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Bulletin Officiel du ministère de
l'Education Nationale et
du ministère de la Recherche

HS N°10 du 2 novembre

2000

www.education.gouv.fr/bo/2000/hs10/hs10.htm - nous écrire



DE LA MIXITÉ À L'ÉGALITÉ
À L'ÉCOLE, AU COLLÈGE ET AU LYCÉE :
DE LA MIXITÉ À L'ÉGALITÉ

Note du 24-10-2000
NOR : MENB0002702X
RLR : 501-0 ; 502-0 ; 552-4
MEN - DESCO


Texte adressé aux rectrices et recteurs d'académie ; aux inspectrices et inspecteurs d'académie, directrices et directeurs des services départementaux de l'éducation nationale ; aux chefs d'établissement ; aux directrices et directeurs de centres d'information et d'orientation

oL'extraordinaire, dans le combat pour l'égalité entre les sexes, c'est qu'il est toujours à recommencer et que l'actualité en donne sans cesse un éclairage neuf. Or ce combat a derrière lui l'histoire de l'humanité - ou peu s'en faut. Non que nos sociétés n'aient, depuis quelque cinquante ans, considérablement évolué. Mais tout démontre aujourd'hui encore que, dans les faits, la femme n'est jamais tout à fait l'égale de l'homme. C'est vrai dans le monde du travail, c'est vrai dans la fonction publique, c'est vrai en politique, et c'est malheureusement vrai au sein de l'institution scolaire. Il nous faut donc livrer ce noble et difficile combat : libérer nos sociétés d'un de ses carcans les plus archaïques et parvenir à une parfaite égalité de condition entre les hommes et les femmes. Parce qu'elle a en charge la formation des futurs citoyens, l'école est aux avant-postes.
L'institution scolaire a changé : elle a aujourd'hui unifié cursus et filières. Mais si la scolarisation a joué un rôle essentiel pour l'accès des femmes aux savoirs, si elle a fortement contribué à développer une culture commune à tous, elle ne suffit pas. Aux questions de droit résistent les faits. De trop nombreux freins, des discriminations puissantes existent encore. À l'école se joue autre chose que l'acquisition des seules connaissances. Le respect de l'autre, essentiel à une égalité authentique et concrète entre les sexes, reste à conquérir.
L'orientation scolaire est souvent dictée par de fausses représentations des rôles sociaux : elle aboutit à des partages devenus traditionnels, à une division sexuée des savoirs, prélude à celle des métiers. Une certaine image du masculin et du féminin continue à être véhiculée dans et par l'école, malgré les efforts notables entrepris pour modifier les comportements.
Je souhaite engager fortement l'action de mon ministère dans ce qui représente une éducation à la démocratie.
Du côté des programmes, l'éducation civique doit prendre en compte la question de l'égalité des sexes et du sexisme. Mais ce n'est pas suffisant : l'ensemble des disciplines qui font l'objet d'un enseignement doivent s'interroger sur la place qui est faite aux femmes dans les savoirs qui sont transmis.
Dans tous les cas, l'attention doit être portée à la vie scolaire : c'est en effet au quotidien, patiemment et sans relâche, que nous donnerons corps à l'égalité. Il s'agira en particulier de prévenir les formes de violence verbale ou physique, sexiste ou sexuelle qui peuvent apparaître dans un établissement et qui représentent autant de menaces pour l'équilibre des élèves.
Ce document "À l'école, au collège et au lycée : de la mixité à l'égalité" a été conçu comme un outil au service de l'action pédagogique : il veut éclairer la réflexion et tracer des pistes qui puissent donner un véritable sens à un travail sur l'égalité des sexes dans les conditions classiques de la mixité scolaire, à partir de situations quotidiennes quelquefois très prosaïques.
Enseignants, chefs d'établissement, personnels d'orientation de documentation et d'éducation, personnels de santé et de service social, tous les adultes sont concernés. La mixité n'était qu'une étape vers la justice. Sachons faire de l'école un formidable agent de transformation.


Le ministre de l'éducation nationale



À l'école, au collège et au lycée : de la mixité à l'égalité

oCe document propose des pistes de travail autour de situations de la vie scolaire puisées dans la réalité quotidienne des écoles, des collèges et des lycées, dans lesquelles peuvent se manifester des comportements stéréotypés et discriminatoires à l'encontre des filles et des garçons, de la part des élèves eux-mêmes ou des adultes de la communauté éducative.

Il peut être utilisé comme support de débat et de travail avec des élèves pendant l'heure de vie de classe, dans le cadre de l'éducation civique, de l'éducation à l'orientation ou de l'éducation à la santé. Il conduit les enseignants à s'interroger sur leurs pratiques, sur les interactions qui jouent en classe, sur le travail en groupe et sur l'évaluation.

Les domaines choisis sont issus de recherches et d'enquêtes menées depuis plusieurs années en France, qui ont mis en lumière le rôle des rapports sociaux de sexe à l'école dans le fonctionnement de la mixité. On se reportera à la revue Filles et garçons à l'école, une égalité à construire (Autrement dit, CNDP, 2000) qui a été diffusée dans tous les établissements.

Pour chaque domaine, des petits scénarios sont assortis des stéréotypes ou des constats dont ils sont révélateurs. Chaque fois, sont énoncées les questions qui se posent, les conséquences induites, ainsi que les recommandations suggérées par la situation décrite.

Le panorama n'est pas exhaustif. La palette des exemples est large : observations et préconisations sont transférables d'un contexte éducatif à l'autre.

Ce document est un outil de sensibilisation qui doit déclencher une réflexion de fond sur l'égalité des sexes. Il s'inscrit dans le droit fil de la convention interministérielle pour la promotion de l'égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif qui a été signée en février 2000.

Texte de référence
Convention interministérielle pour la promotion de l'égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (B.O. n° 10 du 9-3-2000).

 

SOMMAIRE

1 - Les interactions en classe
1.1 En cours de maths, des garçons coupent la parole aux filles pour répondre à leur place...
1.2 En terminale SMS, un garçon demande de l'aide au professeur lors d'un contrôle sur table...
1.3 En cours de maths, les tâches sont réparties entre filles et garçons...
2 - Le travail en groupe
2.1 En cours de technologie, il est demandé aux garçons d'aider les filles...
2.2 En français, les garçons veulent se mettre avec les filles pour un travail en groupe....
2.3 En physique, des garçons refusent la présence de filles dans leur groupe...
2.4 En arts plastiques, les groupes d'élèves ne sont pas mixtes spontanément ...
3 - Les activités physiques
3.1 En EPS, un tournoi de handball est organisé par équipes mixtes...
3.2 En EPS, l'activité "danse"est présentée à une classe mixte de 4ème...
3.3 Dans la cour de récréation de l'école primaire, les garçons occupent le terrain...
4 ­ L'évaluation
4.1 Un garçon et une fille de la même classe ont obtenu la même moyenne en maths...
4.2 Un garçon et une fille de la même classe de seconde demandent à entrer en 1ère scientifique...
4.3 Bon élève de seconde dans toutes les matières, il demande à entrer en 1ère littéraire...
5 ­ L'éducation à l'orientation
5.1.1 Séance de préparation d'un stage de découverte en entreprise...
5.1.2 Séance d'exploitation du stage de découverte...
5.2.1 Organisation de la visite d'un lycée professionnel industriel...
5.2.2 Organisation pour les classes de seconde d'une rencontre avec d'anciens élèves...
5.2.3 Organisation d'un forum des métiers...
6 - L'éducation à la santé, à la sexualité et la prévention des violences sexistes et sexuelles
6.1 Une élève de 4ème se présente à l'infirmerie...
6.2 Des bouteilles d'alcool sont découvertes dans l'internat des garçons d'un lycée...
6.3 Le centre de planning familial demande à n'avoir que des filles pour son intervention annuelle...
6.4 Un garçon se fait traiter de "pédé"...
6.5 Des filles subissent des remarques sur leur tenue et sont l'objet d'insultes sexistes...
6.6 Aux interclasses, des garçons font des incursions dans les toilettes des filles...
6.7 Des photos pornographiques circulent dans la classe...



1 - LES INTERACTIONS EN CLASSE

SCÉNARIOS
STÉRÉOTYPES
CONSÉQUENCES
RECOMMANDATIONS
Scénario 1.1

Lors d'un cours de mathématiques, Sophie est interrogée. Elle réfléchit et commence à répondre. Olivier lui coupe la parole pour répondre à sa place. Le (la) professeur se tourne vers Olivier pour écouter sa réponse.


En mathématiques, les garçons ont souvent l'esprit plus vif. Ils sont plus créatifs et plus actifs en classe.

Question :


Faut-il laisser s'exprimer librement la spontanéité des garçons qui dynamisent le cours ?


La dynamique de la classe est vite dominée par les garçons qui accaparent l'attention des enseignants. Les filles s'effacent et n'osent pas s'imposer face aux garçons. Si elles sont moins mises en valeur, elles finissent par douter de leurs compétences et perdent confiance.


S'efforcer de "contrôler" la spontanéité des "bons" élèves garçons en veillant à distribuer la parole plus équitablement entre les filles et les garçons.
Quand on pose une question, laisser un temps avant de désigner ou solliciter l'élève qui va répondre .
Dans tous les cas, lui laisser terminer sa réponse sans que personne ne lui coupe la parole.
Scénario 1.2

Dans une classe de terminale SMS, lors d'un contrôle sur table, Philippe, à plusieurs reprises, sollicite l'aide de l'enseignant(e) pour se faire définir le sens de certains mots. Il devient l'objet de plaisanteries des filles qui le traitent de "bébé" et lui lancent : "Un garçon, ça ne demande pas de l'aide !".


Les garçons sont très minoritaires dans cette section. Ils ne sont pas vraiment à leur place dans cette filière qui mène à des emplois féminins. Ils ont rarement librement choisi cette section et s'ils sont là, c'est qu'ils avaient un niveau insuffisant pour d'autres filières.

Questions :

Pourquoi les garçons ne pourraient-ils pas être motivés et compétents pour le secteur médico-social ?
Doit-on laisser les élèves perpétuer les stéréotypes sur les rôles féminins/ masculins ?


Les garçons en minorité dans une classe peuvent être conduits soit à jouer les "caïds" soit à s'inhiber totalement quand ils ne correspondent pas à l'image traditionnelle du garçon attendue par l'ensemble de la classe. Dans ce dernier cas, ils risquent de ne plus oser exprimer leurs difficultés et d'aggraver leur situation scolaire.


Saisir la réaction des filles pour déclencher un débat sur la place des filles et des garçons dans ce type de formation et de manière plus générale sur la division sexuée des formations et du travail.

Souligner la connotation sexiste des propos afin de favoriser de meilleures relations entre les filles et les garçons dans la classe par le dialogue.
Scénario 1.3

En cours de mathématiques pour un exercice sur les fonctions, le (la) professeur demande à Vanessa de faire le cadre du graphe au tableau.
Pendant ce temps, l'enseignant(e) ne regarde pas ce que fait Vanessa mais continue à échanger avec la classe.
Quand celle-ci a fini, elle est remerciée pour le soin et la précision de son travail et renvoyée à sa place. Arnaud est appelé pour faire la démonstration mathématique et le schéma de la courbe.


Les filles sont plus soigneuses. Elles ont le souci de bien exécuter ce qu'on leur demande. On est sûr que le travail sera bien fait.

Question :

Faut-il répartir les tâches demandées aux filles et aux garçons en fonction de l'idée que l'on se fait de leurs compétences ?


Cela renforce la division sexuée des compétences : les garçons produisent des idées, des solutions, les filles exécutent bien les tâches qui demandent du soin et de l'attention.


Veiller à diversifier les tâches demandées , afin que filles et garçons mettent en œuvre l'ensemble des compétences requises.

Montrer aux garçons que le soin et l'attention contribuent à la réussite. Permettre aux filles d'exprimer leurs compétences en raisonnement pour qu'elles améliorent leur confiance en elles.

 

Bibliographie

- Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, sous la direction de F. VOUILLOT, Autrement dit, CNDP, 2000 :
. A. JARLEGAN, Les interactions verbales maître-élèves en cours de mathématiques
. N. MOSCONI, La société, l'école et la division socio-sexuée des savoirs
- M. DURU-BELLAT, Filles et garçons à l'école, approches sociologiques et psychosociales,
Revue française de pédagogie, n° 109 et n° 110, 1994 et 1995
- C. ZAIDMAN, La mixité à l'école primaire, L'Harmattan, 1996.

Outil de formation

- Au fait ... les filles ! vidéo-cassette, rectorat de Dijon.



2 - LE TRAVAIL EN GROUPE

SCÉNARIOS
STÉRÉOTYPES
CONSÉQUENCES
RECOMMANDATIONS
Scénario 2.1

En 3ème, un exercice de soudure est proposé en technologie.
L'enseignant(e) demande aux élèves de se mettre par groupe de quatre en disant : "les garçons, occupez-vous des filles, elles vont avoir besoin d'aide !".


Les filles n'y connaissent rien. Elles risquent de faire des dégâts et de se blesser. La technologie, c'est pour les garçons.

Question :

Faut-il mettre les filles sous la protection des garçons quand on propose une tâche que l'on suppose plutôt faite pour les garçons?


On renforce chez les filles l'idée qu'elles sont inaptes pour ce type de tâche.
On conforte la division sexuée des compétences et des savoirs par un effet d'étiquetage.
Les filles risquent de se démotiver pour cet enseignement.


Veiller à ce que les groupes soient mixtes sous condition que les filles prennent leur part d'initiative.

Montrer que la réussite ou l'échec dans cette tâche n'est pas une question de sexe et que les qualités d'attention et de minutie qu'elle requiert sont indispensables tant pour les filles que pour les garçons.
Scénario 2.2

En français, le (la) professeur de CM2 demande une recherche documentaire sur un auteur et la réalisation en groupe d'un dossier écrit qui sera noté. Les garçons se bagarrent pour être avec les filles parce qu'elles sont soigneuses, sérieuses, et écrivent bien.


Les filles sont plus consciencieuses et plus soigneuses. Elles rédigent mieux. Elles sont plus motivées par ce type de thème et meilleures en français.
Question :
Faut-il laisser les élèves organiser le travail collectif comme ils veulent même si la répartition des tâches ne paraît pas égalitaire ?


Les filles peuvent se sentir flattées et mettre leur point d'honneur à assumer le travail de mise en forme et de rédaction, laissant aux garçons la possibilité de se "reposer" sur elles. Les garçons pourront bénéficier d'une note sans avoir participé à l'exercice.
On instaure ainsi des rapports sociaux discutables entre les filles et les garçons.


Laisser aux groupes l'initiative de l'organisation du travail tout en demandant que chacun rédige une partie identifiable du dossier. Ainsi chaque élève se sera impliqué dans la note collective.
Aborder avec les élèves l'idée qu'il y aurait des compétences "féminines" et "masculines".
Scénario 2.3

En physique, un exercice noté doit être réalisé en groupe durant l'heure de cours.
Des garçons refusent la présence de filles dans leur groupe, prétextant qu'elles sont ni assez rapides, ni assez fortes.


La physique en général motive moins les filles. Elles y réussissent moins bien. Les garçons sont plus actifs et plus inventifs.

Question :

Faut-il respecter la volonté des garçons à travailler entre eux ?


On renforce chez les filles leur sentiment d'incompétence et chez les garçons leur sentiment de supériorité.
On ne favorise pas l'émulation entre les filles et les garçons.


Veiller à ce que tous les groupes soient mixtes et que les filles ne soient pas reléguées à un rôle d'observatrices.

Faire comprendre que la physique est aussi bien une matière pour les filles que pour les garçons en rap pelant, par exemple, l'apport des femmes à cette discipline.

Penser à proposer des contenus d'exercice en lien avec l'environnement quotidien pour les rendre plus attractifs.
Scénario 2.4

En arts plastiques, les élèves doivent réaliser en groupe la maquette du collège ou du lycée idéal. Les groupes constitués spontanément ne sont pas mixtes.


Les garçons et les filles s'entendent mieux quand ils sont séparés.
Quand on les fait travailler ensemble, les garçons ne laissent pas la place aux filles.

Question :

Faut-il faire des groupes non mixtes pour que les filles puissent exprimer leurs idées ?


La non mixité, si elle apporte un confort relatif aux filles, ne permet pas aux élèves de confronter des besoins différents et de découvrir leurs compétences mutuelles en termes de créativité et de réalisation.


Expliquer que, dans un collège ou un lycée, vivent des filles et des garçons qui peuvent avoir des idées différentes sur l'architecture de ce lieu de vie. Le projet sera donc plus riche et plus convivial si toutes les idées et tous les besoins sont mis en commun.



Bibliographie

- N. MOSCONI, Femmes et savoir, la société, l'école et la division sexuelle des savoirs, L'Harmattan, 1994
- C. ZAIDMAN, La mixité à l'école primaire, L'Harmattan, 1996
- V. AEBISCHER, La construction de l'identité masculine ou féminine chez les adolescents, in Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, Autrement dit, CNDP, 2000
- Filles et femmes à l'école, Les Cahiers pédagogiques n° 372, mars 1999.



3 - LES ACTIVITÉS PHYSIQUES

SCÉNARIOS
STÉRÉOTYPES
CONSÉQUENCES
RECOMMANDATIONS
Scénario 3.1

En 4ème, au cours d'éducation physique et sportive, un tournoi de handball est organisé en équipes mixtes.
D'emblée, les garçons prennent les postes d'avant. Les filles, reléguées à l'arrière, ne parviennent pas à prendre leur place dans le jeu.


Les filles sont moins combatives. Elles ont peur des coups. Elles tirent moins bien et moins fort que les garçons.

Question :

Dans une activité qui implique l'engagement physique, faut-il laisser les filles et les garçons s'installer dans des comportements qui leur conviennent spontanément ?


Le jeu va rapidement être l'affaire des garçons, les filles vont se sentir inutiles et être renforcées dans une passivité qui les détache de l'esprit collectif du jeu.


Relever l'organisation spontanée des équipes en insistant sur l'aspect collectif du jeu où chacun a son rôle.

Placer des filles et des garçons aux postes d'arrière et d'avant.

Mettre les filles en con-fiance au cours d'exercices d'entrainement aux matchs.

Valoriser les performances de l'équipe nationale féminine.
Scénario 3.2

En 5ème, le (la) professeur d'EPS présente l'activité "Danse" qui fera l'objet de plusieurs séances.
Les garçons commencent à ricaner en disant que c'est un "truc de filles".
Ils perturbent l'activité en chahutant et en se moquant des garçons qui participent.


La danse est plutôt une activité pour les filles. Elles sont plus gracieuses. Les garçons s'ennuient. Il leur faut des activités où leur combativité puisse s'exprimer.

Question :

Faut-il respecter l'attitude spontanée des garçons et leur proposer une autre activité en parallèle ?


On renforce les garçons et les filles dans l'idée que certaines activités sont par nature réservées à l'un ou l'autre sexe en fonction de dispositions physiques différentes.


Prendre en compte le rejet a priori des garçons et présenter la danse comme une activité qui convient à tous, en s'appuyant sur des exemples :
- danses guerrières des origines, exécutées par les hommes ;
- danses traditionnelles avec groupes mixtes ou groupes composés uniquement d'hommes ou de femmes ;
- danses actuelles comme le break, surtout pratiquées par les garçons.
Scénario 3.3

Dans cette école primaire , à chaque récréation, les garçons investissent la cour sur laquelle est tracée un terrain de basket pour faire des matchs ou jouer à s'attraper.
Les filles se replient sur les bancs autour de la cour pour bavarder ou dans des recoins pour jouer à l'élastique, aux balles, à la marelle.


Les garçons sont plus remuants. Ils ont besoin de se "défoncer", de courir. Les filles sont plus calmes, elles adorent "papoter" ou jouer entre elles.

Question :

Faut-il respecter cette organisation de l'espace imposée par les jeux des garçons ?


L'espace est occupé et dominé par les garçons qui peuvent exercer librement leurs besoins d'activités physiques.

Les filles et les garçons n'apprennent pas à partager leurs jeux.


Veiller à une organisation de l'espace de la cour, qui permette la juxtaposition d'activités différentes.

Veiller à ce que des filles qui manifesteraient l'envie de se joindre aux garçons ne soient pas rejetées et réciproquement.

Sensibiliser les filles et les garçons au respect des territoires des uns et des autres et au partage des activités en récréation.


Bibliographie

- A. DAVISSE, C. LOUVEAU, Sports, école et mixité : la différence des sexes ; féminin/masculin et activités sportives, L'Harmattan, 1998
- A. DAVISSE, Éducation physique et sportive : réussite des filles et mixité, in Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, Autrement dit, CNDP, 2000
- C. FENRICH, Les bienfaits de la mixité, in Filles et femmes à l'école, Les Cahiers pédagogiques n° 372, mars 1999.



4 - L'ÉVALUATION

SCÉNARIOS
STÉRÉOTYPES
CONSÉQUENCES
RECOMMANDATIONS
Scénario 4.1

Julie et Christophe, élèves de la même classe de 3ème, ont obtenu au 1er trimestre la même moyenne en mathématiques : 13. Sur leur bulletin scolaire, figurent les mentions :
- "Julie a fourni de gros efforts, travail sérieux. Continuez."
- "Christophe est en dessous de ses possibilités. Pourrait être un élève brillant s'il travaillait plus régulièrement."


En mathématiques, les filles réussissent en travaillant beaucoup. Les garçons peuvent souvent mieux faire : ils n'exploitent pas toutes leurs possibilités.

Question :

Une même note mesurerait-elle des éléments différents selon les sexes ?


On utilise souvent un double standard dans l'évaluation des filles et des garçons : on juge les filles sur leur travail, les garçons sur leurs capacités intellectuelles.

Cela renforce chez les filles le sentiment qu'elles ont d'être moins bonnes en mathématiques que les garçons. Elles pensent que pour réussir en mathématiques, il faut avoir la "bosse" des maths et qu'elles ne l'ont pas.


Prendre conscience de ce double standard dans l'évaluation des filles et des garçons dans les matières connotées masculines ou féminines.

Pour éviter les effets d'étiquetage selon le sexe des élèves dans la notation, on peut dès le début de l'année scolaire, corriger les devoirs anonymés .

Veiller, dans le libellé des appréciations sur les bulletins scolaires, à valoriser les filles autant sur leurs compétences que sur le travail fourni.
Scénario 4.2

Au conseil de classe du 3ème trimestre, on examine les cas de Virginie et Julien, élèves de 2nde, qui demandent une 1ère scientifique. Dans l'ensemble, leur niveau scolaire est comparable et leurs résultats dans les matières scientifiques se situent autour de la moyenne. On sait que Virginie veut devenir professeur des écoles. Quant à Julien, il n'a pas encore de projet précis. Le conseil de classe décide d'accorder la 1ère S à Julien et une 1ère ES à Virginie.


On pense que les garçons sont souvent au-dessous de leurs possibilités. Il faut les pousser à travailler en ayant des exigences pour eux.
Pour une fille qui veut devenir professeur des écoles, la filière ES convient bien et on craint que son niveau ne lui permette pas de suivre une 1ère S.

Question :

Faut-il faire une distinction entre les deux élèves, alors que leurs performances scolaires sont comparables?


À résultats équivalents, on traite différemment les filles et les garçons.

On conforte le garçon dans l'idée que si ses résultats sont moyens, c'est qu'il ne travaille pas assez et la fille dans l'idée qu'elle fait tout ce qu'elle peut : on utilise ainsi un double standard dans l'évaluation des filles et des garçons.
De ce fait, on n'offre pas les mêmes possibilités d'orientation ultérieures à l'un et à l'autre.


Au cours des conseils de classe, porter une attention particulière à l'évaluation des dossiers des filles et des garçons quand leur niveau est comparable.

Adopter une attitude de "promotion" à l'égard des filles, de la même manière qu'on le fait à l'égard des garçons.
Scénario 4.3

Sébastien est élève de seconde, ses résultats sont bons, autant dans les matières littéraires que scientifiques.
Il demande à entrer en 1ère littéraire avec le projet de devenir journaliste.
Ses professeurs insistent auprès de lui pour qu'il entre en 1ère scientifique.


Pour un garçon brillant, c'est dommage d'entrer dans une filère littéraire. Il va se retrouver dans une classe de filles.
Il vaut mieux qu'il entre en 1ère scientifique où il y aura plus d'émulation et des possibilités d'orientation plus diversifiées.

Question :

Faut-il "pousser" cet élève à poursuivre des études scientifiques ?


On fournit une image alternative de la filière littéraire : dévalorisée pour les garçons, valorisée pour les filles.

On prend le risque que l'élève s'ennuie dans la filière scientifique et se démotive.


Dialoguer avec l'élève et le (la) conseiller(ère) d'orientation psychologue pour s'assurer de la solidité de sa motivation pour la filière littéraire.

Respecter son choix en évitant de reproduire les stéréotypes sur la hiérarchie des filières et sur l'association lettres/féminin sciences/masculin.

Élément de réflexion
À titre d'illustration : l'effet Pygmalion
Une recherche a été menée au cours des années 1990 par Mireille Desplats auprès de professeurs de physique (hommes et femmes) de collège : les mêmes copies d'élèves de 4ème leur ont été soumises, avec soit un prénom de fille, soit un prénom de garçon. On constate que, lorsque la copie est bonne, elle obtient une meilleure note si elle porte un prénom de garçon. En revanche, quand la copie est médiocre, la note est moins sévère si elle porte un prénom de fille. On constate également que les enseignants, femmes et hommes, se conduisent de la même manière dans leur mode de notation.

Deviens ce que je crois que tu es...
"...Au plan des résultats scolaires, les enseignants attribuent la réussite des filles à leur travail et à leur conformisme (les filles "font ce qu'elles peuvent"), quand celle des garçons est attribuée préférentiellement à leurs capacités intellectuelles. Les garçons sont souvent considérés comme "sous-réalisateurs" (ils ont des moyens mais ne travaillent pas assez, ils "ne font pas tout ce qu'ils peuvent"). C'est ce qu'on appelle un "double standard" dans l'évaluation des élèves, selon leur sexe.
Ces différences d'attentes et d'appréciations sont particulièrement sensibles dans les matières scientifiques. Plusieurs expériences de correction de copies en aveugle ont montré qu'elles avaient pour conséquence une surévaluation des bonnes copies de garçons, une sous-évaluation des bonnes copies de filles et inversement plus d'indulgence pour les mauvaises copies de filles et plus de sévérité pour les mauvaises copies de garçons.
Or, on sait depuis les expériences de Rosenthal et Jacobson sur "l'effet Pygmalion" que les attentes des enseignants peuvent avoir un effet de "prophéties autoréalisatrices" : parce que nous y croyons, une idée, fausse au départ, peut devenir exacte à l'arrivée. Les idées que les enseignants se font sur leurs élèves - et qu'ils expriment plus ou moins implicitement - provoquent chez ces derniers des comportements en accord avec ces idées.
L'élève dont l'enseignant attend qu'il soit bon élève ou mauvais élève a de fortes chances de le devenir effectivement. Ainsi les attentes des enseignants, forgées sur les stéréotypes de sexe, ont de fortes chances de renforcer chez les élèves des façons d'être conformes à ces stéréotypes. On pourrait aussi expliquer de cette façon le moindre sentiment de compétence et la moindre estime de soi qu'on observe chez les filles, à l'adolescence, par rapport aux garçons, à résultats scolaires comparables...".

- N. MOSCONI, Limites de la mixité laïque et républicaine in Filles et femmes à l'école, Les Cahiers pédagogiques n° 372, mars 1999

Bibliographie

- N. MOSCONI, Limites de la mixité laïque et républicaine, in Filles et femmes à l'école, Les Cahiers pédagogiques n° 372, mars 1999
- F. VOUILLOT, De l'instinct maternel à la bosse des maths, in Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, Autrement dit, CNDP, 2000
- B. DUMORA, L. LANNEGRAND, Les mécanismes implicites dans la décision d'orientation, Cahiers internationaux de psychologie sociale, vol. 30, n° 2, 1996.



5 - L'ÉDUCATION À L'ORIENTATION

1 - En collège, parfois en lycée, les élèves peuvent, pour préparer leur orientation, réaliser des stages de découverte en entreprise

SCÉNARIOS CONSTATS/STÉRÉOTYPES CONSÉQUENCES RECOMMANDATIONS
Scénario 5.1.1

Professeurs et conseillers(ères) d'orientation psychologues organisent une séance collective de préparation au choix des secteurs professionnels où se dérouleront les stages de découverte. Spontanément, les filles et les garçons émettent le désir de faire leur stage dans des secteurs traditionnellement féminins ou masculins.


Il existe des métiers qui intéressent toujours les jeunes filles : s'occuper d'enfants ou d'animaux ... D'autres qui conviennent mieux aux jeunes garçons : mécanique, industrie..., notamment pour des élèves en difficulté.

Questions :

Peut-on accepter d'emblée que les jeunes filles cherchent essentiellement des stages dans des métiers traditionnellement féminins, et les garçons dans des métiers traditionnellement masculins ?

Faut-il agir sur les représentations que les élèves se font des métiers, susciter d'autres intérêts ?


On risque d'inciter les élèves - filles ou garçons- à reconduire les modèles professionnels les plus courants, en méconnaissant les conséquences sociales et professionnelles que cela peut engendrer.

Si les élèves n'ont pas conscience que le rejet ou l'attrait pour une profession est dépendant des représentations que l'on en a, ils risquent de se cantonner dans la recherche de stages conventionnels et d'avoir du mal à les exploiter.


Prévoir un temps de discussion, de recherche sur l'évolution des rôles respectifs des hommes et des femmes, l'égalité des sexes, l'importance et les conséquences de mesures sociales (temps partiel, congé parental...).

Faire travailler l'ensemble des élèves sur les raisons qui président aux choix professionnels (famille, école, société, employeur).

Utiliser tous les outils de l'éducation à l'orientation (cédérom, jeux,...) pour élargir l'approche des métiers.

Faire travailler sur les représentations des métiers et des professions.

S'appuyer sur les séquences d'éducation à l'orientation, ainsi que sur des disciplines comme l'économie, la géographie, l'éducation civique.
Scénario 5.1.2

Professeurs et conseillers(ères) d'orientation psychologues organisent une séance collective pour l'exploitation des stages de découverte réalisés par les élèves.


Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face au travail, mais on ne peut pas y changer grand chose.

Questions :

Est-il possible de faire l'économie d'une analyse sexuée des métiers et des fonctions rencontrés par les élèves au cours de leur stage?

Faut-il ignorer la misogynie de certains milieux professionnels ?

Faut-il montrer que les liens qui existent entre formation et insertion professionnelle peuvent être différents pour les filles et les garçons ?


On risque d'occulter le fait que le marché du travail et les déroulements de carrière sont souvent différents pour les hommes et les femmes.

On risque d'amener des filles à faire des choix d'orientation dans des secteurs dont les garçons s'excluent.

On laisse croire que n'importe quelle formation présente des avantages similaires par rapport à l'insertion professionnelle. De fait on ne favorise pas une prise de décision réaliste.


Amener les élèves à se poser les questions sur les conditions de travail, sur l'égalité professionnelle et sociale. Leur faire prendre conscience de l'impact culturel dans l'élaboration des choix.

Penser à la façon de valoriser et d'analyser les apports des jeunes qui ont réalisé un stage dans un secteur professionnel non conventionnel.

Faire travailler l'ensemble des élèves sur l'insertion, différente selon les sexes, selon les niveaux de qualification et les secteurs professionnels.

2 - Dans le cadre de l'éducation à l'orientation, organisation de visites d'établissements, de rencontres avec d'anciens élèves, de forums des "métiers"

SCÉNARIOS CONSTATS/STÉRÉOTYPES CONSÉQUENCES RECOMMANDATIONS
Scénario 5.2.1

En 3ème, professeurs et conseillers(ères) d'orientation psychologues organisent la visite d'un lycée professionnel industriel avec le chef de travaux.


Les élèves qui passent dans la classe supérieure, et la plupart des filles ne sont pas intéressés par ce type de visite.

Questions :

Faut-il emmener tous les élèves de la classe ou seulement ceux qui sont intéressés ?

Faut-il tenir compte de la réalité actuelle des liens entre formation, insertion et carrière professionnelle selon le sexe et ne pas susciter la curiosité des filles pour certains secteurs ?

L'information doit-elle aussi concerner la vie dans l'établissement ?


On risque de provoquer une scission entre les filles et les garçons, les bons et les moins bons élèves. C'est donc une façon de maintenir des représentations socio-sexuées des métiers et des formations ainsi qu'une image dévalorisée de l'enseignement professionnel industriel.

On risque de faire naître des illusions si l'on n'informe pas sur le fait que l'insertion professionnelle est encore tributaire de représentations sexuées.

Les élèves et les enseignants risquent de ne pas avoir conscience que pour les filles comme les garçons, être en minorité dans un établissement peut poser des problèmes de vie scolaire.


Préparer la visite de façon à favoriser la découverte de formations ignorées ou mal connues, notamment par les filles.
Permettre de mieux connaître tous les domaines professionnels associés à ces formations et sensibiliser ainsi à des choix d'orientation plus variés.

Veiller à ce que l'environnement économique soit connu des élèves et soit un élément de la prise de décision.

Préparer avec les établissements d'accueil l'arrivée des filles dans des formations plutôt masculines ainsi que l'arrivée des garçons dans des filières féminines, pour limiter les risques d'abandon.
Scénario 5.2.2

Pour faciliter la connaissance des formations, des rencontres avec d'anciens élèves sont organisées par les enseignants(es) et le (la) conseillers(ères) d'orientation psychologues pour les classes de seconde du lycée.
Ces rencontres sont préparées avec les élèves.


Faire parler des pairs de la formation qu'ils suivent fera naître ou confirmera des choix.
Les filles et les garçons ne s'intéressent pas aux mêmes filières.

Questions :

Faut-il faire le choix des intervenants selon des critères précis ?

Faut-il prévoir une exploitation de cette rencontre avec les élèves ?


On risque de n'avoir pour intervenants que des témoins filles et garçons qui sont dans les filières qui les accueillent traditionnellement et donc de ne pas ouvrir de nouvelles perspectives sur les orientations des filles et des garçons.

Si l'exploitation des témoignages n'est pas réalisée, il est vraisemblable que seuls les jeunes préalablement intéressés par les filières représentées auront retenu quelque chose de l'action et que filles et garçons maintiendront des choix traditionnels.


S'assurer que les élèves des deux sexes seront représentés, et qu'ils pourront avoir un discours valorisant le type d'études choisi, surtout s'ils ont intégré des formations non conventionnelles.

Définir préalablement, avec les intervenants, les objectifs de la rencontre : leur demander d'aborder les contenus des formations, les motivations des choix, les projets d'études et les projets professionnels, la place des filles et des garçons dans les différentes formations présentées, etc.
Scénario 5.2.3

L'équipe administrative, éducative et le (la) conseillers(ères) d'orientation psychologuesorganisent un forum, un carrefour des "métiers".


C'est l'occasion pour les élèves de rencontrer des professionnels qui les aident dans leurs choix futurs.
Les filles et les garçons ne sont pas intéressés par les mêmes métiers.

Questions :

Faut-il laisser croire que tous les métiers sont également accessibles aux femmes et aux hommes ?

Faut-il inviter les élèves à s'informer sur une formation ou un métier qui traditionnellement ne leur est pas réservé ou qu'ils craignent ne pas pouvoir suivre ?


Faire comme si tout était toujours possible pour les filles et les garçons, c'est refuser un principe de réalité indispensable à toute prise de décision en orientation, et donc renforcer les stéréotypes et représentations des élèves.

Ne pas élargir le champ des possibles, ne pas travailler sur l'estime de soi revient à favoriser l'auto-censure.


Inciter chacun des élèves de la classe à réagir aux propos des témoins, à faire des comparaisons avec son propre cas, à s'approprier le contenu des interventions.

Prévoir une séance de préparation des élèves afin de les inviter à poser aussi des questions sur la place des femmes et des hommes dans les cursus, l'insertion professionnelle, le déroulement de carrière, les fourchettes de salaire, les conditions de travail.

Amener les garçons et les filles à s'interroger sur le poids des représentations sociales dans l'intérêt ou le rejet qu'ils manifestent pour telle profession.


Textes de référence

- Mise en œuvre de l'éducation à l'orientation en collège
Circulaire n° 96-204 du 31 juillet 1996
- Journée internationale des femmes
Circulaire n° 98-033 du 2 mars 1998
- Éducation à la citoyenneté
Circulaire n° 98-064 du 26 mars 1998 et note de service n° 97-217 du 10 octobre 1997
- Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : loi du 13 juillet 1983

Bibliographie

- Génération 92 : profil, parcours et emplois 1997, Enquête du CEREQ, Bref n° 149, janvier 1999
- Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, Autrement dit, CNDP, 2000 :
. F. VOUILLOT, Orientation : le reflet des rôles de sexe
. C. MARRO, Différence des sexes et tolérance à la transgression des rôles de sexe
- La place des femmes dans la recherche, Note d'information n°0031 de septembre 2000 (ministère de l'éducation et ministère de la recherche).

Éléments de reflexion

Orientation des filles et des garçons en fin de 3ème générale, juin 1999*, source : DESCO

 
2de GT
Redoub.
2de Prof.
CAP/2ans
Autres
Demandes des familles
F
68,9
2,9
24,7
1,6
1,9
G
62
3,3
30
1,4
3,3
Décisions
F
63,8
6,1
27,2
1,8
1,1
G
56,2
6,8
33,3
1,8
1,9


Orientation des filles et des garçons en fin de seconde générale et technologique, juin 1999*, source : DESCO

 
Redoub.
L
ES
S
STI
STL
SMS
STT
Autres
Demandes des familles
F
4,9
18,7
22,4
24,2
1,3
1,4
3,9
18,4
4,8
G
5,3
5,3
15,7
38,9
16,2
1,4
0
12,2
5
Décisions
F
15,3
16,4
17,8
21,4
1,3
1,3
3,9
17,7
4,9
G
17,6
4,3
11,5
32,8
14,2
1,2
0,2
11,2
7


Évolution des orientations vers la première S pour les filles et les garçons*, source : DESCO

 
1995
1996
1997
1998
1999
Demandes des familles
F
24,2
24,2
24
26,5
24,6
G
39,1
38,7
38,6
37,5
37,5
Décisions
F
21,3
21,1
21,4
22,9
21,8
G
33,9
33,3
33,7
32,9
32,4


Répartition des filles selon les séries - année scolaire 1998-1999*, source : DESCO

1ères générales
1ères technologiques
L
ES
S
STT
STI
SMS
STL
1ère HôT
82
62,9
43,2
63,6
7,4
95,4
53,6
42,9
Terminales générales
Terminales technologiques
L
ES
S
STT
STI
SMS
STL
1ère HôT
81,6
61,4
42,5
63,9
7,4
95,3
52,8
41,3


Répartition des filles dans les classes préparatoires aux grandes écoles*, source : DESCO

1995 CPGE scientifique
CPGE économique
CPGE littéraire
1ère an.
2ème an.
1ère an.
2ème an.
1ère an.
2ème an.
28,1
24,6
56
55
78,8
73,9


Part des femmes parmi les étudiants de troisième cycle et dans les écoles d'ingénieurs, source : DPD

Formations
1982-1983
1992-1993
1997-1998
 
effectifs
dont % fem.
effectifs
dont % fem.
effectifs
dont % fem.
Écoles d'ingénieurs
39 000
16,2
67 072
21,5
79 098
22,2
Troisième cycle univ.
135 366
38,1
186 999
43,4
204 465
49,7
dont sciences
8 165
27
15 161
32,4
16 165
35,6
dont lettres
14 104
49
23 388
55,8
28 027
59,5
dont éco, droit
9 693
33,5
16 915
45,2
26 442
51,9
dont méd.dent.pharma.
19 455
41,4
25 387
42,2
31 687
50,7


Évolution des niveaux de formation des chercheurs en entreprise*, source : DPD

Diplômes
1984
1992
1997
 
hommes
femmes
hommes
femmes
hommes
femmes
Diplôme <=bac+2
17,6
10,9
15,5
8,3
15,7
9,3
Licence, maîtrise
8,8
22,9
12,2
22,9
12,2
20,4
Ingénieur
63,9
47,1
61
46,9
60,8
47,7
Doctorat hors médecine
5,7
6,6
6,1
9
6,5
10,8
Doctorat en médecine
2,1
9,2
2,3
10,8
2
9,5
Diplôme étranger
1,9
1,3
2,9
2,1
2,7
2,3

* Toutes les valeurs sont exprimées en pourcentages.


6 - L'ÉDUCATION À LA SANTÉ, À LA SEXUALITÉ ET LA PRÉVENTION DES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES


L'École demeure un lieu privilégié de socialisation :
- elle accueille des jeunes dans un espace protégé, dans le but d'apprentissages communs ;
- elle leur permet de se confronter entre eux, dans le cadre des règles du fonctionnement du groupe et de leurs rencontres par affinité ;
- elle répond aux questions des filles et des garçons, réagissant aux problèmes de santé ou d'ordre sexuel qu'ils peuvent se poser.
En ce qui concerne la relation à l'autre ou aux autres dans le groupe, on peut noter que, le plus souvent, les règles implicites l'emportent. On prend en effet rarement le temps de la rencontre, des échanges, de la verbalisation et donc de l'énoncé, voire de l'acceptation des règles.
C'est dans cet apprentissage de la vie en société, qui se déroule de toute façon, que peut intervenir l'éducation à la santé, à la mixité et à la sexualité, en permettant de verbaliser, d'expliciter et de formaliser les relations individuelles et collectives.

L'éducation à la santé et à la sexualité s'inscrit dans un projet éducatif global. Elle présente des spécificités par rapport aux autres composantes de l'éducation à l'école :
- elle fait référence à des compétences plutôt qu'à des programmes ;
- elle implique la participation des familles et de partenaires extérieurs à l'École pour l'élaboration des séquences éducatives;
- elle interpelle chacun, garçon ou fille, dans ses représentations, ses attentes ;
- elle vise à faire évoluer les comportements individuels et sociaux des élèves.

La coéducation des garçons et des filles suppose de prendre en compte les jeunes tels qu'ils sont, avec leurs attentes et leurs préoccupations, ce qui implique un travail éducatif différent selon le sexe des élèves. Il s'agit d'éviter la modélisation et le renforcement des stéréotypes.

Quelques règles garantissent la qualité de l'approche éducative :
- un encadrement par un binôme homme/femme, qui soit garant du respect de la parole de chacun et qui favorise le développement des capacités d'expression et d'écoute des garçons comme des filles ;
- une réflexion sur les différents aspects qui constituent les relations humaines :
. la rencontre de l'autre, à la fois semblable et différent,
. l'apprentissage et la confrontation de la différence des sexes,
. la rencontre avec soi, dans l'image renvoyée par le groupe de garçons et de filles et par les adultes,
. la rencontre avec des adultes dans un contexte différent de la famille, moins subjectif, moins affectif,
plus exigeant ;
- un travail sur les règles qui permettent de vivre ensemble, les lois, les valeurs et les normes sociales.

SCÉNARIOS
CONSTATS/STÉRÉOTYPES
CONSÉQUENCES
RECOMMANDATIONS
Scénario 6.1

Une élève de 4ème se présente à l'infirmerie pour la 3ème fois, sous le prétexte d'un malaise qui l'empêche de participer au cours d'éducation physique et sportive. L'élève est l'objet de moqueries de la part de ses camarades. Elle s'en est plainte à l'infirmière.
Au cours de l'entretien, l'infirmière constate que la jeune fille éprouve des complexes par rapport à son corps (son poids, son image, etc.).


Dans la société actuelle, la pression du modèle féminin proposé par les magazines et par la mode exerce une influence importante sur l'image que les jeunes filles souhaitent avoir d'elles-mêmes et sur le regard que les autres leur portent, et particulièrement les garçons.

Questions :

Les garçons et les filles ont-ils le même rapport à leur image corporelle ?
Ont-ils des conduites
alimentaires différentes ?


Accéder à la demande de la jeune fille ne lui permet pas d'affronter ses difficultés par rapport aux activités physiques et à son image corporelle.
De plus cela ne règle pas la question de l'intolérance liée aux aspects physiques et vestimentaires des personnes, en particulier vis à vis des filles qui ne correspondent pas aux normes sociales de la mode.


Accepter de garder l'élève à l'infirmerie, sous certaines conditions.

Conseiller de consulter un médecin nutritionniste, si ce problème de poids présente un handicap réel pour l'élève.

Établir dans tous les cas un contact avec l'enseignant d'EPS.

Aborder à l'occasion d'un travail en éducation civique sur les discriminations, la question du respect des personnes dans leurs différences .

Travailler sur les conduites alimentaires des adolescents (régimes, boulimie, anorexie...) dans le cadre de séquences d'éducation à la santé, du cours de sciences de la vie et de la terre ou de groupes de parole. Aborder à cette occasion, l'influence du regard et des propos des autres sur l'image de soi.

Travailler sur l'impact des médias dans ce domaine, tant avec les garçons qu'avec les filles.
Scénario 6.2

Depuis quelques semaines des bouteilles d'alcool sont découvertes dans l'internat des garçons d'un lycée .


La consommation d'alcool est souvent considérée comme un rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte, communément accepté socialement pour et par les garçons.

Questions :

Faut-il pour autant banaliser une consommation régulière d'alcool ? Faut-il interpréter différemment l'alcoolisation des garçons et des filles ?

La consommation d'alcool n'est-elle pas associée à la nécessité pour le garçon de s'affirmer dans la bande et plus particulièrement auprès des filles ? N'est-elle pas le signe de troubles plus graves ?


La permissivité engendre les abus, les risques de violences, et met en danger la santé et la sécurité des adolescents.
L'interdiction formelle induit des conduites de transgression.


Ouvrir le dialogue avec les élèves : travailler sur les modifications de comportements, les représentations sociales et les effets différenciés, selon le sexe, de la consommation d'alcool.

Montrer que l'alcool peut entrainer des conduites non maîtrisables, qui vont à l'encontre de l'effet recherché dans une valorisation par rapport aux filles (violences sexuelles, rapports non protégés).

Ouvrir un débat entre filles et garçons pour parler des attentes du groupe par rapport aux rôles de sexe généralement caricaturaux de la masculinité et de la féminité.
Scénario 6.3

Lors de son intervention annuelle, le planning familial demande à n'avoir que les filles parce que les garçons sont trop difficiles à tenir, et peu ou pas intéressés.


Il est socialement admis que ce sont principalement les filles qui doivent assumer seules la contraception. Les messages de prévention s'adressent souvent aux jeunes filles, en faisant appel à leur sens des responsabilités face à la prévention des grosesses non désirées, ou face aux maladies sexuellement transmissibles.

Question :

Faut-il laisser les garçons à l'écart de ces séances d'information ?


Les garçons ne sont pas responsabilisés.

On renforce l'idée que la contraception, l'éducation à la sexualité est l'affaire des filles.

On ne prépare pas les filles et les garçons à assumer leur sexualité de manière également responsable.


Discuter des spécificités masculine et féminine en amenant les élèves à réfléchir et prendre conscience de la nécessité d'une responsabilité et d'une prévention partagées.

Mettre l'accent sur la dimension relationnelle de la sexualité qui permet d'établir une relation de confiance et de dialogue, en vue d'assumer à deux les choix que l'on fait.

Travailler tantôt en groupe mixte, tantôt en groupe non mixte, pour mieux prendre en compte la demande des élèves et leurs différences de maturité et de préoccupation.

Informer autant les filles que les garçons sur les différents moyens de contraception et de prévention, sur les structures existantes (planning familial, centres de planification), et sur le fait qu'elles accueillent aussi bien les garçons que les filles.
Scénario 6.4

Un(e) surveillant(e) a entendu les réflexions moqueuses à l'encontre d'un garçon régulièrement objet de quolibets :
"T'as vu sa démarche, comment il est "fringué", il est toujours avec les filles, c'est un pédé !"


Certaines expressions ont tendance à faire partie du langage courant et à être considérées comme anodines. Pourtant, elles sont l'expression d'une violence verbale sexiste et sexuelle, liée à une représentation stéréotypée de l'homme et de la femme, de la masculinité ou de la féminité.

Question :

Peut-on utiliser une apparence ou une attitude, comme critère d'identification ?


Cela risque d'enfermer le garçon dans une identité imposée par le groupe. On renforce ainsi les images traditionnelles de ce que doit être un garçon, une fille.


Informer le professeur principal de la situation.

Réagir sur les propos tenus en rappelant l'importance des notions de liberté, de respect et d'acceptation des différences quelles qu'elles soient.

Plus largement, proposer dans le cadre des séquences d'éducation à la sexualité, une réflexion permettant aux élèves de comprendre et de respecter les orientations sexuelles de chacun et de chacune.
Scénario 6.5

À la récréation, des filles n'osent plus traverser la cour du collège, parce qu'un groupe de garçons les interpelle à propos de leur tenue, en proférant des propos sexistes.


Le sexisme recouvre aussi bien des réflexions moqueuses, des commentaires insultants, voire injurieux que des actes plus graves dont l'objectif est toujours de persuader qu'un sexe est inférieur à l'autre.

Question :

Comment gérer ce jeu social sur les apparences ?


La permissivité banalise le sexisme ordinaire comme un mode de relation normal entre les garçons et les filles.


Intervenir immédiatement pour mener un travail de réflexion avec les protagonistes :
- faire découvrir la part de conformisme social de leur comportement ;
- travailler sur les représentations de la femme et de l'homme idéalisés, que véhiculent souvent les médias et les modèles sociaux ;
- faire prendre conscience que des propos sexistes instaurent un rapport de force qui peut conduire à terme à d'autres formes plus graves de violence.
Scénario 6.6

Lors des interclasses au collège, des garçons font des incursions fréquentes dans les toilettes des filles (escalade des portes, poursuites...).


Les sanitaires sont un lieu où les garçons ont pris l'habitude de "chahuter" les filles et d'exprimer leur curiosité sexuelle.

Question :

Faut-il laisser faire en pensant que les filles n'ont qu'à réagir ?


Laisser faire, c'est permettre la violation de lieux d'interdits.
Les garçons se sentent légitimés à dominer même les espaces privés et d'intimité des filles.


Ne pas banaliser la situation.

Veiller au respect de l'intimité, des règles d'hygiène et de sécurité que sont en droit d'attendre les élèves.

Organiser, le cas échéant, une surveillance attentive et régulière des sanitaires.

Susciter, auprès des élèves, garçons et filles, une réflexion sur les notions d'intimité et d'espace privé, qu'il est fondamental de respecter dans tout groupe social (famille, école, club sportif...).

Etre attentif aux risques éventuels de violences sexuelles qui peuvent exister autant pour les garçons que pour les filles.
Scénario 6.7

Un(e) professeur intercepte une feuille qui circule dans la classe. Il (elle) s'aperçoit que ce sont des photos pornographiques.


L'accès à la pornographie est de plus en plus facile pour les adolescents, qu'il s'agisse de revues, de vidéos ou de sites internet.
De tout temps, les adolescents se sont procurés des photos ou revues pornographiques : cela fait partie des rituels initiatiques à la sexualité des garçons.

Question :

Faut-il fermer les yeux sur ce fait qui peut paraître anodin et passager ?


Ces images véhiculent des représentations avilissantes et dégradantes de la femme et de la sexualité humaine. Elles induisent l'accès à une sexualité facile, sans risque et sans investissement relationnel.


Ne pas passer sous silence ces incidents : poser une parole d'adulte par rapport à la pornographie dans le groupe/classe concerné :

Rappeler la loi et les valeurs qu'elle sous-tend : respect de l'autre, défense de l'intégrité de la personne.

Donner aux élèves les moyens d'exercer leur esprit critique en marquant qu'il s'agit de représentations fictionnelles et dégradantes d'une sexualité utilisée à des fins commerciales, qui se caractérise par l'irréalisme des images et des situations.

Les aider à repérer en quoi ces représentations traduisent une incapacité à entrer en relation avec l'autre.

Faire un travail de prévention des abus et violences sexuelles.


Textes de référence

- Instruction concernant les violences sexuelles
Circulaire n° 97-175 du 26 août 1997 (B.O. n° 5 du 4 septembre 1997)

- Prévention des conduites à risque et comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté

Circulaire n° 98-108 du 1er juillet 1998 (B.O. n° 28 du 9 juillet 1998)

- Éducation à la sexualité et prévention du sida

Circulaire n° 98-234 du 19 novembre 1998 (B.O. n° 46 du 10 décembre 1998)

- Orientations pour l'éducation à la santé à l'école et au collège

Circulaire n° 98-237 du 24 novembre 1998 (B.O. n° 45 du 3 décembre 1998)

- Campagne de lutte contre la consommation excessive de boissons alcoolisées auprès des lycéens

Circulaire n° 99-135 du 20 septembre 1999 (B.O. n° 33 du 23 septembre 1999)

Bibliographie

- F. BARIAUD, Puberté et différenciation psychologique des sexes à l'adolescence, in Filles et garçons à l'école : une égalité à construire, Autrement Dit, CNDP, 2000
- Filles et garçons à l'école : réussir la mixité, Textes et documents pour la classe, hors-série n°1, 1er mars 2000, Centre national de documentation pédagogique

- Repères pour l'éducation à la sexualité et à la vie, ministère de l'éducation nationale, septembre 2000

- Droits de l'enfant, Textes et documents pour la classe, n° 873, 1er novembre 1999, Centre national de documentation pédagogique


Supports pédagogiques

- Bonheur d'aimer : éducation à la sexualité et à la vie, mallette pédagogique, ministère de l'éducation nationale, octobre 2000
- Passeport pour le pays de prudence, ministère de l'emploi et de la solidarité (direction des affaires sociales) et ministère de l'éducation nationale (direction de l'enseignement scolaire)

- Mon corps, c'est mon corps, cassette-vidéo, Office national du film du Canada, 1993

- Cet autre que moi, cassette-vidéo écrite et réalisée par B. Bétremieux - Création "Je.tu.il ..."