"Chaque intervention est une expérience autant pour les élèves que pour le réserviste" - Mustapha Adouane, réserviste de l'Éducation nationale

Comment se prépare une intervention ? De quelle manière se déroule-t-elle ? Comment choisir sa ou ses thématiques de prédilection ? Retour d'expérience de 2016 de Mustapha Adouane, réserviste de l'Éducation nationale.

"C'est à l'École républicaine que je dois ma formation intellectuelle et critique" constate Maître Mustapha Adouane. Cet avocat s'apprête effectivement à souffler sa vingtième bougie au barreau de Paris.
Il raconte avoir grandi dans un milieu modeste, populaire : son père est ouvrier, sa mère est assistante maternelle. Déterminé à contredire le principe de reproduction sociale, il perçoit l'École comme un levier. Après l'obtention de son bac à la fin des années 80 il effectue des études d'histoire, puis de droit. En 1997, il prête serment au barreau de Paris, un an après avoir obtenu son diplôme d'avocat.
Parallèlement à ses études, il a occupé un emploi de surveillant d'externat dans des établissements ZEP, aujourd'hui REP+, du Val-de-Marne. Dans ce même département, il donne par la suite des cours de droit commercial à l'Upec (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne).
Comme plus de 5 000 citoyens français, Mustapha Adouane participe à l'action de la Réserve citoyenne : "je ne voulais pas être spectateur alors que mon parcours me permettait d'être acteur".


"Identité (nom commun féminin) : caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité" (Larousse)


Lors de ses interventions en classe, Mustapha Adouane évoque principalement des thématiques liées à l'identité. Des raisons personnelles et son expérience en établissements scolaires expliquent, d'après lui, ce choix thématique.
Porteur d'origines algériennes, il explique : "la question de la double-culture travaille intérieurement toutes les personnes concernées de manière directe ou indirecte". Son expérience dans le domaine éducatif le conforte dans son choix thématique : "dans les établissements dans lesquels j'ai travaillé, je sentais déjà une difficulté identitaire".


C'est pour cette raison qu'il pose automatiquement les mêmes questions pour lancer le débat : "qui se sent Français ?", puis "qui est Français ?". Les réponses varient à chaque fois. Il raconte qu'aucune intervention ne se ressemble : "chaque intervention est une expérience autant pour les élèves que pour le réserviste".


Les enseignants qui l'accueillent régulièrement dans leurs classes sont unanimes : "il favorise l'ambition auprès de nos élèves et renforce l'esprit critique". Au lendemain des attentats du 13 novembre, Mustapha est intervenu d'urgence à la demande du chef d'établissement d'un collège de Fresnes pour "aider à recueillir la parole des élèves".


Avant d'entamer chaque intervention, cet avocat clarifie son rôle : "lorsque je me présente aux élèves, je précise toujours que je suis là en mon nom. Étant avocat, je suis indépendant par nature, que je ne suis donc pas face à eux pour porter la parole de qui que ce soit, ni pour imposer un discours. Il ne s'agit pas d'une présentation magistrale mais bien d'un échange avec les élèves que j'ai en face de moi". Il poursuit : "J'estime que mon rôle est de leur faire prendre conscience des possibilités qui s'offrent à eux. Pour les encourager, je leur dis souvent que je suis la preuve que le déterminisme social n'est pas absolu".

Mise à jour : Juillet 2021