Faire de la prévention dans les établissements et prendre en charge les jeunes sortis sans qualification : la lutte contre le décrochage scolaire se poursuit et s'améliore dans une action conjointe avec les partenaires de l'Éducation nationale. Ce travail porte ses fruits : si 140000 jeunes sortaient du système scolaire sans qualification en 2011, ce chiffre a été ramené à 98000 en 2016 et sera proche de 80000 avant fin 2017.
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La lutte contre le décrochage constitue un enjeu majeur humain, social et économique. Le préjudice psychologique du décrochage est important en termes d’estime de soi, de qualité de vie. La non-valorisation des talents est un gâchis pour la société et menace la cohésion sociale.
Les jeunes sans diplôme se trouvent plus souvent au chômage, notamment de longue durée, occupent plus souvent des emplois précaires et présentent un état de santé dégradé.
Du point de vue économique, le décrochage génère des coûts importants pour la société. Le coût du décrochage pour une personne tout au long de sa vie a été estimé à 230 000 euros par le cabinet BCG (en 2012).
Les pays qui ont réussi à réduire significativement le décrochage en ont fait une cause nationale, un enjeu du vivre-ensemble.
Le décrochage scolaire n’est pas un phénomène uniforme et homogène. Il se matérialise par autant de trajectoires individuelles et d’histoires de vie et s’explique par une combinaison de facteurs de risques internes et externes à l’École. La réponse ne peut donc être univoque.
Le décrochage n’est pas une fatalité. Dès 2012, la loi pour la refondation de l’École de la République a mis l’accent sur la lutte contre le décrochage scolaire en cohérence avec les politiques publiques centrées sur la jeunesse. Le plan d’actions "Tous mobilisés pour vaincre le décrochage", présenté le 21 novembre 2014, mobilise tous les leviers et tous les acteurs. Ce plan d’actions obtient des résultats grâce à la mobilisation de toute la communauté éducative, des chercheurs, des autres ministères, des collectivités, des associations, etc.
La lutte contre le décrochage scolaire se décline en trois grands axes.
La rentrée 2016 a été marquée par des avancées dans les dispositifs mis en œuvre à titre expérimental et par certaines mesures nouvelles. Parallèlement, les actions de formation se déploient dans le but d’impliquer dans la lutte contre le décrochage scolaire l’ensemble de la communauté éducative.
Adapter les pratiques pédagogiques pour prévenir le décrochage en améliorant la formation continue des enseignants à la prévention du décrochage scolaire : pratiques pédagogiques dans la classe, travail collaboratif au sein de l'équipe pédagogique, co-éducation avec les parents
Renforcer la collaboration entre les personnels pédagogiques et éducatifs au sein des écoles et des établissements
Renforcer le lien parents-École
Mieux accompagner le jeune dans son orientation et la découverte des métiers et des formations au collège et au lycée
Accompagner le parcours des élèves en risque de décrochage scolaire : dispositif de parcours aménagé de la formation initiale
Garantir à tout jeune ayant échoué aux examens une place dans son établissement d'origine pour re-préparer l'examen et la conservation de ses acquis
Développer toutes les formes de structures de retour à l'École, dont les micro-lycées
Plate-formes de suivi et d'appui aux décrocheurs (PSAD) et coordination régionale :
Entreprises :
Associations :
PSAD et coordination régionale :
Entreprises :
Renforcement de la collaboration Éducation nationale/entreprises
Associations :
Les premiers résultats de l’enquête Tita montrent que le plan d’action décrochage encourage la coopération au sein des établissements. Certains chefs d’établissement se sont même saisis du plan de lutte contre le décrochage scolaire comme principe de management et d’évolution des pratiques professionnelles.
Débuté en mai 2014 pour une durée de trois ans, le projet européen Tita (Team cooperation to fightearlyschoolleaving : Training, Innovation, Tools and Action) s’inscrit dans le domaine de la lutte contre le décrochage scolaire et plus précisément celui de la prévention.
Un vaste programme de formation a été lancé en 2016 afin de mobiliser, autour de l’objectif de la prévention, l’ensemble des personnels intervenant dans la lutte contre le décrochage scolaire (enseignants, corps d’inspection, chefs d’établissement, responsables des réseaux "Formation qualification emploi" et "référents décrochage scolaire" en établissement).
La formation vise à sensibiliser les professeurs aux signes précurseurs du décrochage (absentéisme, évolution soudaine du comportement, baisse des résultats scolaires, etc.) ainsi qu’à l’importance du travail collaboratif en équipe éducative et de la relation avec les parents.
Elle renforce le rôle et les missions de ces personnels en complément de celui des enseignants pour prévenir les ruptures scolaires et prendre en charge les jeunes sortis sans qualification.
Les "alliances éducatives" expérimentées dans plusieurs académies sont étendues depuis la rentrée scolaire 2016. Elles coordonnent, dans une démarche coopérative impliquant fortement les parents, les interventions des différents professionnels de la sphère éducative et des partenaires extérieurs autour du jeune en risque ou en situation de décrochage.
Instaurer et faire vivre la co-éducation, c'est permettre aux parents d’élèves d’être aux côtés des enseignants, en rassurant et dialoguant lors de moments d’échanges privilégiés, afin qu’aucun n'hésite à franchir les portes de l’École.
À l’origine destinée aux classes de 6e, puis étendue au CP, la mallette des parents, dans son format d’origine, propose aux écoles et aux établissements des outils pratiques et des supports pour aider les équipes dans l’organisation de débats avec les parents sur des thématiques liées à la scolarité de leur enfant (apprentissage de la lecture pour la mallette CP par exemple).
Un site dédié - mallettedesparents.education.gouv.fr - propose en accès libre de nouvelles ressources (maternelle, élémentaire, collège) concernant notamment les apprentissages, le bien-être à l'école ou encore l’orientation.
Désormais déployée dans toutes les académies, la Semaine de la persévérance scolaire met en lumière tout ce qui est fait pendant l’année, qui produit des résultats. Elle a vocation à être le point d’orgue de toutes les actions et efforts des équipes sur l’année.
Cette semaine permet des échanges renforcés entre toutes les personnes qui sont en lien avec les jeunes et qui peuvent avoir un impact sur leur motivation et leur intérêt pour l’École. Elle est une occasion de valoriser les jeunes, de les encourager, de les féliciter pour leurs efforts, de les écouter quant à leurs motivations et leurs aspirations.
La Semaine de la persévérance scolaire rassemble tous les membres de la communauté pédagogique et éducative ainsi que les parents, les partenaires externes (collectivités, associations, etc.) et bien sûr les jeunes.
Le parcours Avenir est proposé depuis la rentrée 2015 à chaque élève dès la classe de 6e et jusqu'en classe de terminale pour l’aider à élaborer son projet d'orientation scolaire et professionnelle et éclairer ses choix d'orientation. Il lui permet de se familiariser progressivement avec le monde économique et professionnel, de développer l'esprit d'initiative et la compétence à entreprendre.
En lycée professionnel de nouvelles mesures sont entrées en vigueur à la rentrée 2016 pour la seconde professionnelle et les premières années de CAP :
Le dispositif Parcours aménagé de formation initiale, expérimenté pendant l’année scolaire 2015-2016, est généralisé dans les académies à partir de la rentrée. Proposé à des jeunes de 15 à 19 ans, il leur permet de disposer d’un temps de respiration et de prendre du recul à travers un parcours aménagé combinant des temps de formation et des activités extrascolaires : stage en entreprise, service civique, etc.
Afin d’agir sur la prévention du décrochage au lycée en sécurisant le parcours des élèves vers la certification, deux dispositifs complémentaires sont mis en œuvre. Depuis la rentrée scolaire 2016, les élèves ayant échoué à l’examen du baccalauréat, aux examens du brevet de technicien, du brevet de technicien supérieur ou du certificat d’aptitude professionnelle, ont droit à une nouvelle inscription dans l’établissement dont ils sont issus en vue de préparer une seconde fois cet examen et peuvent demander à bénéficier de la conservation des notes égales ou supérieures à 10.
Pour la session 2016, 82 000 candidats au baccalauréat ont été recalés, dont 67 000 (soit 82%) étaient inscrits en 2015-2016 dans des établissements publics et privés sous contrat sous tutelle du ministère chargé de l'Éducation nationale, hors apprentissage et hors agriculture. Parmi eux 59 000 (soit 90%) étaient des primo-recalés, c’est-à-dire qui se présentaient pour la première fois à l’examen du baccalauréat : 23 500 au bac général, 10 000 au bac technologique,25 500 au bac professionnel.
Tant en 2015 qu’en 2016, environ 33 000 élèves ont échoué pour la première fois au baccalauréat général et technologique. La proportion d’élèves réinscrits dans un établissement à la rentrée suivante a augmenté entre les rentrées 2015 et 2016, passant de 76,2% à 78,7%, soit 1 858 élèves en plus.
La réinscription est plus forte dans le secteur public que dans le secteur privé (79,3% contre 72,1% en 2016). L’écart entre les deux secteurs augmente puisque la réinscription progresse plus dans le public que dans le privé.
Toutes les séries sont concernées par l’augmentation de la proportion de réinscription, mais ce sont surtout les séries technologiques qui en bénéficient le plus (4,1 points d’augmentation contre 1,9 pour les séries générales).
Série | Nombre de récalés en 2015 | Nombre de récalés en 2016 | Nombre de réinscriptions en 2015 | Nombre de réinscriptions en 2016 | Proportion de réinscriptions en 2015 | Proportion de réinscriptions en 2016 |
---|---|---|---|---|---|---|
Générale et technologique | 32 062 | 33 378 | 24 427 | 26 285 | 76,2 | 78,7 |
Générale | 22 484 | 23 445 | 18 259 | 19 481 | 81,2 | 83,1 |
Technologique | 9 578 | 9 933 | 6 168 | 6 804 | 64,4 | 68,5 |
Champ : Candidats scolaires des établissements publics et privé sous contrat, recalés pour la première fois au bac.
La proportion de réinscription à la rentrée suivant l’échec au bac professionnel a progressé de 4 points entre 2015 et 2016, passant de 33,8% en 2016 à 37,6% en 2016. Désormais près de quatre recalés sur dix se réinscrivent. Mais l’évolution est significative puisque seul un recalé sur trois se réinscrivait en 2015.
La réinscription a progressé de 4,1 points dans le secteur public et de 0,7 point dans le secteur privé sous contrat. La proportion de réinscription, qui était un peu plus forte dans le privé que dans le public en 2015, devient donc en 2016 plus importante dans le public (37,6% contre 36,5%).
Série | Nombre de récalés en 2015 | Nombre de récalés en 2016 | Nombre de réinscriptions en 2015 | Nombre de réinscriptions en 2016 | Proportion de réinscriptions en 2015 | Proportion de réinscriptions en 2016 |
---|---|---|---|---|---|---|
Professionnelle | 27 483 | 25 471 | 9 277 | 9 557 | 33,8 | 37,6 |
Production | 13 116 | 12 743 | 4 203 | 4 613 | 32 | 36,2 |
Services | 14 367 | 12 728 | 5 074 | 4 944 | 35,3 | 38,8 |
Champ : Candidats scolaires des établissements publics et privé sous contrat, recalés pour la première fois au bac.
Parmi les 27 000 candidats qui ont repassé le bac GT en 2016 après un premier échec, 17 000 ont fait le choix de conserver des notes (généralement une, deux ou trois notes maximum). Cela représente moins de 4% du total des candidats au bac GT (500000).
L’extension de cette mesure au bac général et au bac technologique concerne donc un petit nombre d’élèves, mais elle contribue à faire baisser le nombre de décrocheurs.
La communication en direction des jeunes concernés constitue l’un des enjeux de la lutte contre le décrochage scolaire. Une campagne d’information Reviens te former a été lancée en mai 2015 parallèlement à la mise en place d’un service en ligne de demande de rappel à destination des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification.
Depuis le 3 novembre 2016, l’Onisep prend en charge le site dédié Reviens te former, qui propose un rappel immédiat par les conseillers de l’Onisep et vient compléter les dispositifs existants : la plateforme masecondechance.fr, qui prévoit des accès diversifiés (téléphone, tchat, etc.) et l’application Mon orientation en ligne.
Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lance en parallèle une nouvelle campagne de communication auprès des jeunes pour les informer de l’existence de leur droit à revenir en formation et inciter les jeunes en position de faire valoir ce droit à prendre contact avec un conseiller de l’Onisep.
De mai 2015 à janvier 2017, 22 934 demandes ont été transférées à un conseiller à travers le formulaire de rappel du site "Reviens te former" et 6 675 ont donné lieu à un rendez-vous fixé avec un référent.
Les structures de retour à l’école (SRE) sont des dispositifs innovants du ministère qui permettent la reprise d’études en lycée pour un public d’élèves décrocheurs de plus d’un an. Elles concernent un public certes volontaire mais fragile, relativement âgé et visent la réussite au baccalauréat général, technologique ou professionnel avec un taux de réussite moyen de 80 % des élèves présents sur les trois dernières années et une poursuite des études supérieures pour 70 à 90 % d’entre eux.
Ces structures montrent qu’une autre école peut s’inventer, plus attentive à la personne, mais aussi plus innovante dans ses méthodes pédagogiques (en termes d’évaluation par exemple). Les parcours y sont plus souples : des passerelles "GT (général et technologique) -pro" sont créées et des élèves changent de voie ou de filière, sans a priori sur leur passé scolaire.
La démarche vise à articuler :
Ce qui se traduit dans les emplois du temps par :
Les Écoles de la deuxième chance (E2c) proposent une offre spécifique aux décrocheurs de niveau infra-V avec des parcours de 6 mois pour une remise à niveau en fin de collège et une intégration à la fois sociale et professionnelle avec des périodes importantes de stages en entreprise. Les E2c accueillent 15 000 jeunes avec un taux de 56 % de sorties positives et forment un réseau de 46 écoles sur 110 sites répartis dans l'ensemble du territoire.
L'Epide, établissement public d'insertion dans l'emploi, accueille 3 000 jeunes décrocheurs sans aucune qualification ni diplôme et leur propose des cessions d'une durée moyenne de 8 mois en internat où la resocialisation est l'objectif principal. Cet organisme possède 20 centres en France métropolitaine. Les stagiaires y suivent des cours de remise à niveau et les valeurs de type militaires y sont importantes même si peu d’entre eux intègrent l'armée.
Relevant du ministère des Outremer, le service militaire adapté (SMA) est un dispositif militaire d'insertion socioprofessionnelle des jeunes ultramarins, de 18 à 25 ans, éloignés du marché de l'emploi.
En 2009, le SMA s’est engagé dans une montée en puissance visant à doubler ses effectifs à l'horizon 2017 pour atteindre une cible de 6 000 bénéficiaires. Résolument engagé dans ce défi social, le SMA aura accueilli, en 2015, 5 764 jeunes ultramarins en difficulté et affiche un taux de sorties dynamiques de 76,3 %.
Le SMV s’inspire de cette initiative et se développe actuellement dans une phase d’expérimentation jusqu’à l’automne 2017. Il s’agit de proposer aux jeunes un parcours d’insertion vers l’emploi, de 6 à 12 mois, avec une compensation financière à hauteur de 313 euros par mois, au sein d’unités militaires spécifiques. Cette durée variable permettra d’offrir à tous les volontaires stagiaires un parcours individualisé qui s’organisera autour de deux piliers : formation à la vie collective et formation professionnelle. 1 000 jeunes doivent être accueillis dans cette phase d’expérimentation. Le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche vient en appui de ce dispositif par exemple en mettant à disposition des enseignants.
Un service en ligne d'orientation pour les jeunes en situation de décrochage
Découvrir le site et l'application mobile "Ma seconde chance"
Tu as entre 16 et 25 ans, tu es sorti du système scolaire et tu veux reprendre une formation ? #ReviensTeFormer !
http://reviensteformer.gouv.fr/
La clause sociale de formation sous statut scolaire dans les marchés publics de l'Éducation nationale
Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée
Rapport IGEN-IGAENR n°2013-059 - Juin 2013
Instruction concernant la mobilisation du droit au retour en formation et le maintien en formation au service de la lutte contre le décrochage scolaire
circulaire n° 2017-066 du 12 avril 2017
Protocole d'accord entre l'ARF et l'État concernant la prise en charge des jeunes sortants du système de formation initiale sans un diplôme national ou une certification professionnelle
protocole d'accord du 13 août 2015
Durée complémentaire de formation qualifiante prévue à l'article L. 122-2 du code de l'éducation
décret n° 2014-1453 du 5 décembre 2014
Formation professionnelle des jeunes sortant sans qualification professionnelle du système éducatif
décret n° 2014-1454 du 5 décembre 2014
Formation professionnelle, emploi et démocratie sociale
loi n°2014-288 du 5 mars 2014
Orientation et programmation pour la refondation de l'École de la République
loi n°2013-595 du 8 juillet 2013
Mise en place des réseaux Formation Qualification Emploi (FoQualE)
circulaire n°2013-035 du 29 mars 2013
Lutte contre le décrochage scolaire
circulaire n° 2011-028 du 9 février 2011
Code de l'éducation - Objectifs et missions de l'enseignement scolaire
Articles L122-2 et 122-4
Mise à jour : février 2019