Transformations des parcours des élèves ; implication des parents ; performance des établissements

À partir d’études inédites, de revues de littérature et de notes méthodologiques, ce numéro s’intéresse à la réussite des élèves en observant leurs parcours scolaires, leurs conditions de scolarisation et leur insertion dans l’emploi. Il analyse ainsi l’impact de la taille des classes ou de l’établissement sur les résultats scolaires et s’interroge sur l’effet de l’implication de la communauté éducative sur les destinées des élèves.

Coordination éditoriale : Caroline Simonis-Sueur


Les transformations des trajectoires au collège : des parcours plus homogènes mais encore très liés au passé scolaire et à l’origine sociale - Jean-Paul Caille

Du fait de la baisse des redoublements et de la fermeture des classes spécialisées, les parcours au collège sont devenus beaucoup plus homogènes : 78 % des élèves effectuent aujourd’hui le premier cycle de l’enseignement secondaire sans avoir été confrontés à un redoublement ou à une orientation non désirée, contre 58 % il y a douze ans. Cette amélioration a débouché sur une progression de l’accès en seconde générale et technologique et une baisse significative des interruptions précoces d’études.
Néanmoins, les inégalités de trajectoires selon le passé scolaire ou l’origine sociale demeurent importantes. Les élèves les plus en difficulté à leur arrivée au collège poursuivent plus souvent leur scolarité dans le second cycle qu’il y a douze ans, mais un niveau d’acquis fragile ou un retard scolaire obèrent encore fortement les chances de parvenir en seconde générale et technologique. À niveau d’acquis et âge à l’entrée en sixième comparables, les destins scolaires sont encore très différenciés selon l’origine sociale de la famille. Les différences de trajectoires entre garçons et filles restent stables et les parcours des enfants d’immigrés gardent une forte spécificité.

Implication des parents dans la réussite à l’école : éclairages internationaux - Robert Rakocevic

Le lien entre la participation des parents dans l’éducation et la réussite des élèves est souvent postulé. Qu’en est-il en réalité ? Les recherches présentées ici portent sur le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) en 2009 et sur quatre dispositifs nationaux (France, Royaume-Uni, Finlande, Suède) qui visent à mesurer et à améliorer l’implication des parents.
En moyenne, dans la plupart des pays et pour une majorité des activités, les familles de milieux défavorisés s’impliquent moins que les familles favorisées. Il est donc important d’identifier les éléments clés d’un engagement effectif : les recherches soulignent la confiance en leurs propres compétences parentales, leur maîtrise de l’écrit, ainsi que l’importance du dialogue entre école et familles. Des progrès restent cependant à accomplir pour évaluer plus précisément les effets de cet engagement sur la réussite des élèves.

L’effet d’une réduction de la taille des classes sur la réussite scolaire en France : développements récents - Olivier Monso

Un nombre d’élèves par classe plus faible semble permettre une meilleure réussite scolaire. Les travaux récents sur données françaises consacrés à l’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire ont tous abouti, quoiqu’avec des nuances, à ce constat. Ces travaux ont mis en évidence un impact du nombre d’élèves par classe plus fort dans le premier degré et dans la première partie du collège, peu apparent ou inexistant au lycée général.
Une réduction du nombre d’élèves par classe bénéficie davantage, dans l’ensemble, aux élèves issus d’un environnement social ou scolaire défavorisé, et notamment à ceux scolarisés dans un établissement en éducation prioritaire. Toutefois, elle ne constitue pas forcément la réponse appropriée à tous les types de difficultés scolaires. Le lien entre taille des classes et réussite scolaire reste complexe, notamment parce que les mécanismes sous-jacents n’ont pas été clairement identifiés. Enfin, les effets mesurés sont affectés d’une marge d’incertitude importante, ce qui pose aussi question pour mettre en œuvre une politique adaptée.

Une question de taille - Cédric Afsa

La taille d’un établissement scolaire joue-t-elle un rôle dans sa performance ? À partir d'un panel de collèges suivis pendant sept ans, et dont la performance est mesurée par la moyenne des notes que leurs élèves ont obtenues aux épreuves écrites du brevet, cette étude répond à la question. Premier enseignement, la relation entre la taille et la performance des établissements du secteur public est brouillée par leur composition sociale : les gros collèges réussissent mieux parce qu’ils scolarisent davantage d’enfants de milieux sociaux aisés.
Lorsqu’on place les établissements sur des bases comparables, la relation s’inverse : les petits collèges font mieux que les autres. Deuxième enseignement, le facteur taille a une grande importance dans les collèges accueillant beaucoup d’élèves d’origines sociales modestes. Autrement dit, les petits collèges conviennent mieux aux élèves de familles socialement défavorisées. Ces constats valent pour les établissements du secteur privé. L’enjeu d’équité sociale y est même plus fort : la taille joue, sur les performances des collèges privés dont la population est socialement défavorisée, un rôle deux fois plus important que dans le secteur public.

 

Comment évaluer la performance des lycées ? Un point sur la méthodologie des IVAL (Indicateurs de valeur ajoutée des lycées) - Marc Duclos, Fabrice Murat

Depuis vingt ans, les indicateurs de valeur ajoutée des lycées (IVAL) cherchent à mesurer les performances des établissements du second cycle. Ils présentent non seulement la réussite finale au baccalauréat, mais aussi la capacité de l’établissement à accompagner les élèves de la seconde jusqu’à l’examen. Par ailleurs, ils tiennent compte de la grande diversité des publics accueillis dans les lycées, que cette diversité reflète les disparités territoriales ou la politique de sélection des établissements.
En effet, le calcul d’une « valeur ajoutée » vise à contrôler les facteurs sur lesquels l’établissement n’a pas prise, pour mesurer son efficacité propre. Longtemps limitée à la prise en compte du milieu social et du retard scolaire, la méthodologie s’est affinée à partir de la session 2008 : le niveau à l’entrée en seconde, par les résultats au diplôme national du brevet, est en effet un facteur important de la réussite des élèves. Cet article fait un point sur la méthodologie et envisage des pistes d’amélioration.

Éléments de synthèse sur la relation formation-emploi - Sylvère Chirache

Le thème de la relation formation-emploi se présente souvent à travers le sujet de l’insertion professionnelle des jeunes. Cette question apparaît au début des années soixante-dix. Quarante ans plus tard, compte tenu des enjeux et de l’accumulation des connaissances, c’est le sujet que nous avons choisi de privilégier dans cet article. Il s’agit de présenter une synthèse des connaissances permettant de donner les grandes lignes de certaines théories de la relation formation-emploi et de mettre en évidence des résultats robustes et stables dans le temps.
Dans cette perspective, cet article comprend deux parties d’importance inégale : la première est plutôt centrée sur une approche globale et théorique des liens entre l’éducation, l’économie et l’emploi ; la seconde présente les résultats de travaux empiriques. Globalement, les résultats des enquêtes mettent en avant la hiérarchisation des conditions d’accès à l’emploi, des salaires et des risques de chômage selon le niveau du diplôme et surtout une nette différence entre diplômés et non-diplômés. Cependant, les autres facteurs analysés (parcours, spécialité, mode de formation, sexe, origine sociale et ethnique) dans les études d’insertion ont une importance décisive.