classe. Le troisième trimestre a permis à deux classes de travailler sur le vocabulaire des émotions notamment à travers un jeu de rôle.

Collège Longchambon (situé en ZEP), Rhône
L'heure de vie de classe en 6ème est inscrite à l'emploi du temps des élèves. Elle est coanimée par le professeur principal et un autre membre de l'équipe. Différents thèmes y sont étudiés : la connaissance du collège, du personnel, du règlement intérieur, la gestion des conflits, de la violence...Ces séances se font sous forme d'animation, de mini jeux. Il s'agit de "bien vivre ensemble".

Collège Albert Camus, Dreux, Eure-et-Loir
Dans le cadre de l'éducation à la citoyenneté, plusieurs actions ont été mises en place parmi lesquelles, au niveau de chaque classe, des débats à partir de situations pratiques empruntées à la vie scolaire, menés par les professeurs principaux.


Une Charte de qualité pour les collèges
Depuis la décentralisation, les conseils généraux se sont beaucoup engagés dans la construction et la rénovation des collèges. Les collèges les plus réussis au plan architectural mais aussi du point de vue de leur intégration dans l'urbanisme (établissements ni ouverts à tous les vents ni repliés sur eux-mêmes) ont montré le lien étroit entre la qualité du bâti et le bien-être pédagogique.
Un travail de repérage des critères de qualité a été fait. Il porte sur :

- une réflexion sur les espaces (salles de classe, lieux de travail pour les enseignants, lieux de réunion, ...) ;
- la conception de la circulation dans les collèges (couloirs, escaliers, espaces de dégagement) ;
- les lieux de vie (CDI, réfectoire, sanitaires) ;
- les équipements (équipements multimédia, équipements sportifs, cour de récréation, internat).
Une Charte de qualité est en cours d'élaboration, avec l'Assemblée des départements de France, et servira de guide aux chantiers de construction et de rénovation des collèges.


Une salle à soi pour chaque classe de 6ème
Afin de donner aux élèves de 6ème un point de repère dans le collège et dans l'esprit de continuité entre CM2 et 6ème, une salle de classe est attribuée à chaque division de 6ème. Elle est identifiée comme telle. Elle est utilisée prioritairement par cette 6ème qui peut la personnaliser.

Il est souhaitable que dans chacune de ces classes, les élèves disposent d'un espace de rangement fermant à clé.


Formation des délégués élèves
Objectifs
- Faciliter l'expression des délégués des élèves et l'exercice de leur mission.
- Contribuer à l'apprentissage actif de la responsabilité et de la citoyenneté (apprentissage de la représentation, de l'élection, de l'exercice d'un mandat, initiation à la vie sociale).
- Apporter aux délégués une connaissance de l'établissement (instances de l'établissement) et de son environnement.
Modalités
- Construire un plan de formation pour l'année scolaire au niveau de l'établissement. Les actions doivent s'inscrire dans le cadre du projet d'établissement.
- Inscrire la formation à l'ordre du jour du conseil d'administration.
- Mettre en œuvre et animer des actions de formation, sous la responsabilité du chef d'établissement par une équipe pluriprofessionnelle de l'établissement avec le concours de partenaires institutionnels ou associatifs (mouvements éducatifs).


Lieux d'écoute
Objectifs
- Répondre au besoin d'écoute et de dialogue exprimé souvent par les élèves.
- Améliorer le climat de l'établissement en prévenant certains conflits.
- Conforter les relations de confiance entre élèves et adultes.
Modalités
Des équipes pluriprofessionnelles (enseignants, CPE, infirmière, assistante sociale,
médecin, conseiller d'orientation psychologue, aide-éducateur) sont constituées pour recevoir individuellement ou collectivement des élèves qui en expriment le désir.
Un local est mis à leur disposition.


Lutte contre les violences
Objectif
- Renforcer l'action du ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie en matière de lutte contre les violences.
Actions déjà mises en œuvre
- Lancement du plan gouvernemental de lutte contre la violence en milieu scolaire (1997) sur dix sites expérimentaux concernant plus de 700 établissements scolaires et prévoyant un renforcement des personnels médico-sociaux ainsi qu'une affectation de 10 000 emplois jeunes.
- Aggravation des sanctions pénales encourues, dans le cadre de la loi du 17 juin 1998, pour les faits de violences commis "à l'intérieur d'un établissement scolaire ou éducatif, ou à l'occasion des entrées et des sorties des élèves, aux abords d'un établissement".
- Création du délit de bizutage.
- Lancement d'une campagne nationale contre le racket.
- Mise en place du numéro azur "SOS Violence" (0 801 55 55 00), pour l'écoute des victimes de toutes formes de violence.
- Diffusion d'un guide pratique destiné aux chefs d'établissements, leur précisant la ligne de conduite à adopter face aux principales situations de violence, à l'égard de la victime, de l'auteur et les mesures à prendre dans le cadre de la vie scolaire.
- Instruction concernant les violences sexuelles qui prévoit notamment la mise en place de cellules d'écoute, en cas de révélation de violences sexuelles.
- Installation, à l'administration centrale, d'une mission de prévention des violences sexuelles commises ou révélées en milieu scolaire confiée à un magistrat et à un inspecteur général de l'éducation nationale.
- Présence plus régulière de représentants de l'éducation nationale aux côtes des victimes au cours des procès.
- Constitution de partie civile de la ministre déléguée, chargée de l'enseignement scolaire, dans les affaires les plus graves.
- Signature le 9 mars 1999 d'une convention éducation nationale / INAVEM permettant la mise en place d'un dispositif de prise en charge et de suivi des victimes de violence, qu'il s'agisse d'élèves ou de personnels au sein du système scolaire.
Les nouvelles mesures
- Programme de partition des collèges dont la taille n'est pas sans incidence sur la violence qui s'y développe, notamment en région Ile-de-France, avec l'aide de l'État.
- Préparation d'un guide pratique relatif au traitement des actes de violence et à la sanction autour de plusieurs axes :
. gradation et élargissement des différents modes de sanction ;
. individualisation de la sanction ;
. respect du principe contradictoire (droits de la défense) ;
. mesures alternatives au conseil de discipline (médiation, mesures de réparation) ;
. externalisation des conseils de discipline aux quelques cas où la sécurité
de l'établissement scolaire n'est pas assurée et dans les situations à risques
sérieux de troubles.
- Relance de l'éducation civique au collège dont l'objectif majeur consiste à mettre en œuvre un parcours civique, qui prend son origine dès l'école primaire et se prolonge jusqu'au lycée.
- Le développement des classes-relais et des internats-relais pour assurer une prise en charge continue des élèves en voie de descolarisation ou de désocialisation.
- Action de lutte contre les violences entre adolescents dans le cadre plus global de l'éducation à la santé et à la sexualité : préparation d'une mallette pédagogique destinée à l'ensemble des établissements scolaires.


Travail sur le règlement intérieur et Charte des droits et devoirs
Objectifs
Si le règlement intérieur a pour objet de définir les droits et devoirs de chaque membre de la communauté scolaire, il est également un outil d'éducation à la citoyenneté. Pour redonner tout son sens au règlement intérieur son élaboration, sa révision et son suivi doivent respecter un certain nombre de conditions.

- Établir le règlement intérieur dans son rôle de texte juridique fondamental.
-Aider les établissements à en faire un instrument de respect d'autrui.
- Permettre une réelle appropriation par les élèves (le règlement intérieur doit constituer un repère pour le jeune).

Modalités
- Les élèves sont associés à sa rédaction, à ses modifications.
- En amont, il convient de préparer les différents acteurs d'une part par l'apport d'une information sur les objectifs éducatifs et sur les droits et devoirs de chacun des membres de la communauté scolaire, et d'autre part, grâce à une formation en direction des délégués des élèves.
- Le règlement intérieur doit être, en aval, rappelé, expliqué chaque année à tous les élèves ( vie de la classe) et comporter un travail spécifique avec les nouveaux élèves.
- Le règlement intérieur doit être complété par des dispositions particulières relatives à chaque classe, à chaque niveau de classe (Charte des droits et devoirs).

Exemple : Collège Léon Blum, Villiers-le-Bel, Val d'Oise
"A l'école publique, j'apprends à devenir citoyen. Ce n'est pas rien. Je vote, je prends la parole, je cède la parole, j'écoute"...

Cinq strophes rythmées pour un règlement intérieur. C'est la Charte du collégien. Un texte écrit en commun par des élèves et les enseignants. Un texte commenté dans toutes les classes et... appliqué par tous.


Réduction de la taille des établissements
Descriptif
Partition des collèges de plus de 1 000 élèves dans les zones les plus difficiles.
Objectif
- Les observations sur la violence scolaire soulignent l'incidence de la taille des collèges sur le climat au sein de l'établissement.
- La violence en milieu scolaire s'exprime dans la majorité des cas, en collège où sont scolarisés les mineurs de onze à seize ans. La partition des collèges dans les zones les plus difficiles peut constituer un levier important de la réduction de la violence.
Modalités
Favoriser la construction des collèges par les conseils généraux par le versement par l'État de subventions.


Développement des internats et des foyers du collégien
La réussite scolaire pour certains collégiens passe aussi par leur accueil en internat.
Des actions spécifiques en liaison avec la politique de la ville pour développer les foyers du collégien (internats de proximité).
La mise en réseau de collèges ruraux s'accompagne par ailleurs d'encouragement à l'utilisation des locaux disponibles pour créer des internats.
Des actions pour l'accueil en internats ruraux d'élèves se trouvant en situation difficile ont été engagées et seront développées.
Une brochure guide sera distribuée à toutes les inspections académiques et à tous les conseils généraux intéressés par le dispositif.


Une rencontre par trimestre avec les parents
Objectifs
Actuellement, les collèges organisent, d'une manière générale, une rencontre collective parents/enseignants au cours du premier trimestre de l'année scolaire. Il s'agit de multiplier ce type de réunions. Par la mise en place systématique de "temps" de rencontre individuels et collectifs entre les parents et les enseignants et/ou les membres de l'équipe de direction.

- Instaurer des liens confiants entre l'école et les familles.
- Renforcer le dialogue avec les parents.
- Conforter les parents dans leur rôle éducatif.
- Permettre aux parents d'être en mesure d'assurer le suivi de la scolarité de leur enfant.
- Reconnaître et valoriser le rôle des parents d'élèves.

Modalités
Elles peuvent être variables selon les établissements, en fonction de leur situation locale et du niveau des divisions concernées. A titre d'exemple, pour les classes de 6ème, l'accent sera mis notamment lors de la première réunion collective à l'accueil, à la présentation de l'établissement, des objectifs pédagogiques et éducatifs du collège et des exigences en matière de travail scolaire pour les élèves. Pour les classes de 3ème, il est essentiel, à côté d'actions collectives d'informations générales, de développer les entretiens individuels sur la question de l'orientation.

D'une manière générale, ces rencontres notamment collectives, doivent comporter un ordre du jour précis (résultats des évaluations de 6ème, remise des bulletins trimestriels, bilans des conseils de classe, etc...).

Il convient de veiller à la qualité de l'animation de ces réunions pour qu'elles puissent être de véritables moments d'échanges et de dialogues avec les parents.

Pour favoriser une participation des parents à ces rencontres, des actions de communication et d'information adaptées doivent être conduites auprès des familles afin de leur donner envie d'y venir.


Renforcement du rôle des infirmières
Objectifs
- Apporter aux élèves une présence et une écoute sur le mal-être, lié souvent à l'adolescence.
- Rattacher l'infirmière à un collège, qu'elle intervienne sur cet établissement ou en secteur.
Modalités
- Intégrer la dimension santé dans les projets d'établissement en s'appuyant sur les
besoins des élèves.
- Elargir la participation des personnels médicaux et sociaux, en particulier des infirmières aux différentes instances du collège : conseil d'administration, conseils de classe, comités d'éducation à la santé et à la citoyenneté...
- Contribuer à mettre en place, avec les enseignants en particulier, les rencontres éducatives pour la santé prévues, dès la rentrée 1999 dans les collèges, principalement en 4ème et 3ème (circulaire du 24 novembre 1998).
- Aider les enseignants à repérer les élèves en situation de risque ou de danger.


LES OUTILS
  • Définition des compétences communes
  • Formation initiale et continue des professeurs
  • Observatoires académiques des pratiques pédagogiques
  • Le site internet, un pôle ressource documentaire au service des enseignants
  • L'accompagnement pédagogique des enseignants
  • L'audit des établissements


Définition des compétences communes
Le collège est le moment central de la scolarité où tous les jeunes apprennent et vivent ensemble.

Il dispense, dans la continuité de l'école primaire, un socle commun de formation qui est associé à l'idéal de démocratisation de l'école et qui permet la poursuite d'étude dans les lycées.

Pendant les quatre années du collège, le collégien apprend à connaître, à faire, à vivre ensemble et se prépare à suivre des enseignements divers qu'ils soient généraux, technologiques ou professionnels dans les lycées. Il est essentiel d'introduire la culture technique et professionnelle dans le collège.

Pour définir les compétences communes à acquérir au collège, un travail sur les cohérences entre les programmes des disciplines doit être mené à bien. Le Conseil national des programmes y travaille déjà, dans certains domaines. Ce travail est essentiel pour ancrer la pratique pédagogique interdisciplinaire au cœur des collèges.

Il convient également d'ajouter à la transmission des savoirs, si fondamentale, les acquisitions de pratiques et d'expériences. L'intérêt des élèves commande d'engager cette solution : plus on donnera du sens aux apprentissages, plus la réussite scolaire sera effective.

Le Conseil national des programmes, les observatoires académiques des pratiques pédagogiques ainsi que d'autres organismes comme l'INRP participeront à ce travail.


Formation initiale et continue des professeurs
Objectifs
Pour accomplir leur mission, les professeurs demandent d'y être préparés.
- La formation initiale et continue prendra en compte dans les plans de formation les exigences et priorités du collège :
. développer chez les professeurs de toutes disciplines, la capacité à analyser et à prendre en commun la diversité des élèves, à être attentif à leurs difficultés, à prendre en compte notamment les élèves en grande difficulté ;
. identifier les singularités et les convergences d'approche entre les enseignements des disciplines ;
. apprendre à travailler en commun afin de conduire des actions, des projets, en équipe ;
. acquérir les compétences relatives à l'évaluation des élèves, notamment par la conception et la mise en œuvre des modalités variées mettant en évidence les
capacités des élèves et les moyens de remédier à leurs déficiences ;
. former à la nécessité de traiter l'apport de chaque discipline à la maîtrise de la langue.
Modalités
- La mise en œuvre de modules de formation répondant à l'attente de ces objectifs sera un des critères essentiels de l'expertise des plans de formation.
- Les stages sur site seront multipliés.


Observatoires académiques des pratiques pédagogiques
Face à la grande diversité des élèves accueillis dans les collèges, il s'agit de mieux connaître les multiples pratiques développées au quotidien par les équipes éducatives :
- observer la diversité des initiatives qui favorisent la réussite de tous les élèves ;
- pointer les conditions de leur efficacité ;
- explorer les évolutions du métier d'enseignant que ces nouvelles méthodes peuvent induire ;
- repérer, dans une visée prospective, des pratiques particulièrement originales et novatrices.
Le dispositif actuel de valorisation des innovations pédagogiques a pour vocation de repérer, analyser et diffuser les initiatives locales en matière d'innovation pédagogique.
Modalités de mise en œuvre
Des observatoires académiques des pratiques pédagogiques, intégrant le dispositif, et associant les IUFM, les universités et l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), chargés de suivre et d'analyser les pratiques pédagogiques, de poursuivre des recherche-actions et de contribuer à la réflexion sur la définition des compétences communes seront constitués.
Le comité de suivi mis en place lors du débat-collège sera consulté sur les modalités de fonctionnement de ces observatoires.


Le site Internet, un pôle ressource documentaire au service des enseignants
Pour faciliter les initiatives nouvelles et apporter aux enseignants des méthodes, des idées efficaces, il faut leur offrir un accès rapide à la banque des données fabriquées sur les sujets qui les intéressent.
Le Centre national de documentation pédagogique en est le maître d'œuvre.
Les Centres départementaux de documentation pédagogique offrent des produits documentaires réalisés localement ou dans d'autres sites.
Le site Internet "Collège" présente les différents aspects du débat "Collège de l'an 2000" ainsi que les données rassemblées dans "Savoirs Collège" .
Il y a là une masse d'éléments d'information sur les réflexions, documents écrits, visuels, sonores, exercices et méthodes concernant le collège.
Ce site sera ultérieurement connecté au site ZEP lui-même relié à l'INRP afin de permettre à chacun de circuler dans diverses banques de données à contenu pédagogique et éducatif nécessaires pour travailler au collège.


L'accompagnement pédagogique des enseignants
Les enseignants demandent à être accompagnés dans l'évolution et l'enrichissement de leurs pratiques pédagogiques, en particulier dans des domaines prioritaires comme la maîtrise des langages, le développement des sciences expérimentales, l'éducation à la citoyenneté et l'éducation à l'orientation. L'inspection individuelle ne suffit pas à
répondre à cette demande.

Pour cela se mettra en place un réseau polyvalent composé d'inspecteurs pédagogiques régionaux, d'inspecteurs de l'éducation nationale, d'experts, chargé de soutenir les équipes dans leur progression et de répondre à leurs attentes.


L'audit des établissements
Du débat sur les collèges a émergé le besoin d'évaluer les politiques mises en œuvre, la prise en charge des élèves, le pilotage, les pratiques pédagogiques des établissements.
Des audits réguliers sont l'instrument capable de répondre à ce besoin d'expertise, d'animation et d'évaluation de l'action pédagogique et éducative.
François Dubet et son équipe sont chargés de proposer les grandes lignes et les modalités de cette forme d'évaluation des établissements.