Évaluation du partenariat de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur avec le monde économique pour l'insertion professionnelle des jeunes

La préoccupation de l’École pour l’insertion professionnelle présente une acuité particulière dans le contexte actuel, notamment au vu des écarts entre diplômés et non-diplômés ainsi qu’entre diplômes. Le partenariat avec le monde économique est aujourd’hui marqué par la multiplicité des actions et des dispositifs. Il est apparu nécessaire d’évaluer cette politique partenariale afin, en particulier, de recenser les actions et de vérifier leur efficacité et leur efficience au regard de l’objectif final d’insertion professionnelle. Cette évaluation a été lancée en novembre 2014.

Note de synthèse de la cheffe de projet, Christiane Demontès
 

Le rapport de la mission "d'évaluation du partenariat École-monde économique" que m'a confiée Madame la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche s'inscrit dans un contexte particulier :

  • la situation économique difficile de la France dans le monde avec un taux de chômage des jeunes très élevé,
  • l'arrivée en Europe de nouvelles populations plutôt jeunes, posant la question de leur intégration par la formation et l’emploi,
  • la volonté du gouvernement, et particulièrement du ministère de l'éducation nationale et de l’enseignement supérieur, de s’engager pour la réussite scolaire de tous.

Un certain nombre de réformes et de travaux engagés impactent notre mission : les travaux de France Stratégie sur les métiers de 2020, les travaux du club Erasmus pour favoriser la mobilité européenne des jeunes en formation professionnelle, le rapport sur l'enseignement supérieur (StraNES) de Bertrand Monthubert et Sophie Bejean, le rapport parlementaire du député Emeric Brehier sur le parcours "Bac-3 ; Bac +3", mais aussi la réforme territoriale avec la création de treize régions et la réorganisation des services déconcentrés de l’ Etat avec le maintien des rectorats actuels et la création de treize régions académiques.

La relation École-monde économique est au centre d'une double problématique :

  • l'élévation nécessaire du niveau de formation et de qualification des jeunes entrant sur le marché du travail dans le cadre de la stratégie Europe 2020 qui vise une "croissance intelligente, durable et inclusive". Cet objectif exige un renforcement de la lutte contre les inégalités sociales et territoriales pour permettre à chacun de construire sa formation tout au long de sa vie.
  • la nécessité pour les entreprises françaises d'anticiper et d'exprimer leurs besoins en compétences pour s'adapter à l'évolution continue des technologies et des exigences environnementales dans la compétition économique internationale.

Notre mission d'évaluation du partenariat École-monde économique a établi un diagnostic de la situation (rapport des Inspections Générales) qui pointe l'absence d'une politique publique nationale, révèle un foisonnement d'initiatives territoriales peu coordonnées et peu pilotées, avec un grand nombre d’acteurs, une absence d'évaluation et de mesure d'impact sur l'orientation scolaire et l'insertion professionnelle des jeunes.

Le rapport contient 40 propositions qui s’inscrivent dans les réformes actuellement mises en œuvre par le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elles tiennent compte des moyens financiers contraints des ministères concernés.

Pour relever ces défis, nous pensons que la relation École-monde économique doit franchir une nouvelle étape, marquée par :

  • l'élaboration et le déploiement d'une politique publique interministérielle, partenariale et territorialisée, pilotée au plus haut niveau par le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
  • un déploiement dans les territoires académiques et régionaux qui favorise les initiatives, l'expérience acquise par les acteurs, la complémentarité et la cohérence, par la mise en réseaux ;
  • un soutien aux acteurs (personnels de l'éducation nationale et de l’enseignement supérieur, acteurs économiques, acteurs institutionnels, partenaires sociaux, parents) pour améliorer la connaissance mutuelle, le dialogue et la coopération dans l’action ;
  • une politique d'évaluation systématique des actions conduites et des dispositifs mis en place afin de mesurer leur influence et leur impact sur l'orientation et l'insertion professionnelle des jeunes bénéficiaires.

Ce rapport contient 40 propositions qui traduisent l'ampleur des travaux menés avec les parties prenantes durant plusieurs mois pour répondre au diagnostic établi et aux besoins identifiés. Il nécessitera sans doute une mise en œuvre progressive, tenant compte des coordinations nécessaires entre les administrations centrales, les services déconcentrés de l’État, et les calendriers des projets académiques et des autres instances concernées.

Parmi ces 40 propositions, huit me paraissent particulièrement structurantes pour l’évolution de la relation École-monde économique :

  • 1. Installer un dispositif de pilotage national interministériel avec pour chef de file la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO)
  • 2. Encourager la création d’un « Club École-Entreprise» dans chaque région académique
  • 3. Généraliser les CLEE dans tous les territoires, en lien avec les pôles de stages
  • 4. Animer, développer et outiller le réseau des référents territoriaux et académiques sur la relation École-monde économique
  • 5. Mettre en place des conseils sectoriels nationaux pour anticiper les besoins des acteurs économiques
  • 6. Créer le dispositif  "Enseignants pour l’entreprise"
  • 7. Intégrer la réalisation d’un stage d’une semaine en entreprise pour les chefs d’établissement et les inspecteurs, dans le cadre de leur formation initiale
  • 8. Permettre aux élèves de seconde générale et technologique de faire un stage, dans le cadre du parcours Avenir

Le Conseil national Éducation Économie (CNEE) pourra être l'instance de dialogue permanent pour la mise en œuvre du plan d'action et son évolution. Les contributions des partenaires qui le composent (administrations centrales, partenaires sociaux, représentants des universités, des Régions, personnalités qualifiées...) permettront d'adapter la feuille de route au fil du temps.

Je ne doute pas que le rapprochement entre le monde de l'éducation, de la formation et le monde de l'économie permette aux jeunes d'accéder à l'emploi dans de meilleures conditions et d'évoluer tout au long de leur parcours professionnel.