bo Le Bulletin officiel de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports

Le Bulletin officiel de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publie des actes administratifs : décrets, arrêtés, notes de service, etc. La mise en place de mesures ministérielles et les opérations annuelles de gestion font l'objet de textes réglementaires publiés dans des BO spéciaux.

Enseignements primaire et secondaire

Classe terminale de la série littéraire

Programme de littérature pour l'année scolaire 2013-2014

NOR : MENE1304181N

Note de service n° 2013-026 du 1-3-2013

MEN - DGESCO A3-1

Texte adressé aux rectrices et recteurs d'académie ; au directeur du service interacadémique des examens et concours d'Ile-de-France ; aux inspecteurs d'académie-inspecteurs pédagogiques régionaux de lettres ; aux proviseurs ; aux professeurs de lettres
Référence : arrêté du 12-7-2011 (J.O. du 20-9-2011 et B.O.EN spécial n° 8 du 13 octobre 2011)

Pour l'année scolaire 2013-2014, la liste des œuvres obligatoires inscrites au programme de littérature de la classe terminale de la série littéraire est la suivante :


A. Domaine d'étude « Littérature et langages de l'image »

Œuvre :

- Les Mains libres, Paul Éluard-Man Ray, Poésie Gallimard.

Le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.EN spécial n° 8 du 13 octobre 2011) souligne que le travail sur le domaine « Littérature et langages de l'image » vise à « conduire les élèves vers l'étude précise des liens et échanges qu'entretiennent des formes d'expression artistique différentes ». Il envisage « quelques grands types de relations » entre l'œuvre littéraire et l'œuvre visuelle, et propose notamment « l'imbrication », « l'agrégation » ou « l'amplification » comme pistes d'études.

Le recueil Les Mains libres renverse les relations traditionnelles entre texte et image, en mentionnant dès la première page de l'œuvre : « dessins de Man Ray illustrés par les poèmes de Paul Éluard ». Les deux créateurs ont en effet inventé une collaboration, dans laquelle les dessins ont précédé l'écriture poétique. Derrière cette relation d'« illustration » assumée par le poète, la composition à quatre mains révèle toutefois un système organique sans doute plus complexe. Les poèmes d'Éluard relèvent-ils vraiment et seulement de l'illustration ?

Engageant deux langages de manière indépendante et mêlée, Les Mains libres échappent à la volonté d'emprisonner la réalité entre la représentation picturale et une quelconque « traduction » poétique. Le rapport au monde proposé par les deux artistes, rapport qu'on ne pourra détacher de l'aventure surréaliste, joint la vision à la vue, l'imagination au réel, l'aura au détail. Dans cet hymne à la voyance qu'est le recueil, l'architecture, l'organisation et le dialogue entre les pages ne sont pas laissés au hasard : ils orchestrent une véritable partition chargée d'entraîner le lecteur sur la voie de l'inspiration poétique.

L'étude de l'œuvre, éclairée notamment par cette réflexion sur la contagion créatrice, devra attirer l'attention des élèves sur le contexte artistique et théorique des années d'immédiate avant-guerre. Elle ne manquera pas de s'ouvrir de manière plus générale à l'esthétique surréaliste, comme à son « dialogue des langages artistiques » au cœur du domaine d'étude.

Propositions bibliographiques :

Textes de référence :

- Éluard (Paul), Les Mains libres, dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, collection « Bibliothèque de la Pléiade », 1984, t. I, appareil critique p. 1503-1513.

- Éluard (Paul), Facile, photographies de Man Ray, Paris, GLM, 1935 [dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, collection « Bibliothèque de la Pléiade », 1984, t. I, p. 457-466].

- Éluard (Paul), Donner à voir, Paris, Gallimard, 1939 [collection « Poésie », 1978, recueil où sont rassemblés la plupart des écrits du poète consacrés à la peinture de 1918 à 1938].

- Gâteau (Jean-Charles), Paul Éluard et la peinture surréaliste, Genève, Droz, 1982, chap. VIII « Illustrer Man Ray », p. 259-302.

Pour aller plus loin :

- Ray (Man), Autoportrait, traduction Anne Guérin, Paris, Robert Laffont, 1964 [Arles, Actes sud, collection « Babel », 1998].

- Breton (André,) Le Surréalisme et la Peinture, Paris, Gallimard, 1928 [collection « Folio Essais », 1965].

Sur le site de l'Ina http://www.ina.fr/ :

« La bande à Man Ray » (vidéo de 51 min. 28 s)

« Entretien avec Man Ray » (vidéo de 17 min. 26 s)

« Paul Éluard » (portrait-souvenir, vidéo d'1 h 37 min. 13 s)


B. Domaine d'étude « Lire-écrire-publier »

Œuvre :

- Lorenzaccio, de Musset.

Le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire indique que « la succession des termes lire-écrire-publier doit être appréhendée comme l'indication d'un continuum dont les différents moments sont en interaction et se déterminent réciproquement », mais précise que « les œuvres inscrites au programme détermineront les perspectives que le professeur sera amené à privilégier ». Si Lorenzaccio présente par ses sources une riche intertextualité, il s'agit surtout d'étudier l'œuvre en mettant l'accent sur la réception (« écrire-publier »). Lorenzaccio se caractérise dans cette perspective par un triple décalage :

- celui d'une œuvre théâtrale rendue publique sous forme livresque (un théâtre dans un fauteuil) en prenant acte de sa propre irreprésentabilité scénique, voire en la théorisant ;

- celui d'un créateur qui choisit le détour par l'Italie renaissante pour parler à et de la France d'après 1830 ;

- celui d'une pièce finissant par connaître tardivement (en 1896) la représentation scénique : la « création » au sens théâtral ainsi retardée déplaça nécessairement le sens de l'œuvre, lequel ne cesse depuis d'être réinterprété et recontextualisé au fil des mises en scène, parmi lesquelles le professeur pourra choisir celles qui lui paraissent les plus représentatives.

L'enjeu n'est pas une connaissance exhaustive de toutes les représentations ou interprétations, mais une compréhension, par l'étude d'une œuvre, des inflexions sémantiques et de leurs richesses suivant le support matériel de la publication, l'horizon de la réception et ses contextes. On se reporte de ce point de vue aux « compétences visées » et aux « objectifs » tels qu'ils apparaissent dans le programme.

Pour ce faire, le professeur propose aux élèves l'édition de son choix. Au format « poche », les éditions proposent chacune dans les annexes des documents divers concernant la genèse, la réception, quelques représentations théâtrales ou des études critiques. Il appartient éventuellement au professeur de les compléter par les textes et les documents utiles à son projet (propos de Musset lui-même, discours critiques du XIXème ou du XXème siècle, déclarations de metteurs en scène, captations vidéos de certaines représentations, etc.).

Quelques ressources pour les professeurs :

- concernant la question de la représentation et de la publication : Florence Naugrette, Le Théâtre romantique - Histoire, écriture, mise en scène, Éditions du Seuil, collection « Points Essais » ;

- concernant le problème historique et politique : Paul Bénichou, L'École du désenchantement, Gallimard, chapitre « Musset » ;

- l'édition « Pléiade » Gallimard du Théâtre complet de Musset établie par Simon Jeune offre dans les annexes et notices des études et des documents utiles ;

- une page « Sitographie pour Lorenzaccio de Musset », renvoyant à des sites choisis, des bibliographies, des articles critiques et des archives théâtrales, est disponible sur Éduscol - Théâtre ;

- la mise au programme de Lorenzaccio fera l'objet d'un accompagnement en ligne (extraits comparés de différentes mises en scène et autres documents) pour une utilisation en classe sur le site Antigone-enligne (http://www.cndp.fr/antigone/).

Pour le ministre de l'éducation nationale
et par délégation,
Le directeur général de l'enseignement scolaire,
Jean-Paul Delahaye